Nous avons tous été sollicités plus ou moins par publicités variées nous invitant à nous abonner ou à pratiquer ce qui se nomme les « jeux cérébraux » visant à stimuler le cerveau. Nous pensons améliorer ainsi nos performances intellectuelles. Ce sont des jeux ou des exercices d’entraînement. Il y en a des dizaines : « mots coupés »,« mémoire d’éléphant » « tiroirs secrets » « happy neuron »,« mots croisés » etc. Mieux encore, ceux-ci auraient un rôle de prévention dans les affections dégénératives du système nerveux comme la maladie d’Alzheimer.
En date du 20 octobre, dans une tribune commune du Stanford Center on Longevity et de l’institut Max Planck pour le développement humain, 70 professeurs en psychologie, européens ou américains dénoncent les campagnes de « publicité agressive et mensongère » qui sont faites sur ces thèmes. « On fait croire aux consommateurs que jouer à des jeux de stimulation cérébrale les rendra plus intelligents, plus alertes, plus à même d’apprendre vite et mieux. Le plus pernicieux de ces messages consiste à affirmer, sans aucune preuve scientifique tangible, que ces jeux peuvent prévenir la maladie d’Alzheimer, ou inverser ses effets ». Ils dénoncent ainsi la stratégie de l’industrie du jeu, qui martèle des messages « implicites ou explicites » sur les vertus supposés des jeux de stimulation cérébrale, au mépris de toute rigueur scientifique.Plus grave, le marketing fait croire que les bienfaits de ces jeux ont un support de scientifiques, ce qui est absolument faux. De plus ils sont nocifs. Pourquoi ?
Le plus inquiétant est que psychologiquement, ces jeux servent de prétexte ou induisent dans la tête de l’utilisateur que prendre les précautions de bon sens pour éviter ces maladies est devenu inutile. Ceci concerne essentiellement les modes de vie qui doivent rester sains et actifs et socialement coordonnés et engagés. Il vaut mieux faire une heure de marche quotidienne que de prendre le même temps pour faire des mots croisés afin d’éviter la maladie d’Alzheimer.
Il est possible que ces jeux aient un effet bénéfique. Mais à ce jour personne n’en a la preuve. Les savants auteurs de l’article souhaitent que des recherches soient faites dans ce sens.
Dr Jean-Pierre Dickès
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