De la férie : messe du jeudi de la 3ème semaine de carême

Sanctoral

Saint Gabriel, Archange

Saint Gabriel avait été envoyé à Daniel pour l’instruire de l’époque où devait naître le Christ, et à Zacharie, à l’heure où il offrait l’encens dans le Temple, pour lui annoncer la naissance de Jean-Baptiste le précurseur du Messie. C’est lui encore qui fut choisi pour être le divin messager de l’Annonciation: « Seul parmi tous les anges, dit saint Bernard, Gabriel fut trouvé digne d’annoncer à Marie le dessein de Dieu sur elle ». Plein d’un saint respect, saint Gabriel s’approche de la Vierge choisie de toute éternité pour être la mère sur terre de celui dont Dieu est le Père au ciel. Avec des paroles dictées par le Très-Haut et que l’Église aime à nous voir répéter souvent, il lui dit: « Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes ». Et comme Marie s’étonne de cette salutation, l’ange lui explique qu’il est venu chercher son Fiat pour que s’accomplisse le grand mystère qui est la condition de la rédemption du genre humain. « Je suis Gabriel qui me tiens devant Dieu et j’ai été envoyé pour te parler et t’annoncer cette heureuse nouvelle ». Marie veut rester vierge, et l’Ange du Seigneur lui annonce qu’elle concevra du Saint-Esprit et qu’elle enfantera un fils auquel elle donnera le nom de Jésus, c’est-à-dire Sauveur. Marie alors sans hésiter, obéit avec la plus profonde humilité: « Voici La servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole ». Et en ce moment, s’opéra le plus grand de tous les miracles, Dieu élevant jusqu’à lui, dans une union personnelle, le fruit béni du sein de la Vierge: « Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ». Le Verbe épousa notre humanité, notre pauvreté, notre néant et nous donna en échange sa divinité. Benoît XV étendit la fête de saint Gabriel à l’Église universelle.

Jusqu’ici, nous n’avons encore rencontré sur le Cycle aucune fête consacrée à l’honneur des saints Anges ; mais au milieu des splendeurs de la nuit de Noël, nous mêlâmes nos voix joyeuses et timides aux divins concerts que faisaient entendre les Esprits célestes au-dessus de l’humble berceau de l’Emmanuel. Cet heureux souvenir émeut encore d’une douce allégresse nos cœurs attristés par la pénitence et par l’approche du douloureux anniversaire de la mort du Rédempteur. Aujourd’hui, faisons un peu trêve aux sévères pensées du Carême pour fêter l’Archange Gabriel ; plus tard, Michel. Raphaël et l’immense armée de nos célestes Gardiens recevront nos hommages ; mais il était juste que Gabriel fût salué de nos acclamations en ce jour. Encore une semaine, et nous le verrons descendre sur la terre comme le céleste ambassadeur de la glorieuse Trinité près de la plus pure des vierges : c’est donc avec raison que les enfants de l’Église se recommandent à lui pour apprendre à célébrer dignement le mystère ineffable dont il fut ici-bas le messager. Gabriel appartient aux plus hautes hiérarchies des Esprits angéliques ; il assiste devant la face de Dieu, comme il le dit lui-même à Zacharie.

Les missions qui concernent le salut des hommes par l’incarnation du Verbe lui sont réservées, parce que c’est dans ce mystère, si humble en apparence, qu’éclate principalement la force de Dieu : or, le nom de Gabriel signifie Force de Dieu. Dès l’Ancien Testament, l’Archange a préludé à ce sublime emploi. Nous le voyons d’abord se manifester à Daniel, après la vision qu’a eue ce Prophète sur les deux empires des Perses et des Grecs ; et tel est l’éclat dont il brille, que Daniel tombe anéanti à ses pieds. Peu après, Gabriel reparaît encore ; et c’est pour annoncer au même Prophète le temps précis de la venue du Messie : dans soixante-dix semaines d’années, lui dit-il, la terre aura vu le Christ-Roi. Lorsque les temps sont accomplis, et que le Ciel a résolu de faire naître le dernier des Prophètes, celui qui, après avoir averti les hommes de la prochaine manifestation du divin Envoyé, doit le montrer au peuple comme l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde, Gabriel descend du ciel dans le temple de Jérusalem, et prophétise au prêtre Zacharie la naissance de Jean-Baptiste, prélude de celle de Jésus lui-même.

Après six mois, le saint Archange reparaît sur la terre, et, cette fois, c’est à Nazareth qu’il se montre. Il apporte du ciel la grande nouvelle. Sa céleste nature s’incline devant une fille des hommes ; il vient proposer à Marie, de la part de Jéhovah, l’honneur de devenir la Mère du Verbe éternel. C’est lui qui reçoit le consentement de la Vierge ; et quand il quitte la terre, il la laisse en possession de celui qu’elle attendait comme la rosée des cieux. Mais l’heure est venue où la Mère de l’Emmanuel doit donner aux hommes le fruit béni de ses chastes entrailles. La naissance de Jésus s’accomplit dans le mystère et la pauvreté ; toutefois, le Ciel ne veut pas que l’enfant de la crèche demeure sans adorateurs. Un Ange apparaît aux bergers des campagnes de Bethléhem, et les convoque à l’humble berceau du nouveau-né. Il est accompagné d’un nombre immense d’Esprits célestes qui font entendre les plus ravissants concerts, et chantent : Gloire à Dieu et Paix aux hommes ! Quel est cet Ange supérieur qui parle seul aux bergers, et dont les autres Anges forment comme la cour ? De graves docteurs catholiques nous enseignent que cet Ange est Gabriel, qui continue son ministère de messager de la bonne nouvelle. Enfin, lorsque Jésus, dans le jardin de Gethsémani, à l’heure qui précède sa Passion, éprouve dans son humanité les terreurs du fatal calice, un Ange paraît auprès de lui, non seulement comme témoin de sa cruelle agonie, mais pour fortifier son courage. Quel est cet Ange que le saint Évangile ne nomme pas ? De pieux et savants hommes voient encore en lui Gabriel ; et cette pensée est confirmée par un monument liturgique que nous reproduisons ici, et qui est revêtu de l’approbation du Siège Apostolique.

Tels sont les titres du sublime Archange aux hommages des chrétiens ; tels sont les traits par lesquels il justifie son beau nom de Force de Dieu. En effet, Dieu l’a associé à toutes les phases du grand œuvre dans lequel il a manifesté davantage sa puissance : car Jésus-Christ jusque sur la croix est, nous dit l’Apôtre, la force de Dieu. Or, Gabriel intervient à chaque pas, pour lui préparer la voie. Il annonce d’abord l’époque précise de sa venue ; dans la plénitude des temps, il vient révéler la naissance du Précurseur ; bientôt il assiste comme témoin céleste au mystère du Verbe fait chair ; à sa voix, les bergers de Bethléhem, prémices de l’Église, viennent adorer le Fils de Dieu ; et lorsque l’humanité de Jésus aux abois doit recevoir le secours d’une main créée, Gabriel se retrouve au Jardin des douleurs, comme il avait paru à Nazareth et à Bethléhem. » (Dom Guéranger)

Martyrologe

La fête de l’archange saint Gabriel, qui fut envoyé par Dieu pour annoncer le mystère de l’Incarnation du Verbe.

A Rome, saint Epigmène prêtre, qui durant la persécution de Dioclétien, sous le juge Turpius, frappé du glaive, consomma son martyre.

A Rome encore, la passion du bienheureux Pigmène prêtre. Sous Julien l’Apostat, il fut précipité dans le Tibre et y trouva la mort pour la foi du Christ.

De plus, à Rome, les saints martyrs Marc et Timothée, qui reçurent la couronne sous l’empereur Antonin.

A Césarée de Palestine, l’anniversaire des saints martyrs Timolaüs, Denis, Pauside, Romule, Alexandre, un autre Alexandre, Agape et un autre Denis. Durant la persécution de Dioclétien et sous le préfet Urbain, ils furent frappés à coups de hache et méritèrent la couronne de vie.

En Mauritanie, l’anniversaire des saints frères Romule et Second, qui souffrirent pour la foi du Christ.

A Trente, la passion de saint Siméon enfant, cruellement massacré par les Juifs. Il opéra, dans la suite, des miracles nombreux et éclatants.

A Synnade en Phrygie, Saint Agapit évêque.

A Brescia, saint Latin évêque.

En Syrie, saint Séleuque confesseur.

En Suède, sainte Catherine vierge, fille de sainte Brigitte.

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