« Pour faire face aux problèmes de sécurité mondiale et mieux protéger les intérêts chinois au-delà de ses frontières »
Lors de la Conférence du Forum mondial de coopération en matière de sécurité publique 2024 à Lianyungang, le ministre chinois de la Sécurité publique Wang Xiaohong a déclaré que Pékin a signé des accords pour former 3 000 policiers étrangers au cours de l’année prochaine « pour faire face aux problèmes de sécurité mondiale et mieux protéger les intérêts chinois au-delà de ses frontières ». La Chine enverra également des consultants de police et des unités de travail « pour aider les pays à améliorer l’application de la loi, à mener des patrouilles et des enquêtes conjointes et à lutter contre la criminalité transfrontalière ».
Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
Que cette déclaration ait été faite lors de ce Forum mondial chinois au cours duquel 45 entreprises chinoises ont présenté leurs derniers produits et technologies d’État policier n’est évidemment pas anodin.
La Chine est de plus en plus influente dans de nombreux pays et parvient petit à petit à normaliser sa méthode de surveillance et la faire adopter à l’étranger.
Crédit social à la chinoise et totalitarisme mondialiste du Forum économique mondial, même combat
La situation géopolitique est pleine de paradoxes apparents. Officiellement, l’Occident et la Chine ne s’apprécient guère. Cela n’empêche pas le Forum économique mondial de Davos d’observer avec intérêt les méthodes chinoises de crédit social et de surveillance des populations. Car le processus mondialiste repose sur le développement d’un système totalitaire qui doit pouvoir contrôler en permanence les faits et gestes de tous.
Au Forum mondial de coopération en matière de sécurité publique 2024 à Lianyungang, les entreprises chinoises ont présenté notamment des systèmes de vidéosurveillance de pointe, une technologie de test ADN précise et un logiciel plus performant de suivi facial intrusif.
La description officielle du site Web du Forum indique que « l’objectif principal de la tenue de l’Exposition technologique de sécurité publique (Lianyungang) dans le cadre du Forum est d’approfondir les échanges techniques et la coopération internationale dans le domaine des équipements scientifiques et technologiques de sécurité publique, de partager des expériences utiles dans l’application des équipements scientifiques et technologiques à la pratique de la sécurité publique et d’améliorer conjointement la capacité et le niveau de maintien de la sécurité publique. »
Des partenariats en Afrique et au Moyen-Orient
L’une des entreprises participant à l’exposition, Caltta Technologies, a présenté un projet visant à « aider » le Mozambique à établir une « plateforme de réponse aux incidents », vantant ses capacités à exploiter les données dans une « localisation rapide des cibles ».
Le géant technologique Huawei était également présent à l’exposition, se vantant que sa « solution de sécurité publique » était actuellement utilisée dans plus de 100 pays et régions, du Kenya à l’Arabie saoudite.
Plusieurs officiers de police étrangers ont déclaré qu’ils espéraient utiliser la technologie de surveillance chinoise pour surveiller leur propre pays.
« Nous pouvons apprendre de la Chine », a déclaré Sydney Gabela, général de division de la police sud-africaine. « Nous voulions découvrir les nouvelles technologies qui émergent afin de pouvoir les déployer en Afrique du Sud. »
L’exposition a également vu l’Institut des sciences médico-légales du ministère chinois de la Sécurité publique présenter ses nouvelles technologies de pointe en matière de tests ADN.
La Chine est l’une des sociétés les plus surveillées au monde, avec des millions de caméras de vidéosurveillance disséminées dans les villes et une technologie de reconnaissance faciale largement utilisée dans tous les domaines, depuis l’application quotidienne de la loi jusqu’à la répression politique.
Répression des communautés religieuses
Le gouvernement chinois a également de plus en plus recours à la technologie de pointe pour amplifier sa répression des communautés religieuses.
Les autorités chinoises ont installé des caméras de surveillance à l’extérieur – et même parfois à l’intérieur – des lieux de culte pour surveiller et identifier les fidèles. Le gouvernement a déployé des systèmes de reconnaissance faciale censés distinguer les Ouïghours et les Tibétains des autres groupes ethniques. Les autorités chinoises ont également collecté des informations biométriques – notamment des échantillons de sang, des enregistrements vocaux et des empreintes digitales – auprès des communautés religieuses et confessionnelles, souvent sans leur consentement. Le gouvernement utilise des plateformes informatiques avancées et l’intelligence artificielle pour rassembler et reconnaître des modèles dans les données sur les communautés religieuses et confessionnelles. Les entreprises technologiques chinoises ont contribué à la répression menée par le gouvernement contre la religion et les croyances en fournissant du matériel informatique et des systèmes informatiques de pointe aux agences gouvernementales.
Pierre-Alain Depauw
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