Bien emmitouflé dans votre lit douillet, vous vous apprêtez à regarder un bon petit film sur votre ordinateur avant d’aller dormir ; ou bien vous optez plutôt pour un gros roman sur la liseuse reçu à Noël ou sur votre tablette. Deux heures plus tard, cela vous a bien détendu et pourtant, vous ne comprenez pas très bien pourquoi, vous n’arrivez pas à trouver le sommeil. C’est bien connu, on le rabâche souvent, les écrans ne sont pas bon le soir, on le sait, mais même quand vous ne regardez pas d’écran, l’insomnie est présente… Pourquoi ?
Des chercheurs américains de Boston vont vous « éclairer » d’une façon toute particulière car ils ont creusé la question en profondeur en effectuant une expérience sur une douzaine de personnes.
Ainsi, les adeptes de la tablette rétro-éclairage (qui émet de la lumière vers le visage, à la différence de l’éclairage frontal) ressentent moins les signes naturels de la fatigue et mettent dix minutes de plus à s’endormir ; de plus au matin il leur faut plus de temps pour se sentir complètement réveillés. (Faut-il en conclure qu’il faut arrêter le café du matin et se coucher sur un bon livre ? Testez vous-même !)
Alors pourquoi ? Tout simplement parce que le cerveau sécrète moins de mélatonine, cette hormone qui est nécessaire à l’endormissement. Elle se libère moins à cause des LED (diodes électroluminescentes) présentes sur tous les écrans (ordinateur, Smartphone, liseuse…) qui diffuse vers le visage une forte intensité de lumière bleue. Celle-ci est très présente dans la lumière naturelle et c’est elle qui régule notre horloge interne, appelée aussi rythme circadien. Or, l’utiliser au moment où le jour se couche provoque inévitablement un dérèglement.
La lumière bleue a un impact négatif sur les fonctions cardio-vasculaires, la mémoire et le métabolisme. Cela a été démontré récemment. Ce dérèglement lié à la baisse de la mélatonine favorise une augmentation du risque de cancer du sein et de la prostate. Mais ce n’est pas tout ! La qualité du cristallin de l’œil, qui perçoit la lumière et permet à l’organisme de réguler le rythme circadien, rend les enfants plus vulnérables aux effets de la lumière bleue.
Plus gênant encore est ce que Claude Gronfier (neurobiologiste à l’INSEM) va nous développer. D’après ses études, les impacts négatifs se prolongent à long terme sur le sommeil, entrainant une insomnie chronique. On pourrait croire que, le jour où on opte pour le livre papier ou le jeu de société en famille avant le coucher, à la place du film ou de la liseuse, les méfaits cesseront immédiatement et on s’endormira comme un loir. Or, il n’en est rien et Claude Gronfier nous démontre que le dérèglement va perdurer dans le temps à mesure d’une heure trente après cinq jours passés à utiliser ces écrans quatre heures par soirée. « L’horloge ne va pas se recaler au sixième jour » met-il en garde.
Mais il existe des solutions à tout !
Un conseil simple : pas d’exposition à la lumière des écrans une à deux heures avant d’aller se coucher. Si vous êtes accro et ne pouvez vous en passer, dans ce cas lisez le Cahier Saint Raphael sur la cyberaddiction (n°113) ; en attendant de le recevoir vous pouvez opter pour un filtre à la lumière bleue (téléchargeable sur internet : F.lux, filtre d’hardy-infinity). Dans tous les cas, exposez-vous à la lumière naturelle chaque jour pour s’assurer de garder votre horloge interne à la bonne heure.
Mais le mieux reste bien évidemment le bon vieux livre où l’odeur des pages parfume l’histoire que vous lisez, ou le journal qui nous lie au monde d’une façon toute particulière ou encore les petits jeux en famille de quoi ressouder les liens avant de sombrer dans un sommeil serein et réparateur.
Sur ce, Bonne Nuit !
Clairette Roux
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