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“Iuvenescit Ecclesia” la lettre de la Congrégation pour la doctrine de la Foi sur les mouvements charismatiques : unis pour une Église en sortie

“Iuvenescit Ecclesia”, Rajeunir l’Eglise. C’est la dernière lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, datée  du 16 mai 2016, Solennité de la Pentecôte, qui traite « des relations entre les dons hiérarchiques et charismatiques pour la vie et la mission de l’Église ». Elle a été rendue publique mardi 14 juin 2016 au cours d’une conférence de presse au Vatican présidée par le Cardinal Gerhard Müller, Préfet de la congrégation, ainsi que par le préfet de la Congrégation pour les évêques, le cardinal Marc Ouellet, en présence du Père Frederico Lombardi, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège et de Monseigneur Piero Coda, membre de la Commission théologique internationale.

Lettre théologique, elle est destinée avant tout aux évêques afin qu’ils puissent reconnaître les différents charismes au sein des Églises locales, qu’il s’agisse de mouvements, de communautés nouvelles, d’associations diocésaines ou de laïcs.

Comment intégrer les nouvelles réalités charismatiques qui se sont développées après le Concile Vatican II ? Comment mettre en valeur les rapports dynamiques entre les réalités ecclésiales locales et la hiérarchie ? Comment discerner, surtout ces dons pour qu’ils puissent rester fidèles au Magistère et bénéficier d’un caractère ecclésial authentique ? Autant de questions à laquelle ce texte répond. « Il s’agit d’un cadre conceptuel et spirituel dont la finalité est de rassembler des réalités très diverses », a souligné le Père Federico Lombardi, en ayant toujours à l’esprit l’unité de l’Église.

L’élaboration de ce document de 32 pages, divisée en 5 chapitres et 24 paragraphes, a débuté en 2000 et sa publication ordonnée par le pape François le 14 mars dernier, durant l’audience concédée au cardinal Müller.

« Dépasser les oppositions » entre les dons hiérarchiques et charismatiques parce que « l’Église n’est pas un Parlement » est l’objectif de cette lettre a expliqué le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. « Le vieux temps des batailles est terminé » parce que la direction vers où cheminer est « la synodalité » a-t-il continué. C’est le vœu du pape François de « s’unir pour une Église en sortie » vers  un monde « où tellement de personnes ne connaissent pas Dieu et non aucune orientation dans la vie. » Les dons hiérarchiques, c’est-à-dire ceux conférés par le sacrement de l’ordination, et les dons charismatiques, librement distribués par le Saint-Esprit, sont « co-essentiels » à la vie de l’Église a-t-il souligné parce qu’« ils concourent ensemble à rendre présent le mystère du Christ et son œuvre salvifique dans le monde » lit-on dans le document.

Cette lettre a pour point de départ l’encyclique Evangelii Gaudium du pape François et son invitation à être une Église « en sortie » afin de promouvoir la nouvelle évangélisation « imprescriptible » : « c’est donc plus que jamais nécessaire de reconnaître et de valoriser les nombreux charismes capables de réveiller et d’alimenter la vie de foi du Peuple de Dieu. »

C’est donc une invitation « à une réciproque collaboration » entre les évêques et les mouvements ou congrégations nés après le Concile Vatican II pour « un renouveau  de l’élan missionnaire ecclésial » : « Dans l’époque post-conciliaire nous avons assisté à un épanouissement inattendu et puissant de tant de ces réalités, favorisant aussi la naissance d’une réflexion sur les charismes, comme jamais auparavant dans la vie de l’Église » a dit au cours de la conférence de presse le cardinal Müller.

Cette lettre qui reconnaît et admet au sein de l’Église les mouvements charismatiques qui se sont développés à partir des années 1970 à la suite du Concile Vatican II a pour but de légiférer sur eux et de mieux les contrôler. S’ils ont souvent un statut diocésain ou de droit pontifical, leur intégration dans la vie diocésaine est plus ou moins aboutie selon les lieux et les mouvements. « C’est ouvert pour eux le temps de la maturité ecclésiale » et d‘ »une communion, relation et synergie ordonnées, en vue d’un nouvel élan missionnaire ecclésial et de cette « conversion pastorale » à laquelle nous appelle continuellement le pape François » explique le cardinal Müller.

“Iuvenescit Ecclesia” est bien dans la ligne du décret conciliaire Lumen Gentium – d’ailleurs le cardinale Müller et la lettre elle-même en citent de nombreux passages –  sur l’Église qui est définie essentiellement, et nous reprenons les termes d’une analyse critique de l’Abbé Gabriel Billecocq, prêtre de la FSSPX,  comme « une union, un peuple, une assemblée qui vit en communion et se sauve dans la mesure où est réalisée sur terre cette communion ou unité », comme « le Peuple de Dieu » , « qui traite de la question d’un sacerdoce commun aux fidèles et aux prêtres (…) Pour certains Pères conciliaires, c’est le sacerdoce commun des fidèles, de sorte que l’Église n’est plus d’abord une hiérarchie, mais devient l’unité d’un peuple (orientée d’ailleurs vers l’unité du genre humain) : les laïcs consacrent le monde à Dieu est-il dit. Ce n’est pas en vain que les évêques ont même demandé la participation des laïcs jusqu’au sein même de la curie romaine (…) C’est  une ouverture à la participation active des laïcs dans la liturgie, et à leur importance au sein de l’Église. »

Elle est également dans la ligne de ce décret de Vatican II puisqu’elle encourage cette posture, fruit du Concile, qui consiste à promouvoir l’idée de dons charismatiques décernés par le Saint-Esprit à la multitude des fidèles. Lumen Gentium, en son temps, a changé les caractéristiques de la sainteté : « la vocation universelle à la sainteté est une réalité : le Bon Dieu appelle tous les hommes à la sainteté. Mais celle-ci n’est pas une affaire banale ou ordinaire. Elle nécessite l’héroïcité des vertus et particulièrement des vertus théologales. Or le texte gomme cette héroïcité. C’est tout l’aspect de sacrifice, de mortification et de vie intérieure qui s’effondre par là même. La sainteté devient quelque chose de commun » analyse l’abbé Billecocq. La conséquence en fut  la prolifération des mouvements charismatiques dans lesquels les fidèles se croient inspirés continuellement par le Saint-Esprit puisqu’ils pensent être, d’une part, investis d’un sacerdoce laïc, et, d’autre part, correspondre aux nouveaux critères de sainteté mis à la mode à Vatican II ce qui leur fait accroire qu’ils ont des dons charismatiques, de guérisons, de prophéties, des langues etc. Comme les saints traditionnels !

Le pape François, le cardinal Müller, le cardinal Ouellet, et tous les autres, par cette nouvelle lettre « Iuvenescit Ecclesia” démontrent, s’il en est encore besoin, qu’ils sont bien conformes à la pensée, à la philosophie et à la théologie post-conciliaires en rupture avec la Tradition bi-millenaire de l’Église catholique : il n’y a là aucune rupture entre eux et Vatican II mais bien continuité. Et ce n’est pas l’Église catholique qui rajeunit mais la nouvelle église conciliaire qui s’éloigne de plus en plus de la saine doctrine catholique, « cette fausse église [qui] est en rupture toujours plus profonde avec l’Église catholique » (lettre de Mgr Lefebvre à Mgr Castro-Mayer, 4 décembre 1990.)

Francesca de Villasmundo

http://press.vatican.va/content/salastampa/it/bollettino/pubblico/2016/06/14/0436/00982.html

http://www.repubblica.it/vaticano/2016/06/14/news/papa_mueller_movimenti-141987813/

http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20160516_iuvenescit-ecclesia_fr.html

http://www.toscanaoggi.it/Vita-Chiesa/Iuvenescit-Ecclesia-doni-gerarchici-e-carismatici-coessenziali-alla-Chiesa

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