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Jésus, les historiens et les mythistes

• Il s’appelle Éric Leser. Il se dit journaliste et il essaie de montrer, sur le très conformiste site Slate, que Jésus-Christ n’a jamais existé. La preuve ? « Aussi étonnant que cela puisse paraître », on n’a jamais pu retrouver « son certificat de décès » (sic, 12 juillet 2015).

• Il s’appelle Christian Eyschen. Il est porte-parole de l’AILP (Association Internationale de la Libre Pensée). Il dénonce, lors d’un congrès de cette organisation, « la pseudo-existence de l’escroc nommé Jésus-Christ, qui n’a jamais existé » (sic, 27 août 2019).

• Il s’appelle Michel Onfray. Il soutient en 2005, dans son Traité d’athéologie, que Jésus ne peut être un vrai homme car, dans l’évangile, « il n’a pas faim, ni soif, il ne dort jamais » (sic, p. 157) ¹.

• Il s’appelle Francesco Caretta. Depuis 1999, il proclame que Jésus Christ n’est que la déification de la figure de Jules César. Outre l’identité des initiales J.C. – si surprenante, n’est-ce pas, entre deux personnages ayant vécu « presque » à la même époque dans le même Empire romain – il a en effet remarqué, qu’on trouve dans la vie de chacun des deux un cours d’eau (le Rubicon, le Jourdain), une femme (Cléopâtre, Marie-Madeleine) et un traître (Brutus, Judas). Si l’on ajoute que César a été en Gaule (Gallia), tandis que Jésus a vécu en Galilée, dont le nom est étrangement similaire (Galilea), comment ne pas conclure à l’identité des deux personnages ?

Avouons-le franchement : les arguments des négateurs de l’existence historique de Jésus Christ – dit mythistes – sont souvent d’une indigence qui décourage le commentaire. Aussi, quand on découvre dans Le Sel de la terre 115 un long article intitulé « Jésus face aux mythistes », on se demande d’abord s’il était nécessaire de consacrer 44 pages à ces farfelus.
Mais en fait, plus que des « mythistes », l’article traite des sources historiques sur Jésus.
En se limitant aux deux premiers siècles, il recense cinquante auteurs – chrétiens, juifs ou païens – affirmant tranquillement l’existence de Jésus, alors qu’il n’y a, en face, pas un seul négateur.
Parmi les textes les plus importants, l’article examine de près :
– les épîtres de saint Paul, dont tous les historiens (même mythistes) admettent l’authenticité, et qui apportent déjà pas mal d’éléments ;
– la très curieuse lettre de Mara bar Sérapion (vers l’an 73), dont les spécialistes discutent beaucoup depuis 20 ans ;
– la notice de Flavius Josèphe (vers l’an 93), avec et sans les trois phrases dont l’authenticité est aujourd’hui débattue ;
– le témoignage de Tacite (vers 110) et les sources d’information dont celui-ci disposait ;
– les deux mentions de Suétone (vers 119),
– enfin, le témoignage des différents ennemis de l’Église, au 2e siècle.
Indépendamment des « mythistes », qu’on ne rencontre pas forcément tous les jours, il est intéressant de connaître l’état actuel des travaux sur chacun de ces documents.

Quant au « mythisme », il est aujourd’hui favorisé par la généralisation du mensonge, qui entraîne automatiquement, par réaction, la généralisation du doute.
Découvrant combien les prétendues « élites » leur mentent, les Français sont de plus en plus tentés de jeter le bébé avec l’eau du bain et de nier systématiquement tout ce qu’ils ne peuvent pas personnellement vérifier. Et comme, en même temps, Internet rend accessibles même les thèses les plus farfelues qui ne touchaient autrefois que des cercles marginaux, quelques solides références contre les « mythistes » peuvent toujours être utiles.

Le Sel de la terre
Couvent de la Haye-aux Bonshommes – 49240 Avrillé
Sommaire du numéro 115 (hiver 2020-2021)

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¹— Michel Onfray donne d’autres arguments, tous du même niveau. Il juge invraisemblable que Jésus ait pu dialoguer avec Pilate, car « Ponce Pilate parle latin et Jésus araméen » (p. 161). Apparemment, il n’a jamais entendu parler du grec, langue officielle de la partie orientale de l’Empire romain. — Il nie la crucifixion, car « l’histoire témoigne : à l’époque, on lapide les juifs, on ne les crucifie pas » (p. 162). Tant pis pour Flavius Josèphe, qui témoigne si souvent du contraire (Guerre des juifs, livre 1, § 97 et 113 ; livre 2 § 72, 241, 252, 305 ; livre 3 § 316 ; livre 5, § 284, 446 ; etc.) — Il imagine que les évangélistes ont donné à Pilate le titre de « procurateur » (p. 161), alors qu’on ne trouve ce mot que dans une traduction latine, etc. — Il est vrai qu’Onfray se veut philosophe, et non historien. Mais comment qualifier l’éditeur Grasset qui publie sans rougir et diffuse à des centaines de milliers d’exemplaires un ouvrage dont chaque page contient trois ou quatre énormités de ce genre ?

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