La question de la relation entre la pratique des jeux vidéo et l’agressivité fait l’objet de discussions voire de polémiques notamment dans les milieux médicaux. Le Pr Douglas Gentile de l’Université de l’Iowa a voulu en avoir le cœur net et vient de faire paraître une étude dans la revue Jama Pédiatrics parue au mois de mars. Une des questions qui se pose est bien évidemment de savoir si ceux qui usent des jeux vidéo n’ont pas auparavant une tendance à la violence. Dans ce cas cette distraction ne serait que le prolongement d’un état antérieur. Inversement est-ce que des enfants doux comme des agneaux ne deviendraient pas agressifs à force de s’y livrer ?

Le médecin est allé chercher les enfants à Singapour. Pourquoi ? Parce que toute forme de violence est immédiatement réprimée : ceux qui s’y livrent sont immédiatement expulsés du pays. Si bien que le comportement est basique – calme ou violent – sur les enfants ayant participé à l’enquête. Il a pris 3.034 enfants de 8 à 17 ans (âge moyen 11 ans) dont 73 % de garçons.

Quatre questionnaires. Un concernant le type de jeu lui-même, les trois autres s’adressant aux actes et pensées agressives notamment vis-à-vis des parents. Même les rêves étaient pris en compte. Il y avait simplement à répondre oui ou non. Trois vagues d’enquêtes à une année de différence pour tous sur trois années. Différence établie entre les jeux violents, le comportement et les cognitions violentes. Ce dernier terme englobe principalement le langage, la mémoire, les prises de décisions.

Les chercheurs sont arrivés à la conclusion que les jeux violents amenaient des cognitions agressives puis aux comportements afférents. En clair l’usage de cette distraction jeux entraîne un comportement belliqueux et brutal. On s’en serait douté.

Plus intéressante et grave est la notion fondamentale qui se dégage, celle de l’âge. Plus les enfants passent leur temps très jeunes devant ce type de jeu, plus tôt ils deviendront violents dans l’adolescence. Autrement dit, plus ils commencent jeunes, plus vite ils seront agressifs. Ceci étant cumulatif avec le temps. Si dès la prime enfance et jusqu’à leur majorité ils ont joué des heures avec ce divertissement, ils auront toutes les chances de devenir dangereux à l’âge adulte.

La conclusion s’impose : en cas d’achat d’un jeu de violence, ne le remettre qu’aux plus âgés des enfants. Le donner aux petits les entraînera inéluctablement vers la violence après 18 ans.

Jean-Pierre Dickès

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