Nous apprenons que pour boucher les trous de la couverture… du trou, nous allons effectivement débourser plus d’un million d’euros, ce qui avait été évoqué il y six mois.
Cette fois c’est fait !
« Un appel à projets, doté d’une enveloppe de 1,2 million d’euros hors taxes, va être lancé en janvier 2017 pour opérer des « ajustements » »
C’est Europe 1 qui l’annonce !
« Boulevard Voltaire » s‘indignait au printemps dernier, à juste titre, du gaspillage de deniers publics que représentera cette nouvelle couverture du « trou des halles », dans un article de Gabriel Robin intitulé : « Un milliard d’euro pour la canopée des halles ». On ne peut cependant que déplorer l’entêtement et la vacuité argumentaire de commentateurs qui se refusent, du haut de la suffisance que leur confère leur aura médiatique, à s’informer sur la question… Ce qui leur permet de faire prendre les effets pour la cause !
http://www.bvoltaire.fr/gabrielrobin/un-milliard-deuros-pour-la-canopee-des-halles,250149
S’il est un procès à ouvrir, depuis quarante ans, à propos du « trou des halles », c’est bien celui de l’incompétence et de l’ignorance, sujets tabous dans le monde politique et soigneusement éludés par les décideurs et les responsables gouvernementaux.
Dans le monde médiatique on n’en parlera même pas : ces concepts sont devenus des gros mots…
N’en déplaise à l’inénarrable et insupportable Zemmour auto-promu « conscience de la droite nationale » et grand « analyste politique », dans Le Figaro Magazine, où il proclamait : « Les Halles, c’est la synthèse vivante du consumérisme et du Grand Remplacement. […] C’est au Forum des Halles […] qu’on sent le mieux, physiquement, la disparition d’un peuple français autrefois industrieux et inventif, transformé en consommateurs passifs et vains. ».
La question n’est pas là du tout…
Elle est d’abord technique !
Mais pour comprendre de quoi il s’agit vraiment, même un Zemmour, surtout lui, doit avoir l’humilité de s’informer auprès des gens compétents… Ce que bien entendu il n’a pas fait, sinon il aurait évité cette grande envolée lyrique totalement inadéquate en regard du sujet…
S’il est quelque chose que prouve l’affaire récurrente du « Trou des Halles » ce n’est pas la disparition du peuple français, c’est sa capacité de sujétion aux errements politico-médiatiques d’incompétents ignares avérés … Et dans ce cas-là, cela dure là depuis cinquante ans !!!
A l’origine, les halles de Paris ayant été déménagées à Rungis, en 1972 « on » décida de raser les pavillons de Baltard et de construire une grande structure immobilière sur cet immense terrain…
Alors « on » se lança dans d’énormes travaux d’excavation…
C’est l’époque où la Tour Montparnasse s’achève et où d’aucuns rêvent de transformer Paris en New York.
C’est aussi l’époque où, à l’Ecole Normale Supérieure, en classe d’agrégation, j’ai eu la chance de connaître le professeur Charles Pomerol qui assurait les cours de stratigraphie notamment concernant le Cénozoïque, sa spécialité.
Un personnage assez extraordinaire : primitivement instituteur puis professeur de lycée, il était passé par tous les échelons de l’enseignement pour finir en 1969 par être nommé professeur d’université, et devenir même président de la Société Géologique de France en 1982.
Pédagogue remarquable, érudit passionné, c’était un commentateur infatigable de son sujet de prédilection : le Paléogène (Eocène + Oligocène) du Bassin Parisien.
Son cours de géologie, appelé aujourd’hui familièrement le « Pomerol » en est à sa 15eme réédition, scrupuleusement remis à jour par d’autres géologues au fil des découvertes récentes.
C’est le manuel de base de licence en géologie.
Il est aussi l’auteur de la collection des guides géologiques régionaux – les célèbres « petits guides rouges » – qui, avec 35 ouvrages, couvrent toute la France et au-delà, faisant un « pendant géologique » aux petits guides verts touristiques bien connus.
Je me souviens d’un jour de novembre 72 ou 73 – alors que le trou des Halles commençait à rivaliser en taille avec celui de la Sécu – où Pomerol, acheva sa conférence en piquant, sans vanité, une vraie colère :
« Je suis reconnu comme étant le meilleur spécialiste de la géologie du bassin parisien, et c’est sans doute la raison pour laquelle je n’ai pas été consulté ! Il est impossible de construire quoi que cela soit, de masse conséquente, à cet endroit : tout ce qu’on y implanterait, quel que soit le volume et la masse du radier envisagé, ressortirait du sol, poussé comme le bouchon d’une bouteille de champagne !
Vous verrez qu’on ne construira jamais rien là : c’est impossible vu la nature et la structure du sous-sol ! »
Quarante – cinq ans plus tard, on n’a effectivement toujours rien construit !
On s’est contenté d’habiller ce trou gigantesque, excavé sans réflexion, avec des structures légères, des galeries marchandes, etc.
Les personnalités politiques actuelles, solidaires pour masquer l’incompétence de leurs prédécesseurs, essaient encore de trouver des pis-aller…
Le projet des architectes Patrick Berger et Jacques Anziutti s’inscrit surtout dans cette perspective : recouvrir d’un voile – impudique tout de même vu le montant d’un milliard d’euro demandé – l’inconséquence chronique d’une classe politico-médiatique, dont l’ignorance n’épargne pas même messieurs Zemmour ou Robin qui n’ont pas pris la peine de chercher à connaître les tenants et aboutissants authentiques de cette grotesque histoire…qui semble destinée décidément à ne jamais finir !
En avril la couverture présentait donc déjà des trous, à peine mise en place !
le 16 / 11 / 16
Claude Timmerman
Ancien Elève ENS ST Cloud
Pr. 69
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !