Sanctoral 

De la férie : messe du XV° dimanche après la Pentecôte

Impression des Sacrés Stigmates sur le corps de saint François, Confesseur

François, ce serviteur et ministre vraiment fidèle du Christ, deux ans avant de rendre son âme au ciel, se retira en un lieu élevé appelé mont Alverne, où il commença un jeûne de quarante jours, en l’honneur de saint Michel Archange. Il advint alors, qu’inondé plus abondamment des douceurs spirituelles de la contemplation surnaturelle dont il était habituellement favorisé, et embrasé plus ardemment par la flamme des célestes désirs, il commença à sentir une affluence extraordinaire de tous les dons surnaturels. Alors donc que la séraphique ardeur de ses élans le transportait jusqu’en Dieu, et qu’un vif sentiment de tendre compassion le transformait en Celui qui voulut, par excès d’amour, être crucifié, se trouvant un matin en oraison sur le flanc de la montagne (c’était vers la fête de l’Exaltation de la sainte Croix), l’homme de Dieu vit comme l’apparence d’un Séraphin, ayant six ailes aussi resplendissantes qu’enflammées, descendre du haut du ciel et arriver d’un vol extrêmement rapide à une place de l’air, à sa proximité, où il lui parut non seulement muni d’ailes, mais aussi crucifié, ayant les mains et les pieds étendus et cloués à une croix, et les ailes disposées de chaque côté d’une manière admirable, en sorte qu’il en élevait deux au-dessus de sa tête, en déployait deux autres pour voler, et voilait tout son corps en l’enveloppant des deux dernières. Cette vision étonna grandement François, et répandit en son âme une joie mêlée de douleur ; car, tandis qu’il concevait une extrême allégresse de la vue bienfaisante de l’Ange qui lui apparaissait d’une façon si prodigieuse et si familière, le cruel spectacle du crucifiement lui transperça l’âme d’un glaive de compassion douloureuse. François savait bien que l’état d’infirmité et de souffrance est incompatible avec l’immortalité d’un esprit séraphique ; mais intérieurement éclairé par celui qui se montrait au dehors, il comprit qu’une vision de ce genre avait été présentée à ses regards pour lui apprendre que c’était l’embrasement du cœur, et non le martyre du corps, qui devait transformer tout entier l’ami de Jésus Christ, en une parfaite ressemblance à ce Jésus crucifié. Disparaissant donc après un entretien secret et familier, la vision laissa François, l’âme enflammée d’une ardeur séraphique et le corps marqué de blessures semblables à celles d’un crucifiement ; comme si, fondue et amollie d’abord par l’action du feu, sa chair avait ensuite reçu l’impression d’un cachet. Aussitôt en effet, à ses mains et à ses pieds, commencèrent à paraître des marques de clous, ayant leurs têtes dans le creux des mains et sur le dessus des pieds, et leurs pointes à l’opposé. En outre, son côté droit présentait une cicatrice rouge, comme s’il eût été transpercé par une lance ; et bien des fois il en coula un sang sacré, qui trempait sa tunique et ses autres vêtements. Devenu donc un nouvel homme, grâce à la distinction glorieuse de ce prodige nouveau et surprenant (puisque, par un privilège singulier dont personne encore n’avait joui avant ce jour, il se trouva marqué, je dirai mieux, orné des sacrés stigmates). François descendit de la montagne, portant avec lui l’image du Crucifié non point tracée d’une main d’artisan sur des tables de pierre ou de bois, mais gravée sur sa propre chair par le doigt du Dieu vivant. Comme il savait très bien « qu’il est bon de tenir caché le secret d’un roi, » cet homme séraphique, conscient de l’œuvre mystérieuse, opérée en lui par le Roi [divin], s’efforçait de dissimuler ces marques sacrées. Mais parce que c’est à Dieu de révéler pour sa gloire les grandes choses qu’il fait, le Seigneur lui-même qui avait secrètement imprimé ces signes, les fit ouvertement découvrir par des miracles, en sorte que, la vertu cachée et merveilleuse des stigmates, devint manifeste par l’éclat des prodiges. Ce fait digne d’admiration, si bien constaté, et exalté par les bulles pontificales avec de grandes louanges et la publication de faveurs spéciales, le Pape Benoît XI voulut qu’on en célébrât l’anniversaire par une solennité que le souverain Pontife Paul V étendit à l’Église universelle, dans le but d’enflammer les cœurs des fidèles, d’amour pour le Christ crucifié.

Saint Lambert, Évêque de Maëstricht et Martyr

Saint Lambert, né à Maëstricht, d’une famille princière, eut une enfance toute privilégiée. Jeune homme, il opéra des miracles, fit jaillir une source pour étancher la soif des ouvriers constructeurs d’une église, et porta des charbons ardents dans les plis de son manteau sans l’endommager. Ses vertus extraordinaires l’élevèrent, à l’âge de vingt et un ans, sur le siège épiscopal de Maëstricht. Après avoir administré saintement son diocèse pendant plusieurs années, il en fut chassé par une révolution et se retira dans un monastère voisin, où il se mêla aux simples religieux, dont il ne se distinguait que par une grande ferveur. On raconte à ce sujet une histoire fort édifiante. Une nuit d’hiver, en se levant pour prier, il laissa tomber une de ses sandales. L’abbé, sans connaître celui qui avait fait le bruit, le condamna à aller prier au pied de la croix qui était devant l’église. Lambert obéit sans réplique et demeura trois à quatre heures à genoux, transi de froid et couvert de neige, jusqu’à ce qu’on se fût aperçu de la méprise. L’abbé et les religieux se jetèrent à ses pieds pour lui demander pardon: « Que Dieu, dit-il, vous pardonne la pensée de vous juger coupables pour cette action. Saint Paul ne m’enseigne-t-il pas que je dois servir Dieu dans le froid et la nudité? » Il habitait depuis sept ans cette sainte maison et y goûtait les délices de la vie religieuse, quand il fut rappelé sur son siège épiscopal, à la grande joie d’un troupeau qui l’avait tant pleuré. Le soin de Lambert pour l’accomplissement des devoirs de sa charge pastorale fut plus assidu que jamais; il était le père de tous, surtout des pauvres. Sa maison ressemblait presque à un monastère; ses vêtements, très simples, recouvraient un cilice, qu’il portait sur sa chair nue. Il visitait son diocèse avec zèle, sans en excepter les parties les plus éloignées. Son amour des âmes le porta même à entreprendre la conversion des peuples païens qui n’appartenaient pas à son diocèse. Malgré les menaces de mort, son zèle ne se rebuta point, et il eut la consolation de si bien montrer à ces populations grossières les vérités de notre sainte religion, qu’il changea leur coeur et les amena en masse dans le sein de l’Église. Il mourut enfin martyr de son zèle.

Martyrologe

 Sur le Mont Alverne, en Toscane, la commémoraison des sacrés Stigmates dont, par une grâce merveilleuse de Dieu, saint François, fondateur de l’Ordre des Frères Mineurs, reçut l’impression dans ses mains, ses pieds et son côté.

A Rome, l’anniversaire de saint Robert Bellarmin, confesseur, membre de la Compagnie de Jésus, cardinal et un moment évêque de Capoue, très célèbre par sa sainteté, par sa science et par les œuvres multiples qu’il entreprit pour la défense de la foi catholique et du Siège apostolique. Le souverain pontife Pie XI lui a décerné les honneurs des Saints, l’a proclamé docteur de l’église universelle et a fixé sa fête au 3 des ides de mai (13 mai).

A Rome, sur la voie Tiburtine, l’anniversaire de saint Justin, prêtre et martyr. Durant la persécution de Valérien et de Gallien, il se rendit célèbre en confessant glorieusement la foi. Il ensevelit les corps du bienheureux pontife Sixte II, de Laurent, d’Hippolyte et de plusieurs autres saints, et enfin, sous Claude, il consomma son martyre.

A Rome encore, les saints martyrs Narcisse et Crescention.

A Liége, en Belgique, le bienheureux Lambert, évêque de Maëstricht. Ayant, dans son zèle pour la religion, repris les abus de la maison royale, il fut tué, innocent, par la main des scélérats et entra dans le ciel pour y triompher éternellement.

A Saragosse, en Espagne, saint Pierre d’ Arbuès, premier inquisiteur de la foi dans le royaume d’ Aragon. A cause de son zèle pour la foi catholique dans l’exercice de sa charge, il fut cruellement massacré par des Juifs relaps. Il a été ajouté au catalogue des saints par le pape Pie IX.

En Grande-Bretagne, les saints martyrs Socrate et Etienne.

A Nyon, en Gaule (auj. en Suisse), les saints martyrs Valérien, Macrin et Gordien.

A Autun, saint Flocel, jeune enfant. Après avoir beaucoup souffert sous l’empereur Antonin et le préfet Valérien, il fut mis en pièces par les bêtes et obtint la couronne du martyre.

A Cordoue, en Espagne, sainte Colombe, vierge et martyre.

En Phrygie, sainte Ariadne martyre, sous l’empereur Adrien.

Le même jour, sainte Agathoclie, servante d’une femme païenne. Longtemps fustigée et accablée de mauvais traitements par sa maîtresse, qui voulait lui faire renier le Christ, elle fut enfin présentée au juge et cruellement déchirée, mais elle persévéra à confesser sa foi, et pour ce motif on lui coupa la langue, puis on la livra aux flammes.

A Milan, la mise au tombeau de saint Satyre confesseur dont les mérites insignes nous sont rapportés par son frère saint Ambroise.

Près de Bingen, au diocèse de Mayence, sainte Hildegarde vierge.

A Rome, sainte Théodora, noble matrone, qui, durant la persécution de Dioclétien, s’appliquait avec zèle au service des martyrs.

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