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Joseph Ratzinger-Benoît XVI : « Pas de mission d’évangélisation envers les juifs mais uniquement le dialogue »

Faut-il évangéliser les juifs ou uniquement dialoguer avec eux ?

Le pape émérite Benoît XVI, âgé de 91 ans, sort de son silence pour réaffirmer sa pensée théologique sur cette question. Le contexte en est un article du théologien allemand Michael Böhnke qui critiquait un écrit de Joseph Ratzinger sur le thème des rapports entre juifs et chrétiens et paru cet été dans la revue Communio.

Les accusations de Böhnke sont « des stupidités et non rien à voir avec ce que j’ai dit sur ce sujet » écrit Joseph Ratzinger dans sa « correction » envoyée à la revue catholique allemande Herder Korrespondenz dans laquelle est publié le texte du théologien allemand.

Par rapport à la question de la « mission » envers les juifs, c’est-à-dire l’annonce de l’Évangile aux Hébreux, il est vrai, continue le pape émérite, que le Christ a envoyé ses disciples en mission dans tous les peuples et toutes les cultures et donc « le mandat pour la mission est universel avec une exception : la mission envers les Juifs n’est pas prévue et n’est pas nécessaire parce que seulement eux, parmi les peuples, connaissaient ‘le Dieu inconnaissable’ ». En ce qui regarde Israël donc, la mission n’est pas nécessaire mais uniquement le dialogue sur la compréhension de Jésus de Nazareth, afin de savoir s’il est « le Fils de Dieu, le Logos » attendu par Israël, selon les promesses faites à son peuple, et, inconsciemment, par toute l’humanité. Reprendre ce dialogue est « le devoir que nous impose l’heure présente ».

Judaïsme et Christianisme, explique l’ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, sont « deux manières d’interpréter les Saintes Écritures ». Pour les chrétiens, les promesses faites à Israël sont l’espérance de l’Église et « qui se conforme à elles ne met absolument pas en question les fondements du dialogue judéo-chrétien ».

Le pape émérite signe cette « correction », qui sera publiée en décembre sur la revue  Herder Korrespondenz, « Joseph Ratzinger-Benoît XVI ». 

Son étude est dans la ligne de la nouvelle théologique moderniste, d‘inspiration entre autre ‘ratzingérienne’, qui a dominé au concile Vatican II et fut synthétisée dans le décret conciliaire Nostra Aetate : la théologie de la substitution (l’Église se substitue à Israël, réprouvé par Dieu) qui avait prévalu pendant deux mille ans dans l’enseignement catholique a été rejetée pour laisser la place à la théologie de la filiation, ce qui conduit au rejet de l’action missionnaire envers les Hébreux.

Cette doctrine révolutionnaire été reprise dans le document publié en 2015 par la Commission du Saint-Siège pour les relations religieuses avec le judaïsme lors du 50e anniversaire de Nostra Aetate, Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables. Le paragraphe 6 énonce ce qui suit :

« On comprendra facilement dès lors que la notion de « mission aux juifs » est une question extrêmement délicate et sensible pour les juifs car, à leurs yeux, elle touche à l’existence même du peuple juif. C’est aussi une question problématique pour les chrétiens pour qui le rôle salvifique universel de Jésus Christ et donc la mission universelle de l’Église ont une importance fondamentale. Pour cette raison, l’Église a été amenée à considérer l’évangélisation des juifs, qui croient dans le Dieu unique, d’une manière différente de celle auprès des peuples ayant une autre religion et une autre vision du monde. En pratique, cela signifie que l’Église catholique ne conduit et ne promeut aucune action missionnaire institutionnelle spécifique en direction des juifs. Mais alors que l’Église rejette par principe toute mission institutionnelle auprès des juifs, les chrétiens sont néanmoins appelés à rendre témoignage de leur foi en Jésus Christ devant les juifs, avec humilité et délicatesse, en reconnaissant que les juifs sont dépositaires de la Parole de Dieu et en gardant toujours présente à l’esprit l’immense tragédie de la Shoah. »

En 2008 dans une interview donnée à la revue américaine The Angelus, l’évêque traditionaliste sacré par Mgr Lefebvre en 1988, Mgr Tissier de Mallerais affirmait :

« Benoît XVI : un véritable moderniste avec toute la théorie moderniste mise à jour ! »

Ce jugement n’a pas pris une ride !

Francesca de Villasmundo

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