De la férie : messe du jeudi de la première semaine de Carême

La Station d’aujourd’hui est dans l’Église de Saint-Laurent in Paneperna, l’une de celles que la piété romaine a élevées en l’honneur du plus célèbre Martyr de la ville sainte. Cette lecture du Prophète nous donne à apprécier la miséricorde de Dieu envers les Gentils, qui vont bientôt passer des ténèbres à la lumière, par la grâce du saint Baptême. En vain le proverbe juif prétend que « les dents des enfants sont agacées, parce que celles des pères ont broyé les raisins verts » : Dieu, dès l’Ancien Testament, déclare que les péchés sont personnels, et que le fils de l’impie, s’il veut suivre la justice, trouvera la miséricorde et la vie. La prédication de l’Évangile par les Apôtres et leurs disciples fut un appel qui retentit dans toute la Gentilité ; et l’on vit bientôt les fils des races idolâtres se presser autour de la piscine du salut, abjurer les mauvaises œuvres de leurs pères, et devenir l’objet des complaisances du Seigneur. La même merveille apparut dans la conversion des barbares de l’Occident ; elle se continue de nos jours chez les peuples infidèles ; et de nombreux catéchumènes, cette année encore, recevront la régénération à la fête de Pâques.  Dans l’ordre temporel. Dieu punit souvent dans les fils l’iniquité des pères ; cette disposition de sa providence est utile à l’instruction des hommes, qui reçoivent par là de salutaires leçons ; mais, dans l’ordre moral, chacun est traité selon ses mérites ; et de même que Dieu n’impute pas au fils vertueux les iniquités du père, de même la vertu du père ne rachètera pas l’iniquité du fils. Saint Louis fut l’aïeul de Philippe le Bel, et Louis XVI était le petit-fils de Louis XV : ces contrastes se rencontrent dans beaucoup de familles. « Dieu a laissé l’homme dans la main de son conseil ; l’homme a devant lui la vie et la mort, le bien et le mal ; on lui donnera ce qu’il préfère. » Mais telle est la miséricorde du Seigneur notre Dieu, que lorsque l’homme a fait un mauvais choix, s’il repousse le mal qu’il avait d’abord préféré, et s’il se tourne vers le bien, lui aussi vivra de la vie, et la pénitence lui rendra ce qu’il avait perdu. Jésus admire la foi de cette femme ; il la loue, il la recommande à notre imitation. Cette femme cependant était d’une race païenne ; peut-être jusqu’alors avait-elle adoré les idoles ; mais elle vient au Sauveur ; l’amour maternel l’amène aux pieds de Jésus. Elle y obtient la guérison de sa fille, et sans doute aussi celle de son âme. C’est une application de la vérité consolante que nous trouvions tout à l’heure dans le Prophète : les élus sortent de toute race, même de la race maudite de Chanaan. Le Seigneur traite cette femme avec une dureté apparente, bien qu’il ait résolu de l’exaucer ; il veut que sa foi s’élève, qu’elle soit digne d’être récompensée. Prions donc avec instance dans ces jours de miséricorde. La fille de la Chananéenne était tourmentée par le démon dans son corps ; que d’âmes, dans toute l’Église, sont la proie de cet esprit infernal par le pèche mortel qui habite en elles ! Sentent-elles leur mal ? Songent-elles à crier vers le libérateur ? Et si d’abord il fait attendre la grâce du pardon, savent-elles s’humilier comme la femme de l’Évangile, qui accepte avec tant de simplicité le mépris que le Sauveur semble avoir pour elle ? Brebis perdues de la maison d’Israël, profitez du temps où vous possédez encore le Pasteur. Avant quarante jours, il sera mis à mort, « et le peuple qui l’aura renié ne sera plus son peuple ». Avant quarante jours aussi, nous célébrerons l’anniversaire de ce grand Sacrifice ; et tout pécheur qui n’aura pas converti ses voies, qui ne sera pas venu à Jésus avec l’humilité de la Chananéenne, aura mérité d’être rejeté sans retour. Hâtons-nous donc de nous rendre dignes de la réconciliation. La table des enfants de Dieu est déjà dressée ; et telle est la générosité du père de famille, que si nous voulons revenir à lui du fond de notre cœur, ce ne sont point seulement les miettes tombées de cette table qu’il nous permettra de recueillir : c’est Jésus, le Pain de vie, qu’il nous donnera, en signe d’éternelle réconciliation.

Sanctoral

Saint Simplice, Pape († 483) 

Saint Simplice, originaire de la région de Tivoli, fut Pape de 468 à 483. Il fut élu pape à une période d’incessantes invasions barbares qui n’épargnèrent que le Vatican. C’est en 476, sous son pontificat, que survint la chute de l’Empire romain. Le schisme qui s’ensuivit conduisit à la fondation de nouvelles Églises en Orient. Mais pour les mêmes raisons, son importance et son influence s’accrurent en Occident. Il passa la plus grande partie de ses 15 années de pontificat à combattre le monophysisme. Avec l’aide de l’empereur Zénon, il fit reconnaitre l’autorité du concile de Chalcédoine et rétablir sur le siège d’Alexandrie et sur celui d’Antioche les évêques catholiques qui en avaient été chassés par les eutychiens en 451. Saint Simplice réorganisa le patrimoine de l’Église, réglant notamment la distribution des offrandes aux pauvres. Il envoya un peu partout des prêtres pour combattre l’hérésie arienne.

Bienheureux Henri Suzo, Religieux Dominicain (1300-1365) 

Le bienheureux Henri Suzo naquit en Souabe. Dès son jeune âge, il entendit la voix de Dieu et s’ensevelit à treize ans dans un couvent de Dominicains. Les premières années de sa vie religieuse furent caractérisées par des hésitations continuelles dans le service de Dieu; le démon tourmenta son coeur par la pensée des plaisirs et des vanités du monde, mais la grâce l’aida à triompher de tous ces pièges. Henri Suzo avait dix-huit ans quand la lumière se fit dans son âme. Un jour, il entendit lire ces paroles de Salomon: La Sagesse est plus éclatante que le soleil, Elle est plus belle que l’harmonie des Cieux. Aussi je L’ai aimée dès mon enfance, je suis l’adorateur de Ses charmes. A dater de ce jour, plus que jamais il aima la divine Sagesse, dont le nom seul faisait éclater ses transports: « Mon coeur est jeune et ardent, se disait-il, il est porté à l’amour; il m’est impossible de vivre sans aimer; les créatures ne sauraient me plaire et ne peuvent me donner la paix; oui, je veux tenter fortune et gagner les bonnes grâces de cette divine et sainte Amie, dont on raconte des choses si admirables et si sublimes! » Peu de Saints ont eu pour Jésus un amour plus vif et plus tendre. Un jour, il prit un canif, et, l’amour guidant sa main, il se lacéra la poitrine avec le tranchant, jusqu’à ce qu’il eût formé les lettres du saint nom de Jésus sur son coeur. Alors il s’écria: « O amour unique de mon coeur et de mon âme! Ô mon Jésus! Voyez donc l’ardeur de ma passion pour Vous; je Vous ai imprimé dans ma chair, mais je voudrais aller jusqu’au centre de mon coeur; gravez-y Vous-même Votre saint nom avec des lettres éternelles qui ne s’effacent jamais! » Rien de plus admirable que la manière dont il sanctifiait ses actions: à table il s’imaginait être à côté de Jésus et reposer parfois sur Sa poitrine; il offrait sa nourriture, il présentait son verre à Jésus-Christ; le peu qui lui était nécessaire pour étancher sa soif, il le prenait à cinq fois, pour honorer les cinq plaies du Sauveur; à chaque bouchée, il s’occupait à quelque sainte pensée. Sa vie entière fut un continuel ravissement, une perpétuelle jubilation d’amour.

Martyrologe 

A Rome, sur la voie Latine, les saints martyrs Jovin et Basilée, qui souffrirent sous les empereurs Valérien et Gallien.

A Rome encore, de nombreux saints martyrs, qui, sous l’empereur Alexandre et le préfet Ulpien, furent longtemps tourmentés et finalement condamnés à la peine capitale.

A Césarée de Cappadoce, les saints martyrs Lucius évêque, Absalon et Lorge.

A Porto, les saints martyrs Paul, Héracléas, Secondille et Janvière.

En Campanie, la commémoraison de quatre vingts bienheureux martyrs, qui refusèrent de manger la chair offerte aux idoles et d’adorer une tête de chèvre; pour ce motif ils furent cruellement mis à mort par les Lombards.

A Lichfield, en Angleterre, saint Céadde évêque des Merciens et de Lindisfarne. Saint Bède le Vénérable décrit ses éclatantes vertus.

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