« En Italie, à ce qu’il paraît la mort est victorieuse sur la vie ».
Tel est le commentaire désabusé de six curés italiens après qu’a été votée la loi sur le biotestament ou D.A.T (dispositions anticipées de traitement) par le parlement italien. En signe de chagrin, ils ont fait sonner le glas pour bien montrer leur désapprobation concernant ce texte qui ne dit pas son vrai nom puisqu’il introduit de façon détournée la possibilité de l’euthanasie. Ils ont également publié un avis de décès.
Une note diffusée explique la raison de ce geste de deuil :
« Avec ce geste, ils ont voulu attirer l’attention de leur communauté sur ce funeste événement législatif qui créera de nombreux problèmes, minera à la base la certitude de l’indisponibilité de la vie humaine. Ils invitent aussi tout le monde à une sérieuse réflexion, à modifier substantiellement la loi au Sénat, et à la révoquer comme inutile, puisqu’on peut se référer déjà aux lois sur l’acharnement thérapeutique et les soins palliatifs. » L’avis de décès stipule quant à lui : « Les cloches sonnent le glas parce que la Vie est victime de la mort de l’avortement à l’euthanasie contenue dans les D.A.T. Avec ces dernières, l’Italie a choisi de faire mourir, non de faire vivre. Santé. »
Le texte de loi sur la fin de vie, appelé également « le testament biologique », introduit la possibilité de l’euthanasie en Italie sous couvert de se battre contre l’acharnement thérapeutique :
Il « introduit la possibilité, explique le journal La Croix, pour toute personne majeure de rédiger ou d’enregistrer en vidéo des dispositions anticipées dans lesquelles elle exprime ses volontés – révisables ou révocables – relatives à sa fin de vie. Il permet à un patient en phase terminale de refuser tout traitement et autorise une sédation palliative « profonde et continue provoquant une altération de la conscience », jusqu’au moment du décès. Le médecin soignant est tenu de « respecter la volonté du patient » et est « exempt de toute responsabilité civile ou pénale ». Un médecin peut néanmoins refuser de débrancher une machine tenant en vie son patient mais un autre médecin doit alors intervenir pour faire respecter les dispositions du patient. En ce qui concerne une personne en incapacité ou un mineur, le projet de loi prévoit qu’un tuteur légal ou sa famille la plus proche puisse prendre une décision à sa place.
Dans la mesure où la loi interdit « tout acharnement thérapeutique » envers un patient atteint d’une maladie grave et incurable, et dont le pronostic vital est engagé à court terme, il est possible de refuser une trachéotomie ou un respirateur artificiel. Mais aussi la nutrition et l’hydratation artificielles. Suivant le principe selon lequel toute personne a droit à une fin de vie digne et apaisée, le patient doit être accompagné, jusqu’au dernier moment, par un médecin veillant à lui épargner des souffrances insupportables, à travers l’administration de sédatifs.»
Cette loi a passé le premier obstacle hier vendredi 21 avril, avec 326 voix pour et 37 contre, grâce à l’alliance entre Le Parti Démocrate, le parti M5S et la Gauche Italienne. La Ligue du Nord et Forza Italia s’y sont opposées.
Le président de la Conférence épiscopale italienne, le cardinal Bagnasco a également émis quelques réserves :
«C’est un texte dans lequel nous ne pouvons pas nous reconnaître (…) [un texte] adapté à un sujet abstrait, qui se considère maître absolu d’une vie qu’il ne s’est pas donné. En outre, il rompt le lien entre médecin et patient. »
Le cardinal rappelle pareillement que
« l’Église n’a jamais soutenu l’acharnement thérapeutique, en le considérant une situation précise à exclure ; l’attention à la personne, cependant, nous porte avec autant de force à contester l’abandon des soins thérapeutiques. Le malade doit être accompagné à chaque moment que se soit du point de vue thérapeutique que de celui relationnel. Cette proximité fait la différence. »
Francesca de Villasmundo
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