Voici ce qu’on peut lire dans la revue Politix n°106 (2e trimestre 2014), article de Kevin Geay,  intitulé : «Kevin Geay, « Messire Dieu, premier servi ». Étude sur les conditions de la prise de parole chez les militants traditionalistes de Civitas » aux pages 62 et 63 :

« Nous avons commencé notre étude en assistant aux messes données à Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Nous espérions alors pouvoir nous présenter ouvertement comme un sociologue souhaitant étudier un des nombreux groupes militants de la FSSPX. Un membre du Mouvement de la jeunesse catholique de France (MJCF) s’est très vite enquis des raisons de notre présence. Une fois celles-ci communiquées à l’aumônier en charge, nous avons été mis dehors : « Ici ce n’est pas un zoo ! De toute façon vous n’avez pas les bonnes motivations pour venir chez nous. Vous autres mettez la science au-dessus de tout. Nous, c’est la foi. Venir sans la foi, c’est mettre un voile entre vous et le Bon Dieu? »

Nous avons tiré les leçons de ce camouflet pour offrir une présentation de soi plus acceptable lors de notre seconde tentative, cette fois-ci auprès d’une petite organisation contre-révolutionnaire repérée sur les forums traditionalistes. Nous avons écrit à celle-ci en jouant la carte de l’intellectuel de la réhabilitation : à rebours de « l’exercice de ventriloquie usurpatrice » qui « ruine les rares publications de sciences politiques sur le sujet », nous souhaitions « rendre la parole aux militants catholiques de France » et « décrire en toute neutralité leurs pratiques concrètes ». *Fernand ? La plupart des enquêtés qui ont accepté de nous répondre…, le fondateur de cette organisation, accepta de nous rencontrer pour un entretien, mais nous prévint qu’il militait désormais à Civitas. Il a donc fait suivre notre courriel à A. Escada afin que nous puissions rencontrer *Pierre-Antoine et *Dominique, les responsables du cercle parisien de FJC.

Ces derniers ont accepté d’être interviewés, avant de nous convier à une conférence sur l’euthanasie  et à une vente de la revue Civitas sur le parvis de Saint-Nicolas.  Nous tâchions lors de ces activités d’obtenir d’autres entretiens auprès des militants de FJC. Cette méthode a cependant vite montré ses limites. D’abord parce que les interviewés se montraient réticents à évoquer leurs trajectoires. Ensuite parce que nos demandes de rendez-vous rappelaient que nous n’étions décidément pas chez FJC par seule conviction. Nos interlocuteurs devenaient suspicieux. Renoncer aux entretiens systématiques pour préférer l’observation participante fut une façon de montrer que nous nous prenions réellement au jeu de l’engagement.

Nous avons dès lors eu accès aux discussions informelles et aux scènes dévolues aux seuls militants. La question de notre façade s’en trouva posée à nouveaux frais. N’étant ni baptisé ni rompu à l’exercice de la messe, il nous fallait trouver une manière crédible d’assister aux offices privés de FJC. Une première solution a consisté à nous présenter comme quelqu’un ayant reçu « une éducation catholique ». Cette étiquette justifiait par avance notre méconnaissance des gestes de la religiosité. Elle s’est néanmoins révélée insuffisante à long terme. À la manière dont John Lofland s’est vu reprocher, après un an d’enquête auprès des adeptes des « préceptes divins », de rester un simple observateur irrémédiablement indifférent au message religieux, nous avons été pressés d’exprimer plus clairement notre volonté de conformation aux enseignements de la FSSPX.

Nous avons donc forgé une nouvelle présentation de nous-même, celle de « recommençant conciliaire » : né de parents catholiques « modernos » ayant perdu la foi, nous souhaitions « renouer avec l’espérance de notre enfance » et envisagions de reprendre la catéchèse. Cette nouvelle façade nous a assuré un répit suffisant pour nous éloigner de nos premiers informateurs et nouer des liens avec de nouveaux arrivants. Pour ces derniers, le fait que nous soyons à Civitas depuis relativement longtemps, et visiblement en bons termes avec A. Escada – nous prenions soin d’être vus à sa table – constituait un gage de conformité suffisant. Nous nous gardions bien de dissiper ce préjugé, si bien que personne ne songea plus à nous demander des comptes.

Seul l’entre-soi féminin nous est demeuré inaccessible. Il faut en effet réfléchir à deux fois avant de transgresser les normes qui régissent la division genrée du travail militant chez FJC. Être un homme ouvre des portes, mais en ferme d’autres. Cela permet de rencontrer les membres des groupes qui, tels le Projet apache ou le Bloc identitaire (BI), gravitent autour de Civitas. Cela suppose surtout de prendre part aux activités les plus valorisées, telles les réunions stratégiques, le maintien de l’ordre dans les cortèges et les entraînements au close combat qui les précèdent. Mais cela suppose aussi de rester à l’écart des scènes dévolues aux jeunes militantes, comme la préparation des repas de groupe, la confection des banderoles ou les discussions, dans les dortoirs, à la fin des journées de formation. »

Instructif également, les personnes du sérail remerciées par l’auteur : « Éric Agrikoliansky, pour avoir dirigé le mémoire de recherche qui est au fondement de cet article, ainsi que Choukri Hmed, Brigitte Le Grignou, Kévin Diter, Martina Avanza, Kathleen Blee et Annie Collovald ».

La guerre de chevalerie se fait entre chevaliers. Il est vrai que la droite nationale se bat à visage ouvert, avec loyauté et franchise. Nos ennemis, fils du Malin, se battent comme il se doit avec les moyens les plus fourbes et déloyaux, je l’ai déjà dis ici. Les prétendus « chercheurs », « sociologues » et autres, qui viennent « enquêter » ne sont rien d’autre que des flics en mission. Je l’ai déjà dit dans l’article précédemment cité et je le répète ici :

« La naïveté des gens de la droite nationale m’étonnera toujours. Imaginez-vous en 1915 un général français dire : « le général von Grossbadern est un homme correct, je lui ai fait visiter nos réseaux de fortification » ? Imaginez-vous en 1942 un chef de réseau de la résistance dire « le Standartenführer Schlag est un grand intellectuel, j’ai dîné avec lui à sa demande pour lui expliquer les buts de la résistance qu’il étudie avec honnêteté » ? ».

Petite précision supplémentaire. J’ai parlé céans du site Fragments sur les Temps Présents qui obtient un peu trop facilement des confidences de gens de notre bord. Le site est illustré d’un porterait de l’immonde Louis-Antoine de Saint-Just. Le même portrait ornant un article dithyrambique sur Robespierre posté sur le blog de la stalinienne cathophobe Danielle Bleitrach, et les initiales FTP faisant références aux staliniens de 1941-45, je laisse aux lecteurs de soin d’en conclure ce qu’ils veulent…

Hristo XIEP

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