Les résultats définitifs des élections législatives en Irlande (8/2/2020) ont été publié. Le long dépouillement est du au mode de scrutin: le vote unique transférable. Nous en parlerons en fin d’article.
Ce scrutin a été marqué par une nouvelle progression de l’extrême-gauche qui comprend 5 partis en Irlande (Sinn Féin, Greens, Solidarity people before profit, Independents for change, Workers party). Elle a totalisé 34,7% des voix et elle est probablement la plus puissante de l’UE à l’heure actuelle (Syrisa, en Grèce, a obtenu 31,5% aux législatives de juillet 2019).
Le Sinn Féin est un parti ultra-favorable à l’avortement, au soi-disant « mariage » homo, pour lequel il a fait massivement campagne lors du très triste référendum de 2018 ayant abrogé le 8e amendement à la constitution irlandaise qui donnait à l’embryon un même niveau de protection qu’à sa mère.
Le Sinn Féin siège avec le groupe des Gauches unies européennes (GUE) au Parlement européen dans lequel on trouve notamment les députés communistes et des partis d’extrême gauche du nord de l’Europe. D’ailleurs, Mélenchon s’est félicité du fait que le Sinn Féin soit arrivé en tête, en ce qui concerne les premières préférences exprimées par les électeurs (ceux-ci peuvent, s’ils le souhaitent, classer par ordre de préférence (1er, 2e, 3e etc.) tout ou partie des candidats de leur circonscription). Pour que leur vote soit valide, il suffit qu’ils aient au moins indiqué leur 1e préférence.
Le Sinn Féin n’est même plus un parti nationaliste puisqu’il a envoyé il y a quelques mois une délégation à Londres (oui, à Londres, auprès du pays colonisateur!) pour réclamer la « légalisation » de l’avortement en Irlande du Nord.
Le Sinn Féin est allé jusqu’à exclure de ses membres Peadar Tóibín car il a voté contre la « loi » « légalisant » l’avortement en Irlande à la fin de l’année 2018, ce texte ayant été rendu possible par l’abrogation du 8e amendement. Il était le seul du Sinn Féin à avoir voté contre.
Le Fianna Fáil, sans être un parti correct, s’était contenté de ne pas donner de consigne de vote lors du référendum, tout comme le Fine Gael bien que le premier ministre sortant qui appartient à ce parti, le très anti-catholique Leo Varadkar, avait lui aussi fait campagne pour la suppression du 8e amendement. Le gouvernement de Varadkar a aussi réussi à aggraver le divorce en le facilitant et à supprimer le délit de blasphème, tous les deux, hélas, hélas, approuvés aussi par référendum.
Rappelons ici que Eamon de Valera, premier ministre d’Irlande de 1932 à 1948, puis de 1951 à 1954 et de 1957 à 1959, puis président de 1959 à 1973, qui a servi la messe de Mgr Lefebvre lors d’un voyage de celui-ci en Irlande, appartenait au Fianna Fáil (il avait quittait le Sinn Féin dès 1922). Fianna Fáil signifie « Soldats de la destinée ».
Le Fianna Fáil a lui aussi beaucoup dérivé depuis, mais un peu moins que le Sinn Féin.
Le Sinn Féin est devenu au fil du temps un parti extrêmement nocif et la montée de ce parti va de pair avec la déchristianisation de l’Irlande depuis le concile Vatican II (relativement lente de 1965 à 2000, elles s’est accéléré depuis l’an 2000). Une seule donnée: 80,1% des mariages étaient célébrés selon le rite catholique en 2000, moins de 50% (49,2%) en 2018, pour la première fois depuis l’évangélisation de l’Irlande par Saint Patrick au IVe siècle.
Non seulement les évêques (modernistes) s’étaient peu mobilisés contre le pseudo « mariage » homo en 2016 mais il y en a même eu deux qui ont appelé à voter pour! Pauvre et malheureuse Irlande qui ne va désormais guère mieux que la France. L’Irlande demeure à ce jour le seul pays au monde à avoir « légalisé » le soi-disant « mariage » homo par référendum. Dans les autres pays où un tel référendum a eu lieu, le résultat a été non (Croatie, Slovénie, etc.).
Seule consolation: Peadar Tóibín qui, suite à son exclusion du Sinn Féin, a fondé un nouveau parti, Aontú, a réussi à être réélu dans la circonscription de Meath West (17,64% de première préférence, élu après le 6e décompte). Il avait obtenu 24,5% des premières préférences en 2016 et avait été elu dès le 2e décompte. Aontú souhaite réinterdire l’avortement mais veut procéder par étapes. Il se contente pour l’instant notamment de demander que des soins soient accordés aux enfants qui survivent à un avortement (cela arrive heureusement, mais rarement), l’octroi d’une objection de conscience contre l’avortement pour le personnel médical, le refus des avortements motivés par le handicap des embryons ou selon que ce sont des garçons ou des filles et de demander qu’on puisse proposer à une femme tentée d’avorter qu’elle voit une échographie de son enfant. Une étude faite aux Etats-Unis a indiqué que 10% des femmes à qui on faisait voir cette échographie renonçait à l’avortement. Aontú a obtenu 1,9% avec 26 candidats (environ 3% dans les 26 circonscriptions où il était présent).
Un autre parti pro-vie existe, Renua Ireland, avec un programme socialement plus conservateur, qui propose des soins palliatifs en péri-natalité pour les enfants ayant une espérance de vie limitée à la naissance, une réduction des impôts pour les familles, notamment par la suppression de l’individualisation de celui-ci (jusqu’à il y a quelques années, l’impôt était calculé par famille), la liberté pour les parents et les écoles de défendre leurs valeurs (refus de la propagande pro-avortement et pro-lgbt ainsi que de la littérature pornographique dans les écoles primaires et secondaires). Il milite aussi pour empêcher les enfants, de manière générale, de pouvoir accéder à la pornographie par internet qu’il considère, à juste titre, comme un abus sur des enfants. Il milite enfin pour améliorer les soins palliatifs comme alternative à l’euthanasie et contre les vaccinations obligatoires sauf si celles-ci sont 100% sans danger notoire.
Renua n’a malheureusement présenté que 11 candidats qui ont obtenu environ 1% dans les 11 circonscriptions où ils étaient présents (0,3% de l’ensemble des premières préférences des 39 circonscriptions).
Terminons par le mode de scrutin. Un candidat est élu si le nombre des premières préférences qu’il a obtenu dépasse le quotient électoral qui est égal à 1/4 des suffrages exprimés + 1 voix dans les circonscriptions où trois députés sont à élire, 1/5 des des suffrages exprimés + 1 voix dans les circonscriptions où quatre députés sont à élire et à 1/6 des des suffrages exprimés + 1 voix dans les circonscriptions où cinq députés sont à élire.
Lorsqu’un candidat est élu, le nombre de ses voix dépassant le quotient est transféré aux autres candidats proportionnellement à la répartition des 2e (ou 3e, 4e etc.) préférences entre ceux-ci. A chaque décompte, un ou plusieurs candidats peuvent être éliminés (nombre de voix inférieur au seuil fixé ou impossibilité mathématique d’atteindre le quotient électoral dans la suite des décomptes). Leurs voix sont alors intégralement transférées aux autres candidats en fonction, selon le décompte, des 2e, 3e, 4e etc. préférence. Les décomptes continuent jusqu’à ce qu’il y ait autant d’élus que le nombre de députés à élire dans la circonscription (3 à 5). Lorsqu’il ne reste plus que deux candidats non éliminés et un seul député à élire, celui qui a obtenu jusque là le plus de voix est élu, puisqu’il n’y a plus de votes d’autres candidats à transférer.
Gontran Paume
Résultats globaux: https://electionsireland.org/results/general/33dail.cfm
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