Pourtant des premiers signes de l’ouverture du premier ministre sur le MES sont là. Giorgia Meloni tout en disant non à l’utilisation de ce mécanisme souligne qu’elle laissera le Parlement en débattre et le ratifier :
« L’Italie ne l’utilisera pas mais ne bloquera pas la réforme que toute l’Europe a déjà signée ».
Le MES, le fonds de sauvetage de la zone euro, un instrument « peu utile »
Giorgia Meloni s’est engagé auprès des Italiens en annonçant que son gouvernement n’utilisera pas le MES, le fonds de sauvetage de la zone euro, y voyant donc un instrument « peu utile » et préférant laisser le Parlement débattre de la ratification de sa réforme. « La question que je voudrais poser, avant d’entrer dans le débat qui aura lieu au Parlement sur la ratification ou non de quelque chose de peu utile, est : peut-on rendre cet outil utile ?», a-t-elle encore déclaré dans la même émission de télévision Porta a Porta diffusée sur la chaîne publique Rai 1.
Créé en 2012, le MES emprunte sur les marchés financiers pour fournir des crédits à taux bonifié aux Etats de la zone euro en difficulté, qui doivent en contrepartie mettre en œuvre des réformes pour améliorer leur compétitivité et assainir leurs finances publiques. Il dispose d’une capacité de prêt maximum de 500 milliards d’euros destinés à aider, en cas de difficultés financières, les pays partageant la monnaie unique. Selon 70 économistes italiens parmi les plus qualifiés, contraires au MES, ce mécanisme n’est qu’un instrument de contrôle de bureaucrates non élus.
Le recours à ce mécanisme est assorti de conditions de réformes strictes, comme celles imposées à la Grèce lors de son renflouement en 2015, lorsque le gouvernement de gauche de l’époque avait perdu l’accès aux marchés financiers. Condition sine qua non aux versement : les plans d’austérité mêlent coupes massives dans les budgets des institutions et de la redistribution sociale, baisses des salaires, réformes des retraites, privatisations diverses et hausses de taxes et d’impôts en tous genres, accompagnés d’une chasse musclée à la fraude. Le peuple grec a subi les effets de la récession économique de plein fouet. La violente austérité budgétaire qui a suivi a de surcroît alimenté la casse sociale, renforçant le sentiment d’humiliation du pays placé de fait sous tutelle européenne. Pour de nombreux économistes tels que le président de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) Xavier Ragot ou le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz les mesures d’austérité exigées ont eu un effet contreproductif sur l’économie grecque. Le MES a donc lamentablement échoué à gérer la crise grecque, la Grèce sombrant dans une récession sans fin et un appauvrissement global de sa population.
Le MES n’est pas un instrument d’aide, mais de contrôle de bureaucrates non élus
Ainsi que l’écrivent les 70 économistes italiens, le MES « ne sert pas à « sauver les États » mais à les soumettre à une sorte de « mise sous séquestre » à travers les fameuses « conditionnalités ». Le MES n’est pas un instrument d’aide, mais de contrôle, un contrôle confié à des agents sans aucune légitimité démocratique et dont la mission statutaire est d’agir « dans l’intérêt du créancier », quelles qu’en soient les conséquences provoquées au pays sous son autorité ».
« Ce mécanisme, rappelle la page économique du Figaro, fait l’objet d’une profonde méfiance en Italie, où il est considéré comme un instrument de l’austérité imposée par l’Europe du nord aux pays du sud. Début 2021, les Etats membres de la zone euro avaient signé un traité renforçant le rôle de ce fonds, ouvrant la voie à sa ratification par les Parlements nationaux avant son entrée en vigueur »
Pour l’heure, l’Italie est le seul pays de la zone euro à ne pas avoir ratifié la réforme.
Francesca de Villasmundo
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