Gianfranco Fini, figure historique, dans les années 90 du MSI, Mouvement social italien-Droite national, à la flamme tricolore, dont s’inspirera Jean-Marie Le Pen lors de la fondation du Front National.

Gianfranco Fini, l’homme qui a entrepris la dé-diabolisation du mouvement issu du fascisme. Afin d’accéder au pouvoir, il décide de recentrer politiquement le vieux parti et organise un congrès de refondation destiné à adopter une nouvelle ligne politique. Le parti mu, change de peau, d’orientations. Pour solder toutes références au fascisme, le mouvement prend le nom d’ Alleanza nazionale (Alliance nationale), parti qui se définira de droite modérée.

Cette transformation entraînera sur les années une hémorragie des cadres du parti et une recentrage toujours plus à gauche du discours politique. Notamment l’allégeance à Israël par Fini en 2003 pousse les anciens à quitter définitivement un parti qui n’a plus rien de national, devient pro-européen et pro-atlantiste. En 2009, le parti Alleanza nazionale sous l’instigation de Fini se dissout et fusionne avec le parti de Berlusconi, Le peuple de la Liberté.

A partir de 2001, la dé-diabolisation, qui entraînera à brève échéance la disparition du mouvement national, a portée des fruits pour Gianfranco Fini qui devient homme de pouvoir au sein de différents gouvernements italiens : bras droit de Berlusconi, ministre de différents portefeuilles, président de la chambre des députés. Mais résultat des courses : en 2016, on peut dire qu’il a beaucoup perdu politiquement : ni député ni président de parti, il se console en étant président de l’association culturelle Libera destra.

Aujourd’hui Gianfranco Fini n’en est plus à une reculade près. Notamment sur les questions sociétales et identitaires. Après avoir parlé, dans le passé, en faveur d’un assouplissement des conditions d’obtention de la nationalité italienne et pour le droit de vote aux immigrés régularisés, il s’est exprimé cette semaine, au cours d’une transmission télévisée, L’aria che tira,  sur les unions civiles homosexuelles : « Finalement un vide normatif est comblé. C’est un bon pas en avant. Il y aura une loi après que l’Italie a été condamnée plusieurs fois par l’Europe. »

La dé-diabolisation semble lui avoir fait perdre la mémoire. Est-ce le même homme politique qui en 1998, toujours à la télévision, avait affirmé : « Je le sais, maintenant intelligentzia me réduira en morceaux, mais je pense ainsi : un maître d’école clairement homosexuel ne peut être instituteur. Une chose est affirmer que ce n’est pas juste de discriminer les personnes pour motifs religieux, de races, ethniques ou sexuels, mais c’est une chose différente que d’établir par une loi qu’un couple de gays doit avoir les mêmes droits qu’un couple normal. Parce que l’homosexualité ne peut pas être considérée une chose normale » ?

Avis à tous ceux qui recherchent la dé-diabolisation à tout prix en France. Elle peut mener loin dans les renoncements, les trahisons, et comme le chante si bien Jacques Dutronc, dans les retournements de veste :

« Je l’ai tellement retournée
Qu’elle craque de tous côtés
A la prochaine révolution
Je retourne mon pantalon « 

Car quand le pantalon qu’on a tellement retourné craque de tous côtés, c’est Fini !

Francesca de Villasmundo

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