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Jeudi de Pâques – Station aux Saints-Apôtres – Jésus dit : « Marie » ; elle se détourna et dit : « Mon Maître ».
Aujourd’hui, la fête stationnale est en l’honneur de tout le Collège apostolique. Toutefois comme l’autel principal du vénérable Apostoleion érigé en mémoire de la victoire de Narsès, garde seulement les reliques des apôtres Jacques et Philippe, la liturgie romaine identifiant à tort, semble-t-il, Philippe, l’évangéliste de Césarée, avec l’Apôtre du même nom, prescrit en ce jour la lecture du récit du baptême administré par le célèbre diacre à l’eunuque de Candace, reine d’Éthiopie. Cette station du jeudi de Pâques dans une basilique byzantine nous reporte au temps où, à Rome, les Byzantins détenant le pouvoir, la liturgie papale subit une forte influence orientale.
Nous sommes invités, aujourd’hui, à participer avec Marie-Madeleine à l’apparition du Seigneur. Cette apparition est certainement la plus tendre de toutes.
A LA MESSE. Le cantique d’entrée est tiré du livre de la Sagesse, et célèbre l’éloquence divine des Apôtres, muets d’abord par la crainte et timides comme des enfants. La Sagesse éternelle en a fait d’autres hommes, et toute la terre a connu par eux la victoire de l’Homme-Dieu. La Collecte nous montre toutes les nations réunies en une seule par la prédication apostolique. Les néophytes ont été admis dans cette unité par leur baptême ; la sainte Église demande à Dieu de les y maintenir par sa grâce.
ÉPÎTRE. Ce passage des Actes des Apôtres était destiné à rappeler aux néophytes la sublimité de la grâce qu’ils avaient reçue dans le baptême, et la condition à laquelle ils avaient été régénérés. Dieu avait placé sur leur chemin l’occasion du salut, comme il envoya Philippe sur la route que devait parcourir l’eunuque. Il leur avait inspiré le désir de connaître la vérité, comme il mit dans le cœur de cet officier de la reine d’Éthiopie l’heureuse curiosité qui le conduisit à entendre parler de Jésus-Christ. Mais tout n’était pas consommé encore. Ce païen aurait pu n’écouter qu’avec défiance et sécheresse d’âme les explications de l’envoyé de Dieu, et fermer la porte à cette grâce qui le cherchait ; loin de là, il ouvrait son cœur, et la foi le remplissait. De même ont fait nos néophytes ; ils ont été dociles, et la parole de Dieu les a éclairés ; d’une lumière ils sont montés à une autre, jusqu’à ce que l’Église ait reconnu en eux de véritables disciples de la foi. Alors sont venus les jours de la Pâque, et cette mère des âmes s’est dit à elle-même : « Voici de l’eau, l’eau qui purifie, l’eau qui est sortie du côté de l’Époux ouvert par la lance sur la croix ; qui empêche de les baptiser ? » Et quand ils ont eu confessé que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, ils ont été plongés, comme notre Éthiopien, dans la fontaine du salut ; maintenant, à son exemple, ils vont continuer à marcher dans le chemin de la vie, tout remplis de joie ; car ils sont ressuscites avec le Christ, qui a daigné associer les joies de leur nouvelle naissance à celles de son propre triomphe.
ÉVANGILE. Nous sommes dans la Basilique des Apôtres ; et la sainte Église, au lieu de nous faire entendre aujourd’hui quelqu’un des récits du saint Évangile où sont rapportées les diverses apparitions du Sauveur ressuscité à ses Apôtres, nous lit celui dans lequel est relatée la faveur que Jésus fit à Madeleine. Pourquoi cet oubli apparent du caractère et de la mission qui furent conférés à ces ambassadeurs de la nouvelle loi ? La raison en est aisée à saisir. En honorant aujourd’hui dans ce Sanctuaire la mémoire de celle que Jésus-Christ choisit pour être l’Apôtre de ses Apôtres, l’Église achève d’exprimer dans toute leur adorable vérité les circonstances du jour de la Résurrection. C’est par Madeleine et ses compagnes qu’a commencé l’Apostolat du plus grand des mystères du Rédempteur ; elles ont donc un droit véritable à recevoir aujourd’hui l’honneur dans cette Basilique dédiée aux saints Apôtres. Comme il est tout-puissant, Dieu aime à se manifester dans ce qu’il y a de plus faible ; de même que, dans sa bonté, il se fait gloire de reconnaître l’amour dont il est l’objet : voilà pourquoi le Rédempteur prodigua d’abord toutes les preuves de sa résurrection et tous les trésors de sa tendresse à Madeleine et à ses compagnes. Elles étaient plus faibles encore que les bergers de Bethléhem : elles eurent donc la préférence ; les Apôtres eux-mêmes étaient plus faibles que la moindre des puissances du monde qu’ils devaient soumettre : voilà pourquoi ils furent initiés à leur tour. Mais Madeleine et ses compagnes avaient aimé leur Maître jusqu’à la croix et jusqu’au tombeau, tandis que les Apôtres l’avaient abandonné : c’était donc aux premières, et non aux seconds, que Jésus devait les premières faveurs de sa bonté. Sublime spectacle de l’Église, à ce moment où elle s’élève sur la foi de la Résurrection qui est sa base ! Après Marie, la Mère de Dieu, en qui la lumière ne vacilla jamais, et à qui était due, comme Mère et comme toute parfaite, la première manifestation, qui voyons-nous illuminées de cette foi par laquelle vit et respire l’Église ? Madeleine et ses compagnes. Pendant plusieurs heures, Jésus se complaît à la vue de son œuvre, si faible à l’œil humain, mais en réalité si grande. Encore un peu de temps, et ce petit troupeau d’âmes choisies va s’assimiler les Apôtres eux-mêmes ; que dis-je ? Le monde entier viendra à elles. Par toute la terre, en ces jours, l’Église chante ces paroles : « Qu’avez-vous vu au tombeau, Marie ? Dites-le-nous. » Et Marie Madeleine répond à la sainte Église : « J’ai vu le tombeau du Christ qui était vivant ; j’ai vu la gloire du Christ ressuscité. » Et ne nous étonnons pas que des femmes aient seules formé autour du Fils de Dieu ce premier groupe de croyants, cette Église véritablement primitive qui resplendit des premiers rayons de la résurrection ; car c’est ici la continuation de l’œuvre divine sur le plan irrévocable et sublime dont nous avons déjà reconnu le début. Par la prévarication de la femme, l’œuvre de Dieu fut renversée au commencement ; c’est dans la femme qu’elle sera d’abord relevée. Au jour de l’Annonciation, nous nous sommes inclinés devant la nouvelle Ève qui réparait par son obéissance la désobéissance de la première ; mais dans la crainte que Satan ne s’y trompât, et ne voulût voir en Marie que l’exaltation de la personne, et non la réhabilitation du sexe, Dieu veut qu’aujourd’hui les faits mêmes déclarent sa suprême volonté. « La femme, nous dit saint Ambroise, avait goûté la première le breuvage de la mort ; ce sera donc elle qui, la première, contemplera la résurrection. En prêchant ce mystère, elle compensera sa faute [27] ; et c’est avec raison qu’elle est envoyée pour annoncer aux hommes la nouvelle du salut, pour manifester la grâce qui vient du Seigneur, celle qui autrefois avait annoncé le péché à l’homme [28]. » Les autres Pères relèvent avec non moins d’éloquence ce plan divin qui donne à la femme la primauté dans la distribution des dons de la grâce, et ils nous y font reconnaître non seulement un acte du pouvoir du maître souverain, mais en même temps la légitime récompense de l’amour que Jésus trouva dans le cœur de ces humbles créatures, et qu’il n’avait pas rencontré dans celui de ses Apôtres, auxquels, durant trois ans, il avait prodigué les plus tendres soins, et de la part desquels il était en droit d’attendre un plus mâle courage. Au milieu de ses heureuses compagnes, Madeleine s’élève comme une reine dont les autres forment la cour. Elle est la bien-aimée de Jésus, celle qui aime le plus, celle dont le cœur a été le plus brisé par la douloureuse Passion, celle qui insiste avec plus de force pour revoir et embaumer de ses larmes et de ses parfums le corps de son cher maître. Quel délire dans ses paroles, tant qu’elle le cherche ! Quel élan de tendresse, quand elle le reconnaît vivant et toujours rempli d’amour pour Madeleine ! Jésus cependant se dérobe aux démonstrations d’une joie trop terrestre : « Ne me touche pas, lui dit-il ; car je ne suis pas monté encore vers mon Père ». Jésus n’est plus dans les conditions de la vie mortelle ; en lui l’humanité demeurera éternellement unie à la divinité ; mais sa résurrection avertit l’âme fidèle que les relations qu’elle aura désormais avec lui ne sont plus les mêmes. Dans la première période, on l’approchait comme on approche un homme ; sa divinité paraissait à peine ; maintenant c’est le Fils de Dieu, dont l’éclat éternel se révèle, et dont les rayons jaillissent à travers même son humanité. C’est donc le cœur qui doit le chercher désormais plus que l’œil, l’affection respectueuse plus que la tendresse sensible. Il s’est laissé toucher à Madeleine, lorsqu’elle était faible et que lui-même était encore mortel ; il faut maintenant qu’elle aspire à ce souverain bien spirituel qui est la vie de l’âme, Jésus au sein du Père. Madeleine, dans le premier état, a fait assez pour servir de modèle à l’âme qui commence à chercher Jésus ; mais qui ne voit que son amour a besoin d’une transformation ? A force d’être ardent, il la rend aveugle ; elle s’obstine à « chercher parmi les morts celui qui est vivant ». Le moment est venu où elle doit s’élever à une voie supérieure, et chercher enfin par l’esprit celui qui est esprit. « Je ne suis pas monté encore vers mon Père », dit le Sauveur à cette heureuse femme ; comme s’il lui disait : « Retiens pour le moment ces caresses trop sensibles qui t’arrêteraient à mon humanité. Laisse-moi d’abord monter dans ma gloire ; un jour tu y seras admise près de moi ; alors il te sera donné de me prodiguer toutes les marques de ton amour, parce qu’alors il ne sera plus possible que mon humanité te dérobe la vue de ma nature divine. » Madeleine a compris la leçon de son maître tant aimé ; un renouvellement s’opère en elle ; et bientôt, sur les rochers arides de la Sainte-Baume, seule avec ses souvenirs qui s’étendent depuis la première parole de Jésus qui fondit son cœur et l’enleva aux amours terrestres, jusqu’à la faveur dont il l’honore aujourd’hui en la préférant aux Apôtres, elle s’élancera chaque jour vers son souverain bien, jusqu’à ce que, épurée par l’attente, devenue l’émule des Anges qui la visitent et consolent son exil, elle monte enfin pour toujours vers Jésus, et saisisse dans un embrassement éternel ces pieds sacrés où elle retrouve la trace ineffaçable de ses premiers baisers.
L’Offertoire rappelle le lait et le miel de la Terre promise, au sein de laquelle la prédication des saints Apôtres a introduit nos néophytes. Mais l’autel sur lequel se prépare le festin du Seigneur leur réserve une nourriture plus douce encore. La sainte Église recommande à Dieu, dans la Secrète, l’offrande de ses nouveaux enfants ; ce pain transformé par les paroles divines deviendra pour eux l’aliment fortifiant qui conduit le voyageur jusqu’au port de l’éternité. Dans l’Antienne de la Communion, la voix du Collège apostolique se fait entendre par l’organe de Pierre. Il félicite avec une effusion paternelle ce peuple nouveau-né des faveurs dont il a été l’objet de la part du souverain auteur de la lumière, qui a daigné rendre les ténèbres fécondes. Les effets de la divine Eucharistie sont exprimés avec effusion dans la Postcommunion. Ce mystère sacré confère tout bien à l’homme ; il le soutient dans le voyage de cette vie, et il le met d’avance en possession de sa fin éternelle. L’œuvre du Fils de Dieu se développe de plus en plus ; les êtres vivants paraissent aujourd’hui sur notre terre ; les eaux et les airs se peuplent d’habitants. Dans les eaux, c’est déjà le mouvement de la vie ; dans les airs, c’est le mouvement, la vie, avec un chant vif et mélodieux, qui vient rompre enfin le solennel silence de la terre, où l’on n’avait encore entendu que le bruissement des arbres, lorsque le souffle des vents agitait leur feuillage. Les deux mondes, naturel et surnaturel, se pénètrent encore ici. Les eaux donneront naissance, par le saint Baptême, à d’autres poissons ; et de la terre s’élanceront vers le ciel, sur les ailes de la contemplation, d’autres oiseaux, lorsque le Seigneur créateur aura visité, sous la forme humaine, ce monde dont sa main puissante élabore successivement et sans effort les diverses et mystérieuses parties.
Sanctoral
Saint Benoît-Joseph Labre, Pèlerin, Mendiant, Cordigère franciscain (1748-1783)
Benoît-Joseph Labre naquit à Amettes, diocèse d’Arras, et fut l’aîné d’une famille de quinze enfants. Âgé de douze ans, il fut reçu chez son oncle paternel, curé d’Érin, pour faire ses études en vue du sacerdoce. Après la mort de son oncle, Benoît-Joseph passa chez son oncle maternel, vicaire de Conteville, où il ne fit que grandir dans la mortification et la prière. Son attrait était toujours vers le Saint-Sacrement devant lequel il s’abîmait des heures entières en contemplation. Il y avait longtemps que Benoît-Joseph aspirait à une vie plus parfaite: « Être prêtre est bien beau, disait-il; mais j’ai peur de me perdre en sauvant les autres. » Il finit par vaincre les résistances de ses parents et entre chez les Chartreux, espérant y trouver sa voie définitive. Il se trompait, car la Providence permet qu’il soit bientôt renvoyé par ses supérieurs, comme n’ayant pas la vocation de cet Ordre. La pensée de la Trappe, qu’il avait eue d’abord, lui revient; on ne l’y accepte pas. Ballotté de nouveau entre la Chartreuse et la Trappe, il est forcé de s’adresser enfin à Sept-Fonts, où ses scrupules, ses peines d’esprit et une maladie sérieuse donnent bientôt lieu à son renvoi. Toute sa réponse à tant d’épreuves était: « Que la Volonté de Dieu soit faite! » C’est alors que Dieu lui inspire cette vocation de pèlerin-mendiant qui devait le mener droit, par les chemins les plus ardus de la pénitence, à une éminente sainteté. Il n’aura plus de relations suivies avec personne, vivra en solitaire au milieu du monde, ira toujours à pied, cherchera tous les lieux consacrés par la dévotion. Il sera revêtu d’un habit pauvre et déchiré, qu’il ne changera point. Un chapelet à la main, un autre au cou, un crucifix sur la poitrine, sur les épaules un petit sac contenant tout son avoir, c’est-à-dire son Nouveau Testament, l’Imitation de Jésus-Christ et le Bréviaire: tel on verra Benoît-Joseph dans ses continuels pèlerinages. La pluie, le froid, la neige, la chaleur, rien ne l’arrête; il couche le plus souvent en plein air, il vit de charité, au jour le jour, sans rien réserver pour le lendemain; il ne prend que la plus misérable et la plus indispensable nourriture, et se fait lui-même pourvoyeur des pauvres. Souvent il est le jouet des enfants et de la populace; il est regardé comme un insensé; il souffre tout avec patience et amour. Rome, Lorette, Assise et une multitude d’autres lieux saints sont l’objet de sa dévotion. Il mourut à Rome, le 16 avril 1783.
Martyrologe
A Corinthe, l’anniversaire des saints martyrs Callixte et Charise, avec sept autres. Après avoir enduré divers supplices, ils furent tous noyés dans la mer.
A Saragosse, en Espagne, l’anniversaire de dix huit saints martyrs : Optat, Luperque, Successe, Martial, Urbain, Julie, Quintilien, Publius, Fronton, Félix, Cécilien, Evence, Primitif, Apodème, et quatre autres appelés Saturnin. Tous ensemble, ils furent cruellement torturés, puis mis à mort, sous Dacien, gouverneur d’Espagne. Le poète Prudence a décrit en vers leur glorieux martyre.
Dans la même ville, les saints Caïus et Crémence, qui, demeurant fermes dans la foi au Christ méritèrent, après une double confession, de participer au calice du martyre.
Dans la même ville encore, saint Lambert martyr.
Egalement à Saragosse, sainte Encratide, vierge et martyre. Après qu’on lui eut déchiré le corps, coupé un sein, arraché le foie, elle fut enfermée, vivante encore, dans un cachot et y demeura jusqu’à ce que son corps tombât en putréfaction.
A Palencia, saint Turibe, évêque d’Astorga. Soutenu par le pape saint Léon, il bannit entièrement de l’Espagne l’hérésie de Priscillien, puis, illustre par ses miracles, il reposa en paix.
A Braga, en Lusitanie, saint Fructueux évêque.
A Scissy (auj. Saint-Pair), au territoire de Coutances, en France, le trépas de saint Paterne, évêque d’Avranches et confesseur.
A Rome, l’anniversaire de saint Benoît-Joseph Labre, confesseur. Il fut remarquable par le mépris de lui-même et la pratique volontaire d’une extrême pauvreté.
A Valenciennes, en France, saint Druon confesseur.
A Nevers, en France, sainte Marie-Bernard Soubirous, vierge, de la Congrégation des Sœurs de la charité et de l’Instruction chrétienne. Toute jeune encore, elle fut favorisée à Lourdes de plusieurs apparitions de Marie Immaculée Mère de Dieu. Le pape Pie XI l’a inscrite au nombre des saintes vierges.
A Sienne, en Toscane, le Bienheureux Joachim, de l’Ordre des Servites de la bienheureuse Vierge Marie.
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