« La première condition de la sainteté c’est l’orthodoxie. » Cardinal Pie.

« La crise ne se résoudra pas par des personnes plus ou moins adéquates si elles ne renoncent pas à des principes inadéquats. La restauration de la vérité et du bien dans l’Église n’a pas commencé et ne pourra pas se faire sans remettre en cause les principes dont Benoît XVI et François se réclament , l’un comme l’autre , quoique de façon individuellement différente. » Abbé Toulza de la F.S.S.P.X in Fideliter, janvier/février 2015, p.70.

« Le cardinal Ratzinger qui passe dans la presse pour être plus ou moins traditionnel, est en fait un moderniste. » Mgr Lefebvre, Retraite sacerdotale, Ecône, septembre 1986.

Le pape émérite Benoît XVI est sorti de son silence pour publier dans une revue catholique allemande, Klerusblatt, un long texte dans lequel il aborde la question des « abus sexuels » qui ébranle l’Église officielle. S’il remonte jusqu’à ses causes profanes, mai 68, la libération sexuelle, la sécularisation de la société, etc., il essaye pareillement d’en analyser les raisons ecclésiales et religieuses, un monde sans Dieu, la mise de côté de la loi naturelle, le subjectivisme comme seul critère d’évaluation du bien et le mal, la remise en cause de l’autorité de l’Église en matière de moralité.

Le prédécesseur de François est sincèrement affecté par cette crise de la morale catholique, -« Il était nécessaire de diffuser un message fort, et de chercher à prendre un nouveau départ, de manière à rendre l’Église de nouveau crédible en tant que lumière parmi les peuples, et force au service de la lutte contre les puissances de la destruction » écrit-il-, à laquelle il voudrait remédier en avançant une solution première, primordiale :

« commencer nous-mêmes de nouveau à vivre par Dieu et pour Lui. Par-dessus tout, nous devons apprendre de nouveau à reconnaître Dieu comme fondement de notre vie au lieu de le laisser de côté comme une phrase  d’une certaine manière inopérante. »

Benoît XVI constate, même si bien timidement, une certaine responsabilité du concile Vatican II dans cette crise de la morale catholique. Par l’abandon, comme fondement de la la théologie morale catholique, de la loi naturelle, qui parle pourtant à tous les hommes catholiques ou non, au profit de la Bible, cette ‘Seule Écriture’ chère aux protestants :

« Dans les efforts du Concile en vue d’une nouvelle compréhension de la Révélation, l’option de la loi naturelle fut largement abandonnée, et on exigea une théologie morale fondée entièrement sur la Bible. »

Cela aboutira à une autre conséquence désastreuse pour la conservation des normes morales :

« la thèse selon laquelle l’Église n’a pas, et ne peut avoir sa morale en propre. »

Lorsqu’il traite du problème de la formation des séminaristes, il avoue que « les critères de sélection et de nomination des évêques (…) modifiés après le concile Vatican II » ont eu un impact dans le « vaste effondrement de la forme antérieure de cette préparation ». Et, confie-t-il :

« Par-dessus tout le critère pour la nomination des nouveaux évêques était désormais leur « conciliarité », ce qui peut évidemment être compris de façons assez différentes. Dans les faits, dans de nombreuses parties de l’Église, les attitudes conciliaires étaient comprises comme le fait d’avoir une attitude critique négative à l’égard de la tradition existant jusqu’alors, et qui devait  désormais être remplacée par une nouvelle relation, radicalement ouverte, au monde. »

Ce qui engendra, explique-t-il, l’établissement de « clubs homosexuels » dans les séminaires ou le visionnage de films pornographiques…

Malheureusement, cette critique de Vatican II s’arrête-là. Elle se trouve en définitive limitée par l’impossibilité intellectuelle, voire le refus, de remettre en cause le premier principe de cette crise spirituelle et donc morale, le concile dans son ensemble et son anthropocentrisme néo-protestant, les sources auxquelles s’abreuve cette « auto-démolition » de l’Église. « Le grand mouvement d’ouverture au monde prôné par Paul VI lors de la clôture du Concile a introduit l’esprit du monde avec ses vices dans le sanctuaire de l’Église. Saint Paul avait averti les Romains : le péché d’infidélité est puni par l’aveuglement qui conduit aux péchés contre-nature. Le phénomène se vérifie tragiquement dans l’Église de Dieu : la crise de la foi sans précédents s’accompagne corrélativement d’une crise morale désastreuse. Il est frappant de constater que les pays les plus touchés par ces maux sont ceux qui ont été le plus marqués par le libéralisme et le progressisme  » souligne pertinemment l’abbé Chautard dans un article publié in Le Chardonnet n° 341 d’octobre 2018.

La matrice de ces scandales sexuels, de la chute, voire disparition, de la morale catholique dans la société en général mais aussi dans l’Église contemporaine, est à rechercher dans les doctrines relativistes et indifférentistes, les thèses de la graduation du péché et de l’évolution du dogme, affirmées par ce dernier concile, pour plaire au monde et à l’homme moderne. Elle est à rechercher dans la révolution conciliaire doctrinale néo-moderniste et néo-protestante qui, en toute logique, entraîne aujourd’hui une relativisation des normes morales et sexuelles : de l’indifférentisme envers Dieu, la secte conciliaire chute à l’indifférentisme envers la loi naturelle et divine. Elle est toute contenue dans le libéralisme, fondement de l’Église conciliaire. Dans son livre magistral Le libéralisme est un péché, Don Félix Sarda y Salvany analyse que le libéralisme est « la souveraineté absolue de l’individu, dans une entière indépendance de Dieu et de Son autorité » ce qui « dans l’ordre des faits, (..) est un péché contre les divers commandements de Dieu et de l’Église, parce qu’il les transgresse tous. Plus clairement (…) il est l’infraction universelle et radicale de la loi de Dieu parce qu’il en autorise et sanctionne toutes les infractions. »

Par deux fois, Benoît XVI rejette l’idée de la “création d’une autre Église pour tout remettre à l’endroit.” “Eh bien, cette expérience-là a déjà été faite et elle a déjà échoué” observe-t-il avant d’écrire plus loin : cette “idée d’une Église meilleure, que nous créerions nous même, est en réalité une suggestion du diable”. Est-ce une confession qu’il fait là, lui seul le sait, sur cette « nouvelle Église que Vatican II a essayé de montrer », « la nouvelle Église post-vaticanesque », pour reprendre les expressions du Père Calmel O.P. et dont la faillite est colossale ?

Non, il ne s’agit évidemment pas de “créer une nouvelle Église” comme le fit ce funeste concile mais de revenir à “la norme de la foi catholique, (…) la Tradition” (Mgr Lefebvre), la vraie Église de Jésus-Christ.

Francesca de Villasmundo

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