On ne peut parvenir à la restauration de la Royauté divine
de Notre-Seigneur sans d’abord rétablir le Sacerdoce catholique
Lettre Exsurge Domine n° 4 du 8 décembre 2023
Chers amis et bienfaiteurs
Le 2 décembre dernier, le Président d’Exsurge Domine a offert l’hospitalité à Torrita di Siena pour la célébration de la Sainte Messe du premier Samedi du mois, suivie d’une réception à laquelle ont participé quelques amis et sympathisants. Ce fut l’occasion de faire connaissance – ou pour nous rencontrer de nouveau – afin de promouvoir la mission d’Exsurge Domine et de vous faire part de la décision d’entreprendre la constitution du Collegium Traditionis, une maison de formation cléricale qui accueillera de jeunes vocations traditionnelles et les accompagnera dans le discernement vers le Sacerdoce : je vous invite à lire mon homélie pour en avoir une vision plus complète. Il va sans dire que ce projet ambitieux répond à une évidente nécessité pastorale des fidèles – en particulier des Italiens – et à mon devoir, en tant que Successeur des Apôtres, d’assurer un port doctrinalement et moralement sûr pour de nouvelles et saintes vocations. Ce n’est qu’avec une vision à long terme, projetée sur l’avenir de nos enfants, que nous pourrons jeter les bases de la renaissance d’une société authentiquement chrétienne. Sans ouvriers, comme vous le savez, la Vigne du Seigneur ne porte pas de fruits.
Vous avez peut-être appris la décision unilatérale des moniales de Pienza de ne pas poursuivre le chemin qu’elles avaient entrepris et d’abandonner le projet du Village Monastique qu’Exsurge Domine avait généreusement projeté et offert pour elles. Sans entrer dans le détail du choix de la Communauté bénédictine, je voudrais rappeler – comme le Président a déjà eu l’occasion de le faire – que ce qui a été fait jusqu’à présent grâce à votre soutien ne sera pas interrompu, mais sera simplement adapté à la nouvelle destination de la propriété et des bâtiments : non plus un cenubium pour moniales, mais un Séminaire et un lieu de retraite pour ceux qui se sentent appelés au service de Dieu. Je crois aussi que ce changement a permis de réaliser quelque chose de plus urgent et certainement voulu par la Providence. Bien sûr, je ne peux m’empêcher de me désoler des attaques faites contre Exsurge Domine ; mais vous savez mieux que moi que toute œuvre qui a une finalité surnaturelle est visée par le démon. Ne nous étonnons donc pas si même nos efforts, aussi prudents et consciencieux soient-ils, sont soumis à des critiques peu généreuses et à des calomnies : cela nous poussera à nous engager avec une plus grande confiance dans l’aide du Seigneur.
Ce nouveau numéro de la Newsletter d’Exsurge Domine est publié à une occasion particulière et symbolique : la fête de l’Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge Marie. C’est sous sa protection que nous plaçons notre apostolat, notre activité, notre engagement, mais aussi vos familles, vos intentions et vos préoccupations. C’est à Elle, notre Reine et notre Dame, que nous nous confions nous-mêmes, nos proches et chacun de vous qui, par vos prières et votre soutien matériel, avez rendu possible tout ce que nous avons fait jusqu’à présent. Je suis persuadé que pour tout ce qui reste à accomplir, nous pourrons compter sur votre aide et celle de tant de personnes généreuses.
Avec une profonde gratitude, je vous souhaite à tous de passer ce Temps de l’Avent dans un esprit de préparation à la Nativité du Seigneur, accompagnés sur ce chemin d’attente et de prière par la protection maternelle de la Vierge Immaculée.
+ Carlo Maria Viganò, Archevêque, 8 décembre 2023
HOMÉLIE pour la messe votive du Cœur Immaculé
de la Très Sainte Vierge Marie – Premier Samedi de décembre
Adeamus cum fiducia ad thronum gratiæ, ut misericordiam
consequamur, et gratiam inveniamus in auxilio opportuno.
Approchons-nous avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir
miséricorde et de trouver grâces, pour être secourus en temps opportun [He 4, 16]
Bien chers Frères et Amis, en ce premier samedi de décembre, l’introït de la Messe votive en l’honneur du Cœur Immaculé de Marie est une invitation pour nous à nous tourner vers la Médiatrice de toutes les Grâces, vers la Toute-Puissante par grâce, alors que le monde et l’Église sont assiégés par une attaque qui semble tout emporter dans une commune apostasie.
Approchons-nous avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâces, pour être secourus en temps opportun. Telles sont les dernières paroles du quatrième chapitre de l’Épître aux Hébreux, dans lequel l’Apôtre nous parle du Christ Souverain Prêtre : « Aussi nulle créature n’est cachée devant Dieu, mais tout est à nu et à découvert aux yeux de Celui à qui nous devons rendre compte » (He 4, 13). Et tout de suite après : « Ainsi, puisque nous avons en Jésus, le Fils de Dieu, un grand prêtre excellent qui a pénétré les cieux, demeurons fermes dans la profession de notre foi » (He 4, 14).
La raison pour laquelle l’Église a voulu proposer dans le cadre de la Messe du Cœur Immaculé un passage de l’Écriture relatif à son divin Fils réside tout d’abord dans le rôle de co-rédemptrice de la Vierge Mère. Ego sum ostium (Jn 10, 7) a dit le Seigneur, et cette porte de la grâce est le Sacré-Cœur de Jésus, grand ouvert pour accueillir chacun de nous. Mais nous invoquons aussi la Très Sainte Vierge Marie, Janua cœli, comme la porte du Paradis. Médiateur universel, le Christ Seigneur, en vertu de son Incarnation, de sa Passion et de sa Mort ; Médiatrice, la Très Sainte Vierge, en vertu de sa Maternité divine et de sa Compassion au pied de la Croix de son Fils. La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus et au Cœur Immaculé de Marie est pour nous un puissant refuge, surtout lorsque la Passio Christi se poursuit dans la Passio Ecclesiæ : non seulement dans ses membres, mais dans tout le corps ecclésial. C’est dans ces heures de ténèbres et d’apostasie, où tout semble perdu, que le Cœur transpercé du Sauveur s’ouvre dans l’immolation d’amour à l’âme repentante, et que le Cœur de la Vierge, transpercé par l’épée, bat à l’unisson avec celui de son Fils.
Notre monde est sans amour parce qu’il est sans Dieu.
Un monde dans lequel Dieu a été banni de la société et dans lequel – aussi horrible que cela puisse paraître – les mêmes ennemis qui font rage dans la sphère civile voudraient également L’évincer de l’Église, la transformant en une secte maçonnique soumise au Nouvel Ordre Mondial. La Civitas Dei semble être le lointain souvenir d’une époque révolue, tandis que la Civitas diaboli est établie dans presque toutes les nations autrefois chrétiennes. Mais nous oublions que la Civitas Dei n’est pas une utopie qui a trompé nos pères, mais plutôt la réalisation nécessaire des paroles de l’Apôtre : Oportet autem illum regnare, donec ponat omnes inimicos sub pedibus ejus. Il est nécessaire que Notre-Seigneur règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds (1 Co 15, 25). Il y a donc des ennemis – et aujourd’hui nous savons bien qui ils sont – destinés à être humiliés par le Roi des rois, et leur sort est scellé ; ce n’est qu’une question de temps. Des ennemis qui aujourd’hui se sont unis – consilium fecerunt in unum (Ps 70, 10) – dans une alliance infernale entre l’État profond et l’Église profonde, pour hâter leur plan délirant de domination mondiale. Un projet qui est l’exact opposé de ce regnum veritatis et vitæ ; regnum sanctitatis et gratiæ ; regnum justitiæ, amoris et pacis dont parle la Préface de la fête du Christ-Roi. Le royaume de l’Antéchrist est un règne de mensonges et de mort ; règne de la perversion et de la damnation ; règne d’injustice, de haine et de guerre. Et si dans l’économie de la Rédemption tout ce qui nous vient de Dieu est gratuit et fruit de Sa magnificence, là où règne Satan, tout peut être monétisé, tout s’achète et se vend, tout a un prix.
Mais on ne peut parvenir à la restauration de la Royauté divine de Notre-Seigneur sans d’abord rétablir le Sacerdoce catholique, dont dépendent la survivance du Saint Sacrifice de la Messe, de la très Sainte Eucharistie, de la Grâce sacramentelle par laquelle les âmes sont sanctifiées. Et de même qu’un corps ne peut subsister sans cœur, de même l’Église Catholique ne peut vivre sans le Sacerdoce, à travers lequel le Sacrifice eucharistique, cœur battant du Corps mystique, se perpétue sur nos autels.
Comme preuve de cette réalité surnaturelle, nous pouvons voir l’état pitoyable dans lequel se trouve aujourd’hui l’Église, victime de la dénaturation du Sacerdoce et de la falsification de la Messe : l’effondrement désastreux des vocations sacerdotales et religieuses d’une part, et d’autre part, la déformation des jeunes dans les quelques Séminaires qui subsistent, corrompus doctrinalement et moralement. Depuis la grande réforme du Concile de Trente, nous avions assisté à un renouveau des Ordres religieux et du Clergé, aidés en cela par une sage discipline qui forgeait des saints ; depuis la réforme dite conciliaire, nous avons vu les églises, les séminaires, les couvents et les écoles catholiques se vider. Par souci de plaire au monde, de suivre les modes, de ne pas paraître réactionnaire, l’Église post-conciliaire a été réduite à l’insignifiance, après avoir privé les fidèles et les clercs de ce patrimoine inestimable qui s’est avéré valable et efficace au cours des siècles. Il est difficile de ne pas voir dans le Concile Vatican II la contradiction flagrante de deux mille ans de Foi.
L’œuvre providentielle de Mgr Marcel Lefebvre, dès l’immédiat post-concile, a eu le mérite incontestable, d’une part, de dénoncer l’éloignement de l’immuable lex credendi et, d’autre part, de comprendre la menace à laquelle le Sacerdoce était exposé avec l’introduction de la liturgie réformée et avec elle les changements inquiétants dans les rites qui confèrent les Ordres Sacrés.
Les prêtres de la nouvelle Église sont devenus des « présidents d’assemblée » et leur rôle ministériel a été progressivement réduit au silence et oublié, précisément parce qu’il ne devait plus y avoir d’alter Christus qui sacrifie sur l’autel l’Hostie immaculée au Père éternel, mais un délégué du peuple qui préside une agapè fraternelle autour d’une table. Pour cela, il n’y avait plus besoin d’un Grand Prêtre, d’un Roi, d’un Prophète. C’est pourquoi le Royaume du Christ doit être restauré aussi et avant tout au sein de l’Église, en reconnaissant que la Hiérarchie moderniste depuis soixante ans a méthodiquement effacé et nié toute référence à la doctrine de la Royauté sociale du Christ réaffirmée quelques décennies plus tôt – en 1925 – par Pie XI. D’autre part, les Novatori n’auraient pas pu obtenir grand-chose s’ils n’avaient pas pris des mesures pour éliminer cet obstacle à la laïcisation de la société et, paradoxalement, de l’Église elle-même. C’est maintenant évident : le Christ-Roi et Prêtre est la pierre d’achoppement du néo-modernisme conciliaire et plus encore des dix dernières années du « pontificat bergoglien ».
L’Italie, bénie par Dieu qui a voulu le Siège de la Papauté à Rome, suit la ruine d’autres nations catholiques, aujourd’hui apostates et rebelles au Christ. L’Église italienne a également sombré dans la ruine, dont la Conférence Épiscopale est totalement asservie au nouveau cours bergoglien. Les Évêques des Diocèses italiens se taisent ou sont des partisans convaincus de Bergoglio. La plupart des curés, des prêtres et des religieux suivent le vent synodal comme des girouettes, et les quelques dissidents n’osent pas réagir.
Pour cette raison, je crois que le moment est venu de donner un nouvel élan à Exsurge Domine, l’Association que j’ai fondée il y a quelques mois.
J’ai voulu réserver cette occasion particulière qui nous voit réunis aujourd’hui dans la maison du Président d’Exsurge Domine pour annoncer que le Village monastique dans la propriété de l’Ermitage de Palanzana à Viterbe, initialement destiné à secourir les moniales de Pienza, deviendra, si Dieu le veut, une maison de formation pour clercs qui prendra le nom de Collegium Traditionis, les religieuses ayant récemment décidé de se dissocier du projet qu’Exsurge Domine leur avait proposé.
Le Collegium Traditionis constituera la première et unique réalité italienne traditionnelle destinée à un Séminaire, dotée d’enseignants et de guides spirituels d’une orthodoxie sûre et d’une solide spiritualité, sous ma supervision.
Ce pas est d’une certaine façon calqué sur l’initiative du vénérable Archevêque Lefebvre, mais il s’en distingue par son empreinte italienne et romaine, et aussi en considération du différent contexte ecclésial, par rapport à la réalité des années Soixante-dix. Nous aurons donc des vocations et des ordinations pour l’Italie, afin de restaurer le Sacerdoce catholique dans la patrie de saint Ambroise et de saint Charles Borromée, de saint Robert Bellarmin, de saint Pie V et de saint Pie X et de tous les saints dont est honorée notre Italie bien-aimée.
Je suis bien conscient du défi que représente ce projet, mais je suis également confiant que, là où l’intention est droite, le Seigneur ne manquera pas de bénir notre engagement au service de l’Église et de protéger Exsurge Domine des attaques dont elle sera certainement l’objet. Cependant, mon engagement et celui de mes Confrères aura besoin de l’aide et de la collaboration de ceux que, comme l’écrit saint Jean Chrysostome, le Seigneur a dotés de moyens matériels pour en faire des coopérateurs et des instruments de la Providence. Les biens appartiennent au Seigneur, dit le grand Docteur de l’Église, et les riches sont ceux qui ont le privilège d’administrer les richesses que Dieu leur a donné afin de les utiliser pour le bien. C’est pourquoi, bien chers frères et amis, je vous exhorte à devenir vous-mêmes ministres de la Providence dans ce projet ambitieux, conscients que votre œuvre de charité –accompagnée d’un regard surnaturel – servira d’abord et avant tout à l’Italie, et aux Italiens, étant donné l’absence totale d’un Séminaire traditionnel sur notre territoire. Vos enfants et les enfants de vos enfants méritent non seulement de grandir et d’être éduqués dans une famille chrétienne, mais aussi d’avoir des ministres de Dieu qui ne trahissent pas leur vocation et continuent, même en temps d’apostasie, ce que le Christ a ordonné aux Apôtres et à leurs Successeurs de faire et ce que la Sainte Église a toujours enseigné.
La joie de coopérer aux besoins urgents de l’Église va de pair avec la fierté d’accomplir une œuvre méritoire pour notre Pays, car ce n’est qu’à travers l’action sanctifiante des Sacrements et de la Sainte Messe que le peuple italien pourra retrouver la fierté de sa Foi et le courage de résister au projet subversif en cours. Mais pour que cela soit possible, il faut de bons et saints prêtres qui ne soient pas soumis au chantage d’avoir à accepter les erreurs de Vatican II ou les déviations de Bergoglio pour exercer leur ministère. Si l’on pense aux quelques clercs des Instituts ex Ecclesia Dei, ou aux prêtres séculiers et réguliers disséminés dans les Diocèses et les Ordres religieux, on comprend aisément pourquoi aujourd’hui un institut de formation cléricale indépendante est plus indispensable que jamais : non pas parce que l’indépendance doit être poursuivie en elle-même, mais parce que l’abus d’autorité du Vatican et des Évêques diocésains empêche effectivement toute activité pastorale authentiquement catholique et vraiment traditionnelle.
Sont présents aujourd’hui, à ce rite, quatre prêtres de Familia Christi et deux séminaristes.
Leur histoire passée devrait servir d’exemple de cette persécution systématique que l’Église bergoglienne mène contre quiconque s’écarte de la ligne ouvertement anti-traditionnelle de ce « pontificat ». Ces prêtres ont eu l’occasion de comprendre dans leur propre peau l’absolue fausseté de la prétendue parrhesia tant vantée par Bergoglio. Et je peux témoigner que la persécution qu’ils ont subie leur a donné l’occasion de comprendre qu’aucun compromis ne peut être accepté, encore moins en matière doctrinale, morale et liturgique. Mais combien d’autres prêtres, combien de curés, combien de moines et de religieux, combien de jeunes vocations restent isolés et stériles, parce qu’il n’y a-t-il pas de refuge pour les accueillir et les assister ?
Pour cette raison, je suis sûr que vous saurez tous saisir l’occasion qui vous est donnée, chacun selon ses propres moyens, spirituels et matériels, de contribuer à l’œuvre d’Exsurge Domine. À ce propos, saint Jean Chrysostome exhorte encore ceux que le Seigneur a enrichis, en leur rappelant la tâche qu’ils ont de se faire coopérateurs de la magnificence de Dieu, d’être en quelque sorte les intendants de Ses biens, créés et accordés non pas pour nourrir l’égoïsme et la soif de pouvoir, mais en harmonie avec l’ordre divin, pour la gloire de la Très Sainte Trinité et pour le Bien des âmes.
Ce soir, avec les Premières Vêpres du premier dimanche de l’Avent, la Sainte Église s’apprête à célébrer la Naissance du Rédempteur. Le premier et le dernier dimanche de l’année liturgique nous instruisent avec l’Évangile de la fin des temps, nous montrant comment tout commence et s’accomplit dans le Christ, Roi et Grand Prêtre, alpha et oméga, commencement et fin. Nous nous trouvons dans un interrègne entre la venue dans l’humilité du Verbe Incarné et son retour dans la gloire, une gloire éternelle : cujus regni non erit finis, récitons-nous dans le Credo. Eh bien, en ce temps d’épreuve et de miséricorde qui nous prépare à l’Avent liturgique et à la venue finale du Seigneur, nous avons la possibilité de mériter la béatitude du Ciel en accomplissant la Volonté de Dieu, dans la Foi animée par les bonnes œuvres.
Un regard eschatologique nous conduit à croire que nous vivons maintenant dans les derniers temps, et que le moment est venu de regarder de manière réaliste le combat auquel nous sommes appelés. Non præteribit generatio hæc donec omnia hæc fiant. Cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive (Mt 24, 33), nous avertit le Seigneur. Nous devons comprendre le privilège que nous avons eu d’assister aux étapes finales de la guerre historique entre Dieu et Satan ; une guerre déjà gagnée par Notre-Seigneur sur la Croix, mais qui attend d’être sanctionnée par le triomphe du Christ et la défaite définitive de l’Adversaire. Un privilège qui consiste avant tout à être témoins de cette victoire, précisément au moment où le succès apparent des ennemis suggère que tout est perdu et que l’Église a été vaincue et renversée. Mais n’en était-il pas de même après la Mort du Sauveur, après Son ensevelissement, lorsque les Apôtres avaient abandonné le Seigneur et s’étaient enfermés au Cénacle ? La Passio Ecclesiæ n’est pas différente de la Passio Christi, et il n’y a pas de gloire de la résurrection pour elle sans avoir d’abord souffert les souffrances du Calvaire. En cela s’accomplissent les paroles de l’Apôtre : Instaurare omnia in Christo (Ep 1, 10) signifie précisément récapituler toutes choses dans le Christ, en comprenant que la Croix est le trône d’où règne le Roi divin, et que l’Église, son Corps mystique, doit également redécouvrir sa propre identité et sa mission en gravissant le Golgotha.
Faisons en sorte que l’Enfant-Roi, que nous adorerons bientôt avec les bergers et les Rois Mages, illumine cette vallée de larmes, réchauffe nos cœurs, enflamme nos volontés, afin qu’à son retour triomphal en tant que Rex tremendæ majestatis, chacun de nous soit appelé à Sa droite : Voca me benedictis.
Et que la Très Sainte Vierge – dont le Cœur Immaculé a été choisi par le Fils éternel du Père pour être la domus aurea, le palais du Roi des rois – daigne offrir tout ce que nous aurons restituée en cette vie à Notre-Seigneur, dans la confiance de recevoir le centuple. Que la fête de l’Immaculée Conception, qui approche à grands pas, nous pousse à faire confiance à la Très Sainte Vierge, qui seule a vaincu toutes les hérésies et qui, dans son humilité – modèle pour nous tous – a mérité de pouvoir écraser la tête de l’antique Serpent. À l’Immaculée Conception, notre Mère, notre Dame et notre Reine, je confie d’une manière toute particulière Exsurge Domine et tous ceux qui la soutiennent avec l’aide spirituelle de la prière et avec l’aide matérielle de la charité. Demandons-Lui de répondre à notre supplication et de nous rendre dignes des promesses du Christ. Et qu’il en soit ainsi.
+ Carlo Maria Viganò, Archevêque
2 décembre 2023, Dernier jour de l’année liturgique et le premier samedi du mois
© Traduction de F. de Villasmundo pour MPI relue et corrigée par Mgr Viganò
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