Ces massacres se place dans le contexte de la rébellion bulgare contre l’oppresseur turc  en mai 1876, suite à la levée d’un impôt discriminatoire contre les chrétiens et à la révolte de l’Herzégovine. Alors que les chrétiens laissèrent en paix les musulmans, l’Empire Ottoman se livra par contre à ses génocides antichrétiens coutumiers, commis par les sinistres bachi-bouzouks. Ce fut le théâtre du massacre de Batak, qui souleva d’indignation l’Europe, faisant perdre à la Turquie l’alliance britannique. En voici le récit du journaliste américain McGahan :

«  Un morceau de plafond, un mur incomplet s’élevant, tout le reste en ruines… Nous avons encore regardé le tas de crânes et de squelettes face à nous pour nous apercevoir qu’ils étaient tous petits et que la facture des vêtements embarrassés dans ces os gisant là était faite pour les femmes. Ce n’était, par conséquent, que des femmes et des fillettes. De ma selle, je distinguais environ cent squelettes, sans compter ceux cachés sous les premiers dans un horrible tas. D’autres squelettes étaient dispersés un peu partout à travers les champs. La plupart des crânes étaient séparés du reste des os, les squelettes étaient presque tous sans tête. Ces femmes avaient toutes été décapitées… et la procédure avait été, semble-t-il, la suivante : ils auraient saisi une femme, l’auraient soigneusement dépouillée de sa chemise, auraient déposé au sol les vêtements les plus onéreux, ainsi que les bijoux qu’elle aurait pu porter. Puis tous ceux qui en avaient envie les avaient violées, et le dernier passé la tuait ou pas, selon son humeur… Nous avons jeté un œil dans l’église incendiée mais non détruite, à la charpente noircie. C’était un bâtiments peu élevé au toit bas, que supportaient de lourdes arches irrégulières. Il était à peine possible pour un homme de haute taille de s’y tenir. Ce qu’on vit là était trop horrible pour un rapide coup d’œil. Un nombre immense de cadavres avaient été partiellement brûlés là et les restes carbonisés semblaient à moitié remplir la pièce, jusqu’aux sombres arches basses, ce qui les rendait encore plus sombres et basses. Les restes gisaient dans un état de putréfaction tel qu’il était impossible de s’y attarder. Je n’aurais jamais pu imaginer quelque chose d’aussi horrible. Nous devînmes tous malades et titubâmes hors de l’église ravagée, contents de retrouver la rue de nouveau. Nous fîmes le tour de la place et vîmes le même spectacle se répétant encore et encore une centaine de fois. Des squelettes masculins avec des vêtements et de la chair, encore pendus et pourrissant de concert. Des crânes de femmes à la chevelure traînant dans la poussière, des os d’enfants partout. On nous montra là une maison où 20 personnes avaient brûlé vives; là une autre dans laquelle une douzaine de fillettes avaient trouvé refuge et avaient été assassinées. C’était partout des horreurs cachant d’autres horreurs ».

140 ans avant Daech. Même religion, même méthodes…

Le 24 avril 1877, la Russie déclare la guerre à la Turquie. La Roumanie accepte d’entrer en guerre aux côtés des Russes dans l’espoir d’obtenir une reconnaissance internationale de son indépendance. Ainsi, en juin 1877, la principale armée russe, accompagnée des troupes roumaines, franchit le Danube, traverse le nord de la Bulgarie puis vient piétiner dans les cols des Balkans (dont le col de Chipka) où les Ottomans tentent de les arrêter. Ces derniers vont réussir, du 19 au 21 juillet 1877, à reprendre aux russes la ville de Stara Zagora. La ville sera rayée de la carte par Soliman Pacha, qui utilisa encore les bachi-bouzouks et le massacre dépassa en horreur celui de Batak, ne rejoignant dans l’histoire de la folie humaine que les tueries républicaines en France et celles du FLN en Algérie. Voici ce que relatèrent les témoins :

« Les actes de sadisme sont terrifiants. Les femmes enceintes sont éventrées et leurs enfants à naître arrachés. Les gens sont enfilés sur des broches et cuits comme pour un barbecue humain. D’autres sont écorchés vifs, leurs peaux sont remplis de paille et accrochés sur les arbres. Beaucoup ont été brûlés vifs, certains sur les autels des églises après avoir été crucifiés… Les jeunes femmes sont contraintes de danser nues au milieu des ruines sanglantes avant d’être abattues. Toutes les églises de la ville dont Sainte-Marie et Saint-Nicolas, sont mitraillées par l’artillerie puis incendiées. Dans l’église Sainte Trinité 2 500 Bulgares trouvent la mort, certains corps restant debout par manque de place où tomber. On dénombrera entre 14 000 et 15 000 morts. 1 200 survivants mourront de faim par la suite. 10 000 jeunes garçons, jeunes filles et femmes sont enlevés et déportés en Turquie pour être vendu dans l’Empire, en faire des janissaires ou peupler les harems et les bordels turcs. Le seul édifice public qui survivra à l’incendie et à la destruction est la mosquée, Eski Dzhamiya, encore debout aujourd’hui… »

La Bulgarie parvint finalement à retrouver son indépendance, même si elle fut spoliée lors du Congrès de Berlin (la Bulgarie n’eut ses frontières réelles que de 1941 à 1944). Le souvenir de ce massacre est encore présent dans les mémoires et les victimes sont honorées comme il se doit, et chaque année une marche au flambeau rappelle aux jeunes générations quel « enrichissement » l’islam a apporté à la Bulgarie…

Hristo XIEP

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