Les aspect les plus funestes de cette loi sont nombreux puisqu’elle autorise le patient à refuser ou interrompre toutes les traitements, même ceux salvateurs, ainsi que l’hydratation et la nutrition, lesquelles ne sont pas des thérapies et que l’on ne pouvait refuser jusqu’à hier. La ventilation n’est pas nommée mais implicitement elle fait partie également des différents traitements qui peuvent être écartés dorénavant.
« Non seulement on légitime l’euthanasie par omission, moi médecin je veux te laisser mourir en ne te donnant pas les thérapies utiles pour vivre, mais aussi l’euthanasie active, moi médecin, par exemple, je débranche la perfusion qui t’alimente et d’hydrate et ainsi tu pourras mourir »,
commente le quotidien italien catholique La Nuova Bussola Quotidiana qui continue :
« Non seulement le patient pourra se soustraire aux soins en ne s’y soumettant pas et ainsi fermer les yeux pour toujours mais il pourra demander au médecin qu’il l’aide à mourir. […] Ce n’est pas une loi contre l’acharnement thérapeutique comme ils veulent nous la vendre mais bien une loi en faveur de l’euthanasie. […] Toutes les circonstances et toutes les motivations sont valables pour demander à mourir… non seulement les patients en phase terminale mais aussi ceux qui peuvent guérir, les handicapés, les sains, y compris les personnes âgées, peuvent accéder à l’euthanasie d’État. Quiconque quelle que soit sa condition. […] Concernant les motivations, chaque raison est bonne pour mourir et il n’y a même pas l’obligation de l’exposer au médecin, ni de la vérifier ni de l’indiquer sur le dossier médical. Donc on peut demander à mourir pas uniquement parce qu’on souffre horriblement mais aussi parce qu’on est déprimé, triste à cause d’une délusion amoureuse ou d’une affaire qui a mal tournée, fatigué tout simplement de vivre parce qu’on est vieux, etc. Il suffira, dans la pratique, d’endormir la personne et la faire mourir de soif et de faim. La loi italienne sur l’euthanasie devient ainsi la norme la plus permissive qui existe au niveau mondial…»
La Nuova Bussola Quotidianna précise que le médecin n’a pas
« le droit à l’objection de conscience. Donc si le patient demande à mourir, le médecin devra obéir, il sera contraint d’accomplir un assassinat. »
Certains en Italie considèrent que la ligne « fluide » du pape François a été décisive sur ce texte. Dans un long article, le quotidien Il Giornale fait le constat que depuis l’avènement de Jorge Maria Bergoglio le regard de l’Église sur la fin de vie a changé et a donc pu influencer le vote au Sénat :
« Peut-être hier au Sénat les choses auraient été différentes sans le discours que le pape François a adressé le mois dernier à Mgr Paglia, président de l’Académie pontificale pour la Vie. Une intervention qui certainement avait confirmé le catéchisme de l’Église catholique sur les phases terminales de l’existence et la souffrance qui les accompagnent mais en même temps en avait rénové l’exégèse. Papa Bergoglio avait rappelé qu’avec la renonciation à l’acharnement thérapeutique on ne veut pas « procurer la mort » mais plutôt « on accepte de ne pouvoir l’empêcher. » Le pontife avait observé comment aujourd’hui « il est possible de prolonger la vie dans des conditions que l’on ne pouvait même pas imaginer dans le passé » en relevant que « les interventions sur le corps humain deviennent toujours plus efficaces, mais ne sont pas toujours concluantes : elles peuvent soutenir des fonctions biologiques devenues insuffisantes, ou même les remplacer, mais cela n’équivaut pas à promouvoir la santé ». Il invitait « à ne pas insister avec des traitements qui produisent des puissants effets sur le corps mais parfois ne bénéficient pas au bien intégral de la personne. »
Il Giornale continue :
« La doctrine ne change pas mais avec Bergoglio il semble possible de la lire de manière plus conciliante par rapport à l’adhésion ferme de Benoît XVI qui en 2009 avait averti les fidèles que « la réponse à la souffrance ne peut jamais être la mort ». Avec l’approbation du bio-testament émergent deux visions à l’intérieur de l’Église. […] Une est celle d’une sévère condamnation de la loi, exprimée par la CEI (Conférence épiscopale italienne). Pour Don Massimo Angelelli, directeur du Service national pour la pastorale de la santé, il s‘agit d’une norme qui « laisse perplexe sur beaucoup de points » et dans laquelle « comme Église catholique nous ne pouvons nous reconnaître en rien ». Pour Angelelli « c’est une erreur de considérer l’alimentation et l’hydratation comme thérapies. Boire et manger sont des droits inaliénables. » La position de l’Osservatore romano est plus précautionneuse : « Il s’agit d’une loi controversée sur laquelle on a beaucoup débattu » écrit le quotidien du Saint-Siège, ajoutant que le texte prévoit « dans le respect de la Constitution » qu’« aucun traitement sanitaire ne puisse être commencé ou poursuivi sans le consentement libre et informé de la personne intéressée ».
Ainsi, en n’exprimant pas des positions claires et ancrées dans la doctrine constante de l’Église catholique, comme l’article d’Il Giornale le démontre, mais, au contraire, en ayant des propos sujets à de multiples interprétations contradictoires, le pape François ouvre donc un nouveau front de contestation et de division au sein du monde catholique italien et mondial. Pour le plus grand profit de la culture de mort !
Francesca de Villasmundo
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