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Jeudi 14 mars – De la férie : messe du jeudi de la quatrième semaine de Carême – Sainte Catherine de Gênes, Veuve, Tertiaire franciscaine – Mathilde, Impératrice d’Allemagne († 968)

jeudi de la quatrième semaine de Carême 

De la férie : messe du jeudi de la quatrième semaine de Carême 

La Station est à l’Église de Saint-Sylvestre-et-Saint-Martin aux Monts, l’une des plus vénérées de la piété romaine. Élevée d’abord par le pape saint Sylvestre, dont elle a retenu le nom et le patronage, elle était consacrée, dès le VIe siècle, au grand thaumaturge des Gaules, saint Martin. Au VIIe siècle on y apporta de la Chersonèse le corps du saint pape Martin, qui avait mérité la couronne du martyre peu d’années auparavant. Cette Église a été le premier titre cardinalice de saint Charles Borromée, et, au siècle dernier, celui du Bienheureux cardinal Joseph-Marie Tommasi, savant liturgiste, dont on y vénère aussi le corps. Toutes les merveilles du plan divin pour le salut de l’homme sont réunies dans cette mystérieuse narration ; empressons-nous de les y découvrir, afin que nous n’ayons rien à envier à nos Catéchumènes. Cet enfant mort, c’est le genre humain que le péché a privé de la vie ; mais Dieu a résolu de le ressusciter. D’abord un serviteur est envoyé près du cadavre ; ce serviteur est Moïse. Sa mission est de Dieu ; mais, par elle-même, la loi qu’il apporte ne donne pas la vie. Cette loi est figurée par le bâton que Giézi tient à la main, et dont il essaie en vain le contact sur le corps de l’enfant. La Loi n’est que rigueur : elle établit un régime de crainte, à cause de la dureté du cœur d’Israël ; mais elle triomphe à peine de cette dureté ; et les justes dans Israël, pour être vraiment justes, doivent aspirer à quelque chose de plus parfait et de plus filial que la loi du Sinaï. Le Médiateur, qui doit tout adoucir en apportant du ciel l’élément de la charité, n’est pas venu encore ; il est promis, il est figuré ; mis il ne s’est pas fait chair, il n’a pas encore habité parmi nous. Le mort n’est pas ressuscité. Il faut que le Fils de Dieu descende lui-même. Élisée est la figure de ce divin Rédempteur.

Voyez comme il se rapetisse à la mesure du corps de l’enfant, comme il s’unit étroitement à tous ses membres dans le mystérieux silence de cette chambre fermée. C’est ainsi que le Verbe du Père, voilant sa splendeur au sein d’une vierge, s’y est uni à notre nature, et, « prenant la forme de l’esclave, s’est anéanti jusqu’à devenir semblable à l’homme », « afin de nous rendre la vie, et une vie plus abondante encore » que celle que nous avions eue au commencement. Observez aussi ce qui se passe dans l’enfant, et quelles sont les marques de la résurrection qui s’opère en lui. Sept fois sa poitrine se dilate, et il aspire, afin de marquer par ce mouvement que l’Esprit aux sept dons reprendra possession de l’âme humaine qui doit être son temple. Il ouvre les yeux, pour signifier la fin de cet aveuglement qui est le caractère de la mort : car les morts ne jouissent plus de la lumière, et les ténèbres du tombeau sont leur partage. Enfin considérez cette femme, cette mère : c’est la figure de l’Église qui implore de notre divin Élisée la résurrection de ses chers Catéchumènes, de tous les infidèles qui sont encore sous les ombres de la mort; unissons-nous à sa prière, et efforçons-nous d’obtenir que la lumière de l’Évangile s’étende de plus en plus, et que les obstacles qu’apporte à sa propagation la perfidie de Satan, jointe à la malice des hommes, disparaissent sans retour.

Aujourd’hui et demain encore, la sainte Église ne cesse de nous offrir des types de la résurrection : c’est l’annonce de la Pâque prochaine, et en même temps un encouragement à l’espérance pour tous les morts spirituels qui demandent à revivre. Avant d’entrer dans les deux semaines consacrées aux douleurs du Christ, l’Église rassure ses enfants sur le pardon qui les attend, en leur offrant le spectacle consolant des miséricordes de celui dont le sang est notre réconciliation. Délivrés de toutes nos craintes, nous serons plus à nous-mêmes pour contempler le sacrifice de notre auguste victime, pour compatir à ses douleurs. Ouvrons donc les yeux de l’âme, et considérons la merveille que nous offre notre Évangile. Une mère éplorée conduit le deuil de son fils unique, et sa douleur est inconsolable. Jésus est touché de compassion ; il arrête le convoi ; sa main divine touche le cercueil ; et sa voix rappelle à la vie le jeune homme dont le trépas avait causé tant de larmes. L’écrivain sacré insiste pour nous dire que Jésus le rendit à sa mère. Quelle est cette mère désolée, sinon la sainte Église qui mène le deuil d’un si grand nombre de ses enfants ? Jésus s’apprête à la consoler. Il va bientôt, par le ministère de ses prêtres, étendre la main sur tous ces morts ; il va bientôt prononcer sur eux la parole qui ressuscite ; et l’Église recevra dans ses bras maternels tous ces fils dont elle pleurait la perte, et qui seront pleins de vie et d’allégresse. Considérons le mystère des trois résurrections opérées par le Sauveur : celle de la fille du prince de la synagogue, celle du jeune homme d’aujourd’hui, et celle de Lazare, à laquelle nous assisterons demain. La jeune fille ne fait que d’expirer ; elle n’est pas ensevelie encore : c’est l’image du pécheur qui vient de succomber, mais qui n’a pas contracté encore l’habitude et l’insensibilité du mal. Le jeune homme représente le pécheur qui n’a voulu faire aucun effort pour se relever, et chez lequel la volonté a perdu son énergie : on le conduit au sépulcre ; et, sans la rencontre du Sauveur, il allait être rangé parmi ceux qui sont morts à jamais. Lazare est un symbole plus effrayant encore. Déjà il est en proie à la corruption. Une pierre roulée sur le tombeau condamne le cadavre à une lente et irrémédiable dissolution.

Pourra-t-il revivre ? Il revivra si Jésus daigne exercer sur lui son divin pouvoir. Or, en ces jours où nous sommes, l’Église prie, elle jeûne ; nous prions, nous jeûnons avec elle, afin que ces trois sortes de morts entendent la voix du Fils de Dieu, et qu’ils ressuscitent. Le mystère de la Résurrection de Jésus-Christ va produire son merveilleux effet à ces trois degrés. Associons-nous aux desseins de la divine miséricorde ; faisons instance, jour et nuit, auprès du Rédempteur, afin que, dans quelques jours, nous puissions, à la vue de tant de morts rendus à la vie, nous écrier avec les habitants de Naïm : « Un grand Prophète s’est levé « parmi nous, et Dieu a visité son peuple. »

Une commission canonique et médicale a constaté, en 1960, la continuation du phénomène d’incorruptibilité.

Sanctoral

Sainte Catherine de Gênes, Veuve, Tertiaire franciscaine

Catherine Fieschi, fille d’un vice-roi de Naples, naquit à Gênes. Sa famille, féconde en grands hommes, avait donné à l’Église deux Papes, neuf cardinaux et deux archevêques. Dès l’âge de huit ans, conduite par l’Esprit de Dieu, elle se mit à pratiquer de rudes mortifications; elle dormait sur une paillasse, avec un morceau de bois pour oreiller; mais elle avait soin de cacher ses pénitences. Elle pleurait toutes les fois qu’elle levait les yeux sur une image de Marie tenant Jésus mort dans Ses bras.

Malgré son vif désir du cloître, elle se vit obligée d’entrer dans l’état du mariage, où Dieu allait la préparer par de terribles épreuves à une vie d’une incroyable sainteté. Après cinq ans d’abandon, de mépris et de froideur de la part de son mari, après cinq ans de peines intérieures sans consolation, elle fut tout à coup éclairée de manière définitive sur la vanité du monde et sur les joies ineffables de l’amour divin: « Plus de monde, plus de péché, » s’écria-t-elle. Jésus lui apparut alors chargé de Sa Croix, et couvert de sang de la tête aux pieds: « Vois, Ma fille, lui dit-Il, tout ce sang a été répandu au Calvaire pour l’amour de toi, en expiation de tes fautes! » La vue de cet excès d’amour alluma en Catherine une haine profonde contre elle-même: « O amour! Je ne pécherai plus, » s’écria-t-elle. Trois jours après, elle fit sa confession générale avec larmes, et désormais elle communia tous les jours.  Les quatre premières années de sa conversion sont vouées à la pénitence. Caterina connaît le phénomène mystique de l’inédie (jeûne total), qu’elle prolongera durant 23 carêmes et 23 avents, tout en communiant chaque jour (fait rare à l’époque). L’Eucharistie devint la nourriture de son corps et de son âme, et pendant ces vingt-trois ans il lui fut impossible de prendre autre chose que la Sainte Communion; elle buvait seulement chaque jour un verre d’eau mêlée de vinaigre et de sel, pour modérer le feu qui la dévorait, et, malgré cette abstinence, elle jouissait d’une forte santé. *

À l’abstinence continuelle se joignaient de grandes mortifications; jamais de paroles inutiles, peu de sommeil; tous les jours six à sept heures de prière à genoux; jamais Catherine ne se départit de ces règles; elle était surtout si détachée d’elle-même, qu’elle en vint à n’avoir plus de désir et à se trouver dans une parfaite indifférence pour ce qui n’était pas Dieu. De 1477 à 1496 se multiplient les expériences extatiques ; elle ne néglige pas pour autant l’hôpital où, pour se consacrer au service des malades indigents, elle se fait fille de salle. Entre-temps, son mari a changé de vie, et, devenu tertiaire franciscain, s’est engagé, lui aussi, à l’hôpital de Pammatone ; ils ont décidé de vivre comme frère et sœur ; Giuliano meurt en 1497. Ses trois maximes principales étaient de ne jamais dire: Je veux, je ne veux pas, mien, tien ; – de ne jamais s’excuser ; – de se diriger en tout par ces mots: Que la Volonté de Dieu soit faite! Elle meurt le 15 septembre 1510. Lorsqu’au bout de dix-huit mois, le corps de la sainte est exhumé pour être transféré de l’église de l’hôpital vers un tombeau neuf, il est retrouvé intact. Depuis 1737, année de la canonisation de Caterina par le pape Clément XII, il se trouve placé sous une châsse de verre. Une commission canonique et médicale a constaté, en 1960, la continuation du phénomène d’incorruptibilité.

A Halberstadt, en Germanie, le paisible sommeil de la bienheureuse reine Mathilde, mère d’Othon Ier, empereur des Romains.

Sainte Mathilde, Impératrice d’Allemagne († 968)

Patronne des familles nombreuses et est invoquée pour venir en aide aux parents en conflit avec leurs enfants. Sainte Mathilde eut pour ancêtre et pour descendants des princes remarquables, des héros fameux et de grands saints. Elle naquit dans les dernières années du IXe siècle. Sa mère, après la mort de son époux, quitta le monde et entra dans un monastère. Mathilde fut élevée par des religieuses, sous les yeux maternels. Cette éducation produisit des fruits merveilleux, et l’on ne savait ce qu’il fallait admirer davantage en elle de sa beauté, de ses progrès dans les sciences ou de son habileté dans les travaux de son sexe. Le duc Othon de Saxe, ravi de tant de belles qualités, rehaussées par une piété rare, la demanda en mariage pour son fils Henri, qui, peu d’années après, devenait empereur d’Allemagne, sous le nom d’Henri Ier. Ce prince était digne d’une telle épouse. Rarement époux eurent une si noble famille: Othon, leur fils aîné, devint empereur et mérita le titre de Grand; Brunon fut archevêque de Cologne, et l’Église l’a mis au rang des saints; une de leur filles fut reine de France.

Mais la gloire de Mathilde, c’est avant tout sa sainteté. Dieu rompit bientôt les liens de ce mariage, dont l’amour divin était l’âme et dont les saintes oeuvres étaient la joie; Henri mourut, jeune encore, malgré les soins dévoués de sa sainte épouse, et sa mort fut pour Mathilde l’objet d’une longue et profonde douleur. Dès lors le monde ne fut plus rien pour elle, et elle ne s’occupa que de sa sanctification.

L’oraison, les jeûnes, l’aumône, la mortification, remplirent sa vie, et les nuits suppléaient à la brièveté des jours pour prolonger ses colloques intimes avec Jésus-Christ. Elle avait coutume de réciter tout le Psautier avant le premier chant du coq. Les pauvres recevaient ses premières et ses dernières visites; elle savait si bien suffire à toutes leurs nécessités, qu’ils n’avaient qu’une voix pour l’appeler leur mère. L’épreuve est le creuset de la vertu. L’empereur, prévenu contre sa mère, l’exila; mais ce coup douloureux, qu’elle supporta avec une angélique patience, fut bientôt suivi d’une éclatante réparation. Peu de temps avant sa mort, Mathilde se retira dans un couvent pour se préparer à la mort. On la vit descendre au rang des simples religieuses, remplir avec joie les plus viles fonctions, et donner à toute la communauté l’exemple d’une régularité parfaite. Elle mourut couchée sur un cilice recouvert de cendres, le 14 mars 968.

Martyrologe

A Rome, au Campo Verano, saint Léon, évêque et martyr.

A Rome encore, l’anniversaire de quarante-sept bienheureux martyrs, qui furent baptisés par le bienheureux apôtre Pierre, pendant qu’il était enfermé dans la prison Mamertine avec Paul son compagnon d’apostolat, détention qui dura neuf mois. Tous persévérèrent dans la généreuse profession de leur foi et moururent par le glaive, sous Néron.

Dans la province de Valérie, deux saints moines que les Lombards firent mourir en les pendant à un arbre. Après qu’ils eurent cessé de vivre, leurs ennemis les entendirent encore psalmodier sur l’arbre les louanges de Dieu.

Durant la même persécution, un diacre de l’Église du pays des Marses eut la tête tranchée pour avoir confessé sa foi.

En Afrique, les saints martyrs Pierre et Aphrodise, qui reçurent la couronne du martyre pendant la persécution des Vandales.

A Oarrhes, en Mésopotamie, saint Eutyche patrice, et ses compagnons. Ils furent massacrés par Evelid, roi des Arabes, pour avoir confessé la foi.

A Halberstadt, en Germanie, le paisible sommeil de la bienheureuse reine Mathilde, mère d’Othon Ier, empereur des Romains: elle fut remarquable par sa patience et son humilité.

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