Quelques mois après l’intervention française, la situation de la Centrafrique est toujours aussi critique et nous l’avions déjà évoquée récemment dans un article. A défaut de pouvoir protéger toutes les communautés, la mission s’est-elle résignée à diviser le pays en deux ? C’est bien ce qui semble ressortir des derniers événements.
Quelque 1.300 musulmans qui se terraient en périphérie de Bangui, fréquemment attaqués par des milices à majorité chrétienne, sont partis dimanche dans un imposant convoi, escortés par la force africaine Misca à destination du nord de la Centrafrique. Les déplacés iront vivre à proximité de la frontière tchadienne. Ils étaient beaucoup à se réjouir de quitter enfin Bangui, après avoir souffert d’exactions. Quant aux populations chrétiennes, elles n’ont pas cherché à masquer leur satisfaction de voir partir leurs compatriotes musulmans. Les actions des milices Séléka ou Balaka semblent avoir creusé un fossé profond entre les deux communautés. Une ministre a bien dénoncé ce déplacement, décidé sans le gouvernement provisoire centrafricain, qui accentue la partition du pays et met à mal à la réconciliation nationale mais le monde humanitaire a affirmé que c’était la meilleure solution car la vie de ces populations était menacée.
Pas plus tard qu’aujourd’hui, des hommes armés ont attaqué le centre médical de Médecins sans Frontières (MSF) dans la localité de Nanga Boguila, à environ 450 kms au nord de Bangui. Ces hommes, soupçonnés d’être des membres de l’ex-Seleka, voulaient piller les locaux. Au moment de l’attaque, les membres du personnel de MSF tenaient une réunion avec les autorités locales et les leaders communautaires. Seize d’entre eux ont été tués, ainsi que trois membres du personnel de l’ONG. Selon certains, cela fait plusieurs semaines que les braquages et incidents armés visant les humanitaires se multiplient en Centrafrique. Jeudi, un accrochage violent entre des militaires français et un groupe armé avait fait sept morts.
La Centrafrique est plus que jamais en proie à une violence, que la Misca et l’armée française ne semblent pas arriver à endiguer. Pendant ce temps, la partition du pays se met tout doucement en place devant la situation, qui ne laisse plus trop le choix aux populations victimes d’exactions.
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