Le 9 novembre, une enquête de l’IRSN (l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) a publié les conclusions de son enquête sur la fuite de ruthénium 106 détectée en Russie, probablement à la fin septembre.
Du ruthénium-106, un produit de fission issu de l’industrie nucléaire par ailleurs utilisé dans le domaine médical, a été détecté dès fin septembre par plusieurs réseaux européens de surveillance, rappelle l’établissement public dans une note d’information. Son directeur général adjoint, Jean-Marc Peres, précise que : «Le ruthénium 106 n’existe pas à l’état naturel, donc il a bien fallu qu’il soit rejeté dans l’environnement par une activité humaine» . Le BfS allemand a confirmé ces données.
L’épicentre a été localisé au-dessus des sources des fleuves Oural et Volga, probablement autour de la ville de Perm, du moins dans la région comprise entre Perm et Iekanerinbourg.
Vu la localisation de l’origine des radiations, il existe plusieurs pistes possibles : les usines de fabrication de missiles nucléaires de Zlatoust, Iekaterinenbourg ou Chelyabinsk, le centre de stockage nucléaire de Nizhnyaya Tura (plus douteux car situé un peu plus à l’ouest que la zone ciblée), voire la base de missiles nucléaires de Taguil, où sont déployés des missiles SS-25 et où des missiles SS-27 II devaient être prochainement déployés… En tout état de cause, il ne peut s’agir d’un accident sur un réacteur de centrale nucléaire de Beloïarsk, située non loin du point le plus probable, à l’est des Monts Oural, car le ruthénium 106 a été détecté tout seul, sans autre élément radioactif caractéristique d’un tel accident. Par contre, vu l’utilisation médicale du ruthénium 106, il n’est pas du tout impossible que la fuite provienne de la Faculté de Médecine de Perm, l’une des plus importantes du pays, qui utilise ce genre de produits dans son département des cancéreux.
Selon la Russie, il s’agirait de la chute et désintégration dans l’atmosphère d’un satellite avec un générateur d’électricité fonctionnant au ruthénium. «Nous avons regardé cette hypothèse, mais nous n’avons aucune information montrant qu’un satellite ainsi équipé soit tombé sur Terre vers la dernière semaine de septembre, donc nous ne pouvons rien affirmer», précise Jean-Marc Peres.
Hristo XIEP
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