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Interview: Bernard Cazeneuve trouve dans le clergé et auprès du pape le soutien dont il a besoin

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Dans une opération séduction envers les catholiques, le ministre des Cultes reconnaît les racines chrétiennes de la France, sans pouvoir vraiment dissimuler sa préférence-complaisance pour les autres religions en dépit d’une profession de foi agnostique et laïque. 

D’abord interrogé sur le terrorisme, il déclare à propos de l’état d’urgence que le dispositif devrait se prolonger: « Il nous faut donc ajuster le dispositif en continu pour être efficaces ». Ayant évoqué son point-de-vue sur la déchéance de nationalité, conforme à celui de Hollande/Valls, il ajoute:

« J’ai donné des instructions aux préfets pour qu’ils saisissent systématiquement la justice, au titre de l’article 40 du code de procédure pénale, en cas d’acte de haine contre des croyants ou de profanation de lieux de culte ou de sépultures. Cela vaut pour toutes les religions.

Pour la totalité de l’année 2015, nous constatons une diminution de 5 % des actes antisémites, qui restent cependant à un niveau élevé, avec 806 actes constatés. Au lendemain des attentats de janvier, les actes antimusulmans ont triplé et s’établissent à environ 400 pour l’année 2015.

Les lieux de culte et cimetières chrétiens, qui sont en France les plus nombreux, ne sont pas épargnés avec 810 atteintes, en hausse de 20 %. En tant que ministre des cultes, je ne peux accepter de tels actes. Ils doivent être sévèrement punis.

Des chiffres de la christianophobie quasiment égaux à ceux de l’islamophobie ? Alors que M. Cazeneuve précise sournoisement que les lieux chrétiens « sont en France les plus nombreux » ? Les chiffres de la délinquance, du chômage ou de la christianophobie dépendent des critères d’enregistrement, et les critères d’enregistrement dépendent des intérêts de ceux qui les contrôlent, il convient donc de rester circonspect à leur égard.

Le ministre annonce également:

Depuis début 2015, j’ai déjà décidé de 40 mesures d’expulsion à l’égard de prêcheurs de haine ou de pseudo-imams autoproclamés. L’état d’urgence a permis de procéder à 45 perquisitions dans des mosquées et divers lieux de cultes radicalisés, dont 10 ont été fermés.

Trois associations pseudo-cultuelles ont par ailleurs été dissoutes par le conseil des ministres.

Ces timides mesures prises en faisant mine de croire que la religion musulmane serait, comme la religion catholique, structurée par un clergé, il s’empresse aussitôt de flatter l’ensemble de la communauté musulmane qui serait exemplaire, ce qui est loin d’être le cas des catholiques comme l’indique l’extrait le plus marquant de cette interview:

La Croix: N’y a-t-il pas un discours de la gauche qui tient à distance les religions, qui refuse de reconnaître leur rôle public ?

B. C. : J’ai toujours été un homme de gauche et je ne me sens pas concerné par cette attitude. Je vois mal, alors que je suis personnellement agnostique, comment un être humain peut avoir une vie riche et dense s’il ne s’ouvre pas, à un moment, à la réflexion spirituelle.

Cela peut valoir aussi pour un homme public. Dans ma responsabilité de maire de Cherbourg, je rencontrais régulièrement l’archevêque de Coutances. Nous discutions longuement de la place de la religion, de la quête spirituelle dans une société laïque.

Se fermer le champ de cette réflexion sous couvert de laïcité serait une source d’appauvrissement. On peut parfois échapper au dessèchement en croisant certaines formes de transcendance qui peuvent être ou non religieuses. Mais cela relève de la sphère privée, d’une démarche personnelle, qui doit être libre dans une société laïque.

La laïcité est une valeur de liberté. Ce sujet, comme beaucoup d’autres, n’est pas abordé avec suffisamment de sagesse. Certains ont longtemps estimé que la religion était l’opium du peuple. Mais l’opium le plus toxique est l’ignorance, y compris l’ignorance des religions, de leur histoire, de leurs croyances.

Aucune loi n’empêchera jamais un individu de croire ou de chercher un sens pour lui-même. La quête spirituelle, religieuse ou philosophique, est consubstantielle à l’humanité.

La Croix: Que répondez-vous à ceux qui, à droite comme à gauche, estiment qu’il faut aujourd’hui durcir la législation sur la laïcité ?

B. C. : La laïcité n’a pas à se durcir, mais à s’affirmer. Tout est déjà dans la loi. Il faut l’appliquer, sereinement, sagement, sans chercher à la détourner contre une religion particulière. Vouloir lancer une déclaration de guerre aux religions serait une erreur funeste.

La Croix: Alors que beaucoup d’attention est accordée aux juifs, aux musulmans, des catholiques se sentent parfois un peu les mal-aimés de la République…

B. C. : Ces sentiments ne sont pas entretenus par le clergé mais par certaines voix politiques, qui espèrent en tirer profit. Je rencontre régulièrement, comme ministre des cultes, la conférence épiscopale pour échanger sur des sujets de fond. J’ai à l’égard des représentants de l’Église catholique une grande considération. Je crois qu’il y a de la confiance entre nous.

Certains observateurs, ou certains militants, s’emploient à faire du bruit pour laisser penser que les catholiques seraient moins considérés que les Français de confession juive ou musulmane. Ils cherchent ainsi, comme toujours, à créer des divisions dans la société. Mais je sais que les catholiques ne veulent pas de la division et sont d’ardents partisans du dialogue interreligieux.

J’ai été admiratif de la manière dont les catholiques ont réagi, avec dignité, après l’attentat déjoué visant des églises de Villejuif. Ceux qui se complaisent dans le bruit feraient mieux de s’inspirer de la sagesse qui inspire le clergé français et s’exprime dans les discours du Pape concernant des sujets aussi fondamentaux que la situation internationale ou l’environnement.

La Croix: La sagesse pourrait-elle un jour s’inviter sur ce fameux sujet de nos racines chrétiennes ?

B. C. : Les racines chrétiennes de la France sont incontestables au regard de son histoire. Ce qui est contestable, c’est de vouloir en faire un motif d’exclusion de ceux qui ne sont pas chrétiens ou d’oublier la contribution qu’ils ont apportée eux aussi à l’histoire de notre pays. (Extrait d’une interview de Bernard Cazeneuve à La Croix)

Ainsi dans La Croix, face aux électeurs catholiques, Bernard Cazeneuve, reconnaît, même si c’est avec réticence, les racines chrétiennes de la France, dont acte. Mais s’il reproche aux chrétiens de ne pas reconnaître « la contribution » que les non chrétiens « ont apporté eux aussi à l’histoire de notre pays », il ne reproche pas aux musulmans ou au juifs de ne pas accorder à ces racines chrétiennes la place qu’elles méritent…

Mais de quelle « contribution » s’agit-il ?

Des razzias ? Des rafles de chrétiens réduits en esclavage dont plusieurs milliers ont été libérés lors de la conquête d’Alger en 1830 alors que cela durait depuis des siècles ? Les multiples invasions dont notre pays  a été victime de la part des musulmans depuis  que l’Islam a été fondé au VIIe siècle par Mahomet ? L’agressivité constante de l’islam contre la chrétienté ? Les actuels attentats islamistes qui mettent la France sous état d’urgence, qui mobilisent l’Armée et tous les services de sécurité ? Voici « la contribution qu’ils ont apportée à l’histoire de notre pays. » A noter que les Français d’origine chrétienne ne se plaignent pas des bouddhistes…

En dehors de ces « contributions » négatives, de quelles « contributions » positives l’Islam peut-il se prévaloir en France ? S’il s’agit d’échanges culturels et non plus à proprement parler de faits historiques, n’ont-ils pas été volontairement très exagérés de la part de l’Islam au profit de culture française et très sous-évalués de la part de la France en direction des pays  musulmans ? Il est vrai que la France n’est pas un champ clos, et que la chrétienté est par principe, ouverte vers le vaste monde contrairement à d’autres religions et à l’islam en particulier.

La tentative de mettre à égalité les apports religieux des diverses religions dans notre pays, comme si elles y avaient toutes été constamment présentes et constructives dans l’Histoire, est du sabotage historique, du déni de réalité et de la haine de soi. 

Emilie Defresne

emiliedefresne@medias-presse.info

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