La Cisjordanie dans le viseur d'Israël
La Cisjordanie dans le viseur d’Israël

Israël continue d’étendre le conflit au Moyen-Orient : la Cisjordanie en ligne de mire bien qu’elle n’ait joué aucun rôle le 7 octobre. Elle a subi une féroce vengeance israélienne.

L’opération israélienne en Cisjordanie

Alors que la boucherie dans la très peuplée bande de Gaza ne cesse, Israël fait encore monter les enchères et vise la Cisjordanie, la deuxième région habitée par des Palestiniens. Une action qui a débuté mercredi 28 août avec le blitz qui a eu lieu dans le nord, à Jénine. Selon Tel-Aviv, ce serait une réponse aux attaques menées par les Palestiniens, derrière lesquels se cacherait l’habituel Iran.

L’objectif officiel de Tsahal est de détruire les « chaînes de montage » palestiniennes pour fabriquer des bombes, identifiées précisément dans les zones mentionnées. Puis, toujours officiellement, d’arrêter les terroristes qui seraient prêts à attaquer dans la même région.

En bref, il s’agirait d’une démarche « préventive », mais il est tout aussi naturel que Tel-Aviv le qualifie ainsi. Selon les analystes, l’opération est très similaire à l’attaque préventive survenue le dimanche précédent au Liban : donc destruction d’armes et de terroristes en vue de nouvelles actions militaires. Entre-temps, des sources palestiniennes parlent de « guerre ouverte » en cas de poursuite des activités israéliennes en Cisjordanie.

La « Terreur israélienne »

Analyse ridiculisée par Gideon Levy, qui explique dans Haaretz comment en réalité l’intensification des attaques palestiniennes est « une évolution prévisible et compréhensible compte tenu de ce qui s’est passé en Cisjordanie pendant les 11 mois de guerre à Gaza » :

« Au cours de ces 11 mois de conflit, en fait, Israël a mis en pièces la Cisjordanie, tout comme il le fait actuellement avec les rues de Tul Karm et de Jénine ; il n’en reste plus rien. Il s’agit de la période la plus difficile pour les Palestiniens depuis l’opération Bouclier défensif de 2002, et encore plus difficile parce qu’elle se déroule à l’ombre d’une autre agression encore plus barbare à Gaza. Mais contrairement à l’opération Bouclier défensif, l’attaque actuelle n’a aucune raison ni justification. Israël a exploité la guerre à Gaza pour provoquer des troubles en Cisjordanie. La réaction est arrivée tardivement, mais elle est arrivée. »

Un assaut, celui israélien en Cisjordanie, auquel participent l’armée, les renseignements et les colons, se confondant parfois les uns avec les autres, surtout lorsque, continue Gideon Levy, « les stormtroopers des avant-postes [les colons ndlr] en uniforme entrent en action : ils sont les équipes d’intervention d’urgence, qui confèrent une légitimité à tout pogrom. L’armée se garde bien d’intervenir. […] Dans ce contexte, la déclaration d’une source militaire de haut niveau mettant en garde contre la violence des colons était incroyablement audacieuse. « La terreur juive cause de graves dommages à la sécurité en Cisjordanie », a-t-il dénoncé. »

Un autre journaliste de Haaretz, Zvi Bar’el, va encore plus loin et dénonce « une organisation terroriste à la tête du gouvernement israélien » :

« Le gouvernement d’Israël, écrit Bar’el, s’est transformé en une organisation terroriste, avec Ben-Gvir comme bras militaire. Et tout comme au sein du Hamas, il n’y a pas de différence entre les ailes militaire et politique, même si le Hamas « externe » n’a pas de contrôle réel sur ce qui se passe sur le champ de bataille et n’est pas en mesure de dicter les mouvements à Yahya Sinwar, donc Benjamin Netanyahu, le chef du « bras politique », n’est ni capable ni désireux d’éviter le danger que Ben-Gvir fait peser sur Israël. Cela étant, lui et son cabinet sont devenus complices de ses actes. »

Le massacre en Cisjordanie

L’article de Levy dissèque le massacre actuel de la Cisjordanie :

« Le 7 octobre n’a pas été un jour tragique seulement pour nous, il l’a aussi été pour les Palestiniens. Il n’y a plus de mots pour décrire ce qu’Israël a fait dans la bande de Gaza, mais il ne s’est pas non plus épargné en Cisjordanie, avec les encouragements des membres du cabinet kahaniste et le silence du Premier ministre, des autres ministres et de l’opinion publique.

« Au cours des dernières semaines, j’ai visité Jénine, Tul Karm, Qalqilyah, Ramallah et Hébron. Rien ne ressemble à la réalité du 6 octobre, même si la Cisjordanie n’a joué aucun rôle dans l’attaque du 7 octobre. Le 8 octobre, trois millions de Palestiniens ont pris conscience d’une nouvelle réalité, même si la précédente n’avait pas été humaine ou légitime. Poussés par une fureur vengeresse et désireux de saisir l’opportunité, la botte israélienne a été appuyée sans pitié et encore plus fort sur le cou de la Cisjordanie.

« Des dizaines de milliers d’acres ont été expropriés et volés ces derniers mois ; il ne reste pratiquement plus une seule colline en Cisjordanie sur laquelle ne flotte un drapeau israélien ou un avant-poste qui ne soit destiné à devenir une ville. Les points de contrôle sont également de retour en force. On ne peut pas se déplacer d’un endroit à l’autre en Cisjordanie sans les rencontrer et attendre là, humiliés, pendant des heures. On ne peut rien prévoir dans une réalité où environ 150 000 personnes ont perdu leurs moyens de subsistance, puisqu’elles se sont vu interdire tout emploi en Israël. Tout le monde a été pénalisé pour le 7 octobre. Onze mois sans salaire laissent des traces. À quoi vous attendiez-vous ?

« Et maintenant, il y a un nouveau venu : le drone. À l’ombre de la guerre, l’armée de l’air a commencé à tirer à l’intérieur d’une Cisjordanie densément peuplée. Selon les données de l’ONU, 630 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie depuis le début de la guerre, dont 140 lors de 50 frappes aériennes. Ce qui est autorisé à Gaza l’est désormais également en Cisjordanie. Les soldats ont intériorisé cette réalité et leur comportement envers les Palestiniens a changé en conséquence. Si nous ne sommes pas à Gaza, agissons au moins comme si nous l’étions. Demandez à n’importe quel Palestinien ce qu’il a enduré. Le désespoir n’a jamais été aussi grand. Et après tout cela, pensez-vous qu’il n’y aura plus de terreur ? »

La condamnation de l’ONU

Ce n’est pas seulement le Hamas qui définit l’action de Tel-Aviv comme « un plan plus large visant à étendre le conflit », mais aussi l’ONU. Les Nations Unies le définissent comme une décision qui « viole le droit international et risque d’envenimer encore davantage une situation déjà explosive ». Parallèlement, Tsahal publie également le résultat de l’enquête sur l’attaque des colons israéliens contre le village palestinien de Jit : « Un acte terroriste contre des résidents palestiniens, que Tsahal n’a pas réussi à protéger ».

« Et après tout cela, pensez-vous qu’il n’y aura plus de terreur ? »

Francesca de Villasmundo

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