Au « Dieu des surprises » de Jorge Mario Bergoglio, la vraie Église

et les vrais Pasteurs opposent le semper idem de l’éternité divine.

Nous Vous implorons ! Esprit de paix, descendez encore, Soyez propice à Vos adorateurs, Propice à ceux qui Vous ignorent ; Descendez et recréez ; Réanimez les cœurs éteints dans le doute ; Et soit divine récompense aux vaincus Le Vainqueur miséricordieux. [Manzoni, Pentecôte, vv. 89-96]

La dévotion populaire célèbre ce jour solennel sous le nom de « Pâques des roses », en souvenir de l’ancienne coutume de symboliser la descente de l’Esprit Saint sur les Apôtres et sur la Très Sainte Vierge Marie par une cascade de pétales de rose. Elle est si semblable à la Pâques, que la veille de la Pentecôte, le Saint Baptême était solennellement administré à ceux qui n’avaient pas pu être régénérés pendant la Veillée du Samedi Saint ; et de même que la Pâque juive était une figure de la Pâques chrétienne, de même la Pentecôte juive – dans laquelle était célébrée la promulgation des Dix Commandements sept semaines après la fuite d’Égypte – était une figure de la nouvelle Pentecôte, cette fois étendue à tous les peuples.

À Pâques, l’κόσμος s’incline devant la majesté du Christ-Roi et Pontife, per quem omnia facta sunt ; à la Pentecôte, la création rend hommage à l’Esprit Créateur, au Creator Spiritus qui, dans Sa puissance, renouvelle la face de la terre. À Pâques, les promesses messianiques de l’Ancienne Loi s’accomplissent ; à la Pentecôte, ce sont les promesses du Messie Lui-même qui s’accomplissent dans Son Corps mystique, la Sainte Église, la Mère des Saints – comme l’appelle Manzoni dans le célèbre hymne sacrée.

Les Apôtres sont enfermés au Cénacle propter metum Judæorum (Jn 20, 19) : ils n’ont pas encore reçu l’Esprit Saint et leurs craintes humaines disparaîtront dix jours après l’Ascension du Seigneur, avec la descente de l’Esprit Saint. Aujourd’hui, cette absence se répète à l’envers, avec une Hiérarchie qui ignore coupablement, qui garde coupablement le silence et cache et frustre l’œuvre sanctifiante du Paraclet après Sa descente, et après que deux mille ans de Chrétienté aient montré Sa puissance divine en gagnant les âmes à Dieu et en édifiant la Sainte Église.

Nous ne devons pas sous-estimer la gravité de cette absence :

elle est délibérée, consciemment vouée à nuire, car les mercenaires sont conscients que pour démolir la société civile et l’Église, il est nécessaire d’empêcher autant que possible que la Grâce se répande, qu’elle agisse par les Sacrements, qu’elle arrête la main droite de la Justice de Dieu par la Sainte Messe. Ils veulent faire en sorte que le Sacrifice du Christ soit rendu vain, afin qu’en asséchant les torrents de Grâce, les âmes s’affaiblissent et meurent de soif en traversant le désert d’un monde hostile. Leur volonté – exactement comme nous avons vu faire les médecins pendant la farce pandémique – n’est pas dictée par l’inexpérience ou l’incapacité : c’est plutôt une volonté de faire le mal, de servir l’Ennemi, de se plier au pouvoir du Nouvel Ordre Mondial dans l’illusion vile et abjecte d’avoir une place à la cour de l’Antéchrist. Misérables traîtres, pour qui la seule raison de vivre est de se consumer dans cette sordide libido serviendi.

Cette œuvre subversive – car elle l’est à tous égards, devant Dieu, l’Église et les âmes – a pour but l’usurpation de la Seigneurie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, afin qu’à sa place le fils de perdition, l’Antéchrist, puisse s’asseoir dans le lieu saint, dans une contrefaçon grotesque de l’autorité civile et religieuse. Nous ne pouvons pas croire qu’un Successeur des Apôtres puisse renier et contredire le mandat reçu du Christ et servir Son ennemi, sans comprendre qu’en faisant cela, il se rend complice du plan satanique de la Révolution. Non, chers fidèles : après des décennies de dissolution systématique de l’Église – et plus de deux siècles de dissolution sociale – aucun Pasteur de bonne foi ne peut encore penser que les innovations introduites par Vatican II n’ont rien à voir avec l’état désastreux dans lequel se trouve le corps ecclésial. À ceux qui aujourd’hui encore défendent l’indéfendable, présumée ‘‘orthodoxie’’ du Concile et de sa liturgie, face au massacre des âmes des soixante dernières années, les paroles du grand Bossuet sont parfaitement appropriées : Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. 

L’absence de l’Église – c’est-à-dire son éclipse par la secte conciliaire et synodale, sa coopération active au projet synarchiste de la Franc-Maçonnerie – est l’exact opposé de la garde vigilante des Apôtres, qui, encore spirituellement désarmés, attendaient les armes célestes de leur Seigneur et auraient été prêts à les revêtir et à combattre au prix de leur vie, comme cela fut ensuite.

Tristes erant Apostoli : le cœur des Apôtres était accablé par la récente Ascension du Seigneur, et l’attente anxieuse de l’Esprit Consolateur puisait dans l’espérance plutôt que dans la sécurité humaine. Seule, Notre-Dame – inébranlable – a gardé la certitude de la Foi et a certainement consolé les Apôtres en leur rappelant les paroles de son divin Fils.

Le cœur des mercenaires n’est pas craintif : il est plutôt rendu fou par l’hostilité envers Celui qui a déjà vaincu, afin de servir et de plaire à celui dont on sait déjà qu’il a inéluctablement perdu. Et c’est tout aussi insensé de croire qu’en présence d’une trahison aussi scandaleuse qu’inouïe de la part de la Hiérarchie, ce même Saint-Esprit ne puisse pas déployer sa toute-puissance par des voies extraordinaire, en transformant des pierres en prophètes.

Telle est la puissance créatrice et régénératrice de l’Esprit Saint Paraclet : Il souffle où Il veut (Jn 3, 8). Et comme Notre-Seigneur l’enseigne à Nicodème, où Il veut ne signifie pas où bon lui semble, cela n’implique pas l’arbitraire, mais au contraire la coïncidence de l’acte divin avec la volonté divine. L’Esprit Saint souffle où Il veut : Il veut descendre pour sanctifier et bénir par Sa Grâce le Sacrifice de l’autel : veni, et benedic hoc sacrificium tuo sancto nomini præparatum ; Il veut descendre sur ceux qui renaissent dans l’eau du Baptême, sur les milites Christi dans la Confirmation, sur les ministres du Très-Haut dans l’Ordination Sacrée, sur les époux dans le Mariage, sur les malades et les mourants dans l’Extrême-Onction. Il souffle aussi dans les petites communautés qui résistent à l’esprit du monde, esprit de mensonge qui ne vient pas de Dieu ; Il souffle dans les églises où la flamme de la Foi est conservée ; dans l’épanouissement des vocations séculières et religieuses traditionnelles.

Au « Dieu des surprises » de Jorge Mario Bergoglio, la vraie Église et les vrais Pasteurs opposent le semper idem de l’éternité divine.

Parce que la nouveauté de la Révélation chrétienne n’est pas un but inaccessible poursuivi par le soi-disant le progrès, qui est également soumis aux modes et au temps qui passe, mais plutôt un événement historique qui constitue le discrimen [la séparation] entre l’avant et l’après, entre l’ancien et le nouveau, précisément ; entre les ténèbres et la lumière. Une Révélation qui est Notre Seigneur Jésus-Christ, le Verbe éternel du Père, et que le Paraclet scelle de ses dons, comme l’Amour divin qui procède du Père et du Fils ; le même Esprit qui a parlé par les prophètes et qui continue à nous parler dans les paroles éternelles de la Sainte Église, voix du Christ que les brebis reconnaissent.

Le monde se moque et rejette la paix que seul Notre Seigneur peut donner. Pax Christi in regno Christi : celui qui veut faire régner Satan ne peut ni comprendre ni vouloir la paix du Christ, afin que soit Chaos Antichristi in regno Antichristi. La paix ne vient que du Christ, et sans le Christ, il ne peut y avoir de paix. Il ne peut y avoir de paix non plus dans un monde qui s’est enfoncé dans l’apostasie et dans le culte de Satan à cause de la trahison de l’autorité civile corrompue et soumise au pouvoir ; il ne peut y avoir de paix dans une Église dont la hiérarchie n’est pas moins apostate, corrompue dans les Mœurs et la Foi, et soumise au même pouvoir.

Mais si dans un monde qui crucifie quotidiennement son Seigneur il ne peut y avoir ni paix ni prospérité, il y a néanmoins un petit sanctuaire dans lequel cette paix est possible, dans lequel le Seigneur daigne choisir sa propre demeure, dans laquelle les anges aiment s’arrêter : c’est notre âme. Un sanctuaire précieux que, par la volonté de Dieu, personne n’a le pouvoir de violer, pas même les démons et leurs serviteurs enivrés par le délire de l’intelligence artificielle. Une âme en état de grâce grandit en sainteté, et plus elle s’abandonne avec confiance à la volonté du Seigneur, plus cette croissance spirituelle se poursuit rapidement. Là est le cénacle dans lequel nous nous réfugions souvent, demandant au Consolateur de nous donner de la force et de nous soutenir dans les moments d’épreuve. Et un refuge similaire est la famille, « église domestique », où les horreurs du monde corrompu n’entrent pas, et qui sera sauvée au passage de l’Ange exterminateur.

Si la Très Sainte Trinité habite dans nos âmes, la paix intérieure ne nous fera pas défaut dans les moments les plus difficiles, car nous saurons que c’est précisément à ces moments que le Seigneur vient à notre aide comme un divin Cyrénéen. Cette paix ne nous manquera pas non plus lorsque nous devrons répondre, comme d’une faute, de professer intégralement la Foi catholique : Lorsqu’ils vous amèneront devant les synagogues, les magistrats et les autorités, ne vous inquiétez pas de votre défense ni de ce que vous direz, car l’Esprit Saint vous enseignera à ce moment-là ce que vous devrez dire (Lc 12, 11-12). C’est le sens du mot Paraclet : avocat, conseiller et défenseur de celui qui est accusé, de celui que le diable – διάβολος, l’accusateur – calomnie avec ses faux arguments. C’est pourquoi, dans le Veni Creator, nous demandons au Paraclet : Hostem repellas longius, chassez au loin l’ennemi ; c’est pourquoi à cette invocation nous ajoutons la demande de paix, pacemque dones protinus.

Invoquons donc, chers frères, le divin Consolateur, dulcis hospes animæ, afin que le Christ, Prince de la paix, règne dans le sanctuaire de nos cœurs, dans nos familles et dans nos communautés, afin que là où règne le Fils, le Père et l’Esprit Saint règnent aussi, en restaurant l’ordre divin brisé par le péché. Ainsi soit-il.

+ Carlo Maria Viganò, Archevêque

19 Mai 2024, Dominica Pentecostes

© Traduction de F. de Villasmundo pour MPI  relue et corrigée par Mgr Viganò

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