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Instrumentum Laboris document préparatoire du Synode a pour but de justifier théologiquement une sorte de divorce religieux

Le Vatican a enfin publié la version française du texte préparatoire du Synode 2015 intitulé Instrumentum Laboris. J’avais déjà abordé par deux fois (ici et ici) le contenu de ce texte disponible en italien pour montrer comment malgré les apparences ce texte était très dangereux et ne constituait en rien une victoire des conservateurs.

La version française permet de comprendre de façon très claire l’intégralité de ce texte et d’en découvrir un peu plus la nuisance. Si Instrumentum Laboris se veut une synthèse des réponses apportées par les diocèses aux questionnaires envoyés par le Vatican, il se veut aussi parfois force de proposition pour y répondre. Or non seulement il y est question de la communion aux divorcés-remariés à travers le chemin pénitenciel, mais également d’une sorte de divorce reconnu par l’Eglise.

Un premier paragraphe donne une explication et une définition de l’indissolubilité du mariage plus que problématique :

L’indissolubilité, don et devoir

42.Le témoignage de couples qui vivent le mariage chrétien en plénitude met en lumière la valeur de cette union indissoluble et suscite le désir d’entreprendre des chemins toujours nouveaux de fidélité conjugale. L’indissolubilité représente la réponse de l’homme au désir profond d’amour réciproque et durable : un amour “pour toujours” qui devient choix et don de soi, de chacun des époux entre eux, du couple vis-à-vis de Dieu lui-même et de ceux que Dieu lui confie. Dans cette perspective, il est important de célébrer dans la communauté chrétienne les anniversaires de mariage pour rappeler que, dans le Christ, il est possible et il est beau de vivre ensemble pour toujours.

L’Évangile de la famille offre un idéal de vie qui doit tenir compte de la sensibilité de notre époque et des difficultés effectives à tenir les engagements pour toujours. Il faut ici une annonce qui donne l’espérance et qui n’écrase pas : que chaque famille sache que l’Église ne l’abandonne jamais, en vertu du «lien indissoluble de l’histoire du Christ et de l’Église avec l’histoire du mariage et de la famille humaine» (François, Audience générale, 6 mai 2015).

L’indissolubilité représenterait donc la réponse de l’homme au désir profond d’amour réciproque et durable : c’est une vision très anthropocentrique du mariage qui exclue la volonté du créateur.

L’indissolubilité n’est pas la réponse de l’homme à un désir, mais l’ordre qu’a mis Dieu dans sa créature et auquel l’homme se doit librement d’accepter par sa volonté. Car si l’indissolubilité du mariage est de volonté divine, alors elle ne peut être remise en cause en aucune façon, tandis que si elle est la réponse de l’homme à un désir, sitôt que passe le désir ou que celui-ci change au gré des caprices, cette indissolubilité n’existe plus.

De plus, si le sacrement et l’indissolubilité qui l’accompagne ne se trouvent établis que par la volonté originelle des époux de se marier, la réalité du sacrement et de son indissolubilité continuent d’exister indépendamment de toute circonstance – hormis la mort.

Et Instrumentum Laboris ne s’arrête pas en si bon chemin ! Le texte explicite bien l’objectif au départ caché d’un tel raisonnement, à savoir la justification in fine du divorce, comme possibilité :

La famille dans le dessein salvifique de Dieu

44. (15) Les paroles de vie éternelle que Jésus a laissées à ses disciples comprenaient l’enseignement sur le mariage et la famille. Cet enseignement de Jésus nous permet de distinguer trois étapes fondamentales du projet de Dieu sur le mariage et la famille. Au début, il y a la famille des origines, quand Dieu créateur institua le mariage primordial entre Adam et Ève, comme fondement solide de la famille. Non seulement Dieu a créé l’être humain, homme et femme (cf. Gn 1, 27), mais il les a bénis pour qu’ils soient féconds et se multiplient (cf. Gn 1, 28). C’est pourquoi, «l’homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair» (Gn 2, 24). Cette union a été endommagée par le péché et est devenue la forme historique du mariage au sein du peuple de Dieu, pour lequel Moïse concéda la possibilité de rédiger un acte de divorce (cf. Dt 24, 1sq). Cette forme prévalait encore à l’époque de Jésus. Avec son avènement et la réconciliation du monde déchu grâce à la rédemption qu’il a accomplie, l’ère inaugurée par Moïse s’acheva.

Cette affirmation est très imprécise et volontairement vague. Présentant cela sous la forme de trois étapes fondamentales du « projet de Dieu » sur le mariage, on introduit une sorte d’évolution historique là où il n’y en a pas… et alors pourquoi celle-ci ne continuerait-elle pas, précisément en raison du péché des hommes d’aujourd’hui, qui pourraient introduire un nouveau « projet de Dieu » ? Les trois « étapes » sont en fait à relire ainsi.

1 – le mariage établi par Dieu est celui de UN homme et UNE femme, le texte hébreu de la Genèse est on ne peut plus précis, le UN n’étant pas l’article, mais le chiffre.

2 – en raison du péché effectivement, et du fait que la loi judaïque était une loi morte (cf. St Paul), c’est-à-dire incapable de conférer la grâce, Moïse – et donc Dieu – a toléré le « divorce » à certaines conditions. Mais on ne peut faire de cette tolérance – c’est toujours un mal que l’on tolère – une « étape fondamentale du projet de Dieu sur la famille ». Celui-ci n’a jamais changé !

3 – Le Christ apportant la grâce, supprime effectivement cette tolérance : c’est le chapitre 19 de Saint Matthieu, v. 3 à 9 :

3  Des Pharisiens l’abordèrent pour le mettre à l’épreuve, et dirent:  » Est-il permis à l’homme de répudier sa femme pour quelque motif que ce soit? « 

4  Il répondit:  » N’avez-vous pas lu que celui qui (les créa), au commencement, les fit homme et femme,

5  et qu’il dit: A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair?

6  Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni! « 

7  Ils lui dirent:  » Pourquoi donc MoÏse a-t-il prescrit de donner un acte de divorce et de la répudier? « 

8  Il leur dit:  » C’est à cause de votre dureté de cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes: mais, au commencement, il n’en fut pas ainsi.

9  Or je vous dis que celui qui répudie sa femme, si ce n’est pour adultère, et en épouse une autre, commet un adultère. »

Nous voyons bien comment l’anthropocentrisme et une lecture sélective des évangiles, dont Instrumentum Laboris est une parfaite illustration, permet aux progressistes de réclamer ces évolutions, mettant à la poubelle la doctrine rappelée par le Christ.

Instrumentum Laboris contient tous les éléments permettant notamment de justifier le divorce comme praxis d’exception en raison de la dureté du cœur des hommes, ce qui revient au final à la volonté d’un retour pratique à l’ancienne alliance ou à certains de ses éléments, ignorant ou relativisant par le fait même le sacrifice rédempteur du Christ sur la Croix et le don des sacrements. On ne peut qu’y voir la volonté d’avancer dans cette direction de la part du Vatican.

Xavier Celtillos

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