Pierre Racine, professeur honoraire d’histoire médiévale à l’Université Marc-Bloch de Strasbourg, est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés à l’Italie ainsi que d’une biographie de Frédéric Barberousse.
Mais c’est une bataille méconnue en France qu’il examine dans cet ouvrage. Legnano désigne une ville de cinquante mille habitants du nord de l’Italie. Elle fut le lieu d’une bataille en l’an 1176 au cours de laquelle les troupes de la Ligue lombarde ont vaincu celles de l’empereur Frédéric Barberousse.
La bataille de Legnano mit fin au conflit qui avait éclaté entre celui qui se voulait, aux côtés du Pape, le souverain universel, et ceux qui prétendaient défendre les « libertés ». Ce conflit idéologique ne doit cependant pas faire oublier que s’affrontèrent en réalité deux manières de considérer la situation politique de l’Europe féodale à cette époque : d’une part l’empereur qui voulait exercer son autorité sur l’ensemble du territoire sur lequel il régnait, d’autre part les Communes lombardes qui contestaient son autorité en s’appuyant sur le système féodal et en s’estimant en droit de gouverner leur territoire. Il faut bien sûr rappeler qu’à cette époque, politiquement, le Royaume d’Italie était une dépendance autonome du nouvel Empire ottonien né des ruines de l’empire carolingien. L’empereur était « roi d’Italie » et sa capitale était Pavie.
Les deux armées opposées sur le champ de batailles de Legnano étaient fort différentes. L’armée impériale s’appuyait sur une cavalerie lourdement équipée, tandis que celle de la Ligue lombarde rassemblait un corps de cavalerie réduit associé à une masse de fantassins provenant de contingents disparates issues de villes alliées.
Au-delà de la bataille, cet ouvrage est donc consacré à ce rapport de force idéologique et rappelle l’importance de cette confrontation dont l’issue allait marquer pour des siècles le destin de l’Italie.
Il met aussi en perspective les aspects religieux de ce conflit. Car l’empereur Frédéric Barberousse s’opposait au pape Alexandre III, qu’il voulait remplacer par son antipape, tandis que les gouvernements communaux unis contre l’empereur étaient fidèles au pape Alexandre III.
Le 29 mai 1176 fut signée la Paix de Constance. L’empereur reconnaissait la légitimité du souverain pontife, restituait les regalia attachés au Patrimoine pontifical et faisait la paix avec la Ligue lombarde, le roi de Sicile et l’empereur byzantin.
L’issue de cette lutte débouchait aussi sur la reconnaissance de l’avènement des Etats-cités, donc sur la fragmentation du Royaume d’Italie.
L’ouvrage contient un cahier d’illustrations en couleurs montrant vêtements et tuniques de châtelains, tenues de chevaliers, habit de gonfalonier et étendard de parade, armement et mouvements tactiques de cette bataille.
La bataille de Legnano, Pierre Racine, éditions Lemme, collection Illustoria, 104 pages, 17,90 euros
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