Dans les débats qui entourent la déferlante migratoire, le plus révoltant est d’entendre des autorités religieuses catholiques demander à l’Europe de se laisser envahir. A ces seuls mots, le bien-pensance de la gauche « chrétienne » va suffoquer et nous parler de charité. Or le mouvement catholique Civitas avait déjà répondu en 2009 à cette objection dans un numéro de sa revue consacré à l’immigration. Dans son éditorial, Alain Escada écrivait :
Mais la charité doit être bien comprise, à l’abri des confusions d’une société déformée par un matraquage de poncifs suicidaires. Trop de « chrétiens » de gauche ont participé à la mise en place d’une imposture en assimilant charité chrétienne et idéologie « immigrationniste ». En ce point comme en tous les autres, le véritable catholique recherchera le bien commun. Comme le rappelait l’Abbé Celier (dans son ouvrage Un regard chrétien sur l’immigration) : « Une nation n’est pas un agrégat d’individus anonymes, standardisés et interchangeables avec n’importe quels autres hommes de n’importe quelle autre nation. Une nation possède une identité ethnique et culturelle, qui est son bien, sa propriété, et qu’elle a le droit (et même le devoir) de protéger et de maintenir. »
Naturellement, les « chrétiens » de gauche se retrancheront derrière l’autorité du Pape François et de plusieurs évêques émettant des propos délirants sur l’immigration dont le dernier avatar est ce communiqué affligeant :
Déclaration du Comité Permanent de la COMECE, la Commission des Episcopats de la Communauté européenne, concernant la situation actuelle des réfugiés et le débat autour d’une politique européenne commune d’immigration et d’asile.
L’afflux de réfugiés vers l’Europe place les Etats de notre continent face à d’énormes défis. Mais ces défis peuvent être relevés, si les Européens les considèrent comme une responsabilité partagée et travaillent ensemble à leur résolution. Etant donnée la situation dans les pays de première entrée, au Sud de l’Europe, nous constatons que le système de Dublin ne fonctionne pas. Cependant, au vu de la situation dans les pays de destination convoités, nous constatons également qu’il n’est pas possible de continuer sans une clé de répartition européenne. Le fait que certains pays cherchent à se dégager entièrement de leur responsabilité est inacceptable. L’Union européenne n’est-elle pas fondée sur la solidarité des Européens entre eux ? Le problème des réfugiés est un défi commun qui nécessite par conséquent une solution européenne commune. À cet égard, nous saluons la récente initiative de la Commission européenne pour une répartition plus équitable des réfugiés et des normes communes en matière d’asile en Europe. Dans cette perspective, des mesures supplémentaires seront certainement nécessaires.
Nous ne devons pas accepter que des hommes et des femmes se noient ou soient asphyxiés aux frontières de l’Europe. Empêcher les réfugiés d’entrer en Europe avec des fils barbelés et des murs n’est pas une solution. Qui plus est, pour les Chrétiens, il est un devoir de venir en aide aux réfugiés et ce, quelle que soit leur origine ou leur religion.
Le Pape François a appelé l’Eglise en Europe à accueillir les réfugiés : « Je m’adresse à mes frères évêques d’Europe, de vrais pasteurs, pour que dans leurs diocèses ils soutiennent mon appel, rappelant que la miséricorde est le deuxième nom de l’amour. » Cet appel du Pape oblige l’Eglise en Europe à agir. Nous devons tous être touchés par la détresse de ces femmes et de ces hommes. Nous sommes très émus par l’élan de solidarité et de serviabilité de tant d’Européens pour l’accueil des réfugiés au cours de ces dernières semaines. Nous remercions tous ceux qui s’engagent à faire en sorte que les réfugiés soient reçus avec humanité et convivialité dans un esprit de compassion et de charité chrétienne – indépendamment de la possible reconnaissance ultérieure d’un motif pour l’asile. Cependant, il est choquant que l’on assiste par ailleurs à du harcèlement et de l’hostilité envers les réfugiés. Nous devons nous y opposer fermement.
L’Europe doit sans attendre adopter une politique commune d’immigration et d’asile. Si l’on est capable de résoudre des crises économiques au cours de sommets européens extraordinaires de jour comme de nuit, alors cela devrait être tout aussi possible lorsque le destin de tant d’hommes et de femmes est en jeu. Après tout, la question d’une solution commune à la crise des réfugiés est aussi une question qui touche directement aux valeurs et à l’avenir de l’Europe.
Cette déclaration du Comité Permanent de la COMECE (S.Em. le Cardinal Reinhard Marx, S.E. Mgr Jean Kockerols et S.E. Mgr Gianni Ambrosio) a été adoptée lors d’une rencontre à Munich le 9 septembre 2015.
De tels propos ne feront qu’éloigner de cette Eglise conciliaire les catholiques confrontés à la réalité du terrain et subissant les affres du grand remplacement de populations. Mais cela traduit aussi, dans ce domaine qu’est l’immigration, l’opposition radicale entre l’Eglise conciliaire et la Tradition catholique. Petit rappel.
Mgr Bossuet, Evêque de Meaux, avait décrit la Rome transformée par l’immigration (dans son Discours sur l’Histoire universelle) :
« Rome épuisée par tant de guerres civiles et étrangères, se fit tant de nouveaux citoyens, ou par brigue ou par raison, qu’à peine pouvait-elle encore se reconnaître elle-même parmi tant d’étrangers naturalisés. Le sénat se remplissait de Barbares : le sang romain se mêlait, l’amour de la patrie, par lequel Rome s’était élevée au-dessus de tous les peuples, n’était pas naturel à ces citoyens venus du dehors. »
En novembre 2000, Mgr Biffi, archevêque de Bologne, déclarait :
« Le droit à l’invasion n’existe pas. (…) Rien n’interdit à l’Etat italien de gérer l’immigration de manière à sauvegarder son identité nationale. »
Rappelons encore ce passage de l’Ecriture Sainte :
« Admets chez toi un étranger, et il te renversera au milieu du désordre et il t’éloignera de tes propres biens. » (L’Ecclésiastique II, 36)
Lorsque saint Matthieu dit « J’étais sans asile, et vous m’avez recueilli« , il faut préciser qu’il n’est question que d’hospitalité temporaire et non d’une immigration qui s’installe.
L’Eglise catholique enseigne également la préférence nationale :
« Comme tu ne peux être utile à tous, tu dois surtout t’occuper de ceux qui selon les temps et les lieux ou toutes autres opportunités te sont plus étroitement unis comme par un certain sort; par sort en effet, il faut entendre quiconque t’est lié temporellement et qui adhère à toi, ce qui fait que tu choisis de l’avantager (…) »
Saint Augustin (Doctrine chrétienne, L.I, ch. 28)
« Dans l’exercice de la charité il existe un ordre établi par Dieu, selon lequel il faut porter un amour plus intense et faire du bien de préférence à ceux à qui l’on est uni par des liens spéciaux. »
Pie XII, Summi pontificatus, 20 octobre 1939
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