Lors d’une session parlementaire hongroise qui commença par un débat ouvert, les députés du Fidesz, sous l’influence des lobbyistes mondialistes professant au sein du parti, ont finalement voté pour le traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (CETA, Accord économique et commercial global).
Bien qu’aucune consigne de vote n’ait été donnée, ce qui laissait théoriquement à chacun toute liberté de décider en conscience, 94 députés du Fidesz ainsi que les huit membres du petit partenaire du gouvernement, le Groupe démocrate-chrétien, votèrent en faveur du CETA[1].
Au lendemain du vote, les députés du Fidesz Gabriella Selmeczi et László Horváth − qui s’était abstenu lors du vote – ont tenu une conférence de presse conjointe, où ils ont soulevé la question d’une éventuelle ligne de fracture au sein du Fidesz sur le CETA.
Gabriella Selmeczi déclara que le groupe avait modifié la position antérieure du gouvernement qui stipulait que le CETA ne devait pas entrer en vigueur, même temporairement, car affectant des domaines d’importance nationale.
Selon la parlementaire du Fidesz, « sur ce point, nous affirmions que cela pouvait continuer ainsi jusqu’à l’adoption du CETA ». En d’autres termes, il devrait encore couler beaucoup d’eau sous les ponts du Danube d’ici à la ratification du traité.
Les lobbyistes à l’œuvre
Selmeczi s’est également penchée sur les mécanismes de décision internes au Fidesz : selon elle, les membres du groupe parlementaire n’ont même pas lu les documents nombreux et juridiquement très complexes du traité, mais ils ont voté en bons politiciens, selon « la méthode éprouvée » en s’appuyant sur l’interprétation qu’en ont donnée les experts internationaux mandatés (les lobbyistes). Leurs recommandations ont finalement été le fondement de la décision du groupe…
La responsable politique hongroise a toutefois mis en exergue que « lorsque le groupe prit sa décision, il connaissait très bien le contenu et les conséquences politiques du projet du CETA ».
Il apparaît donc clairement que le gouvernement hongrois soutient la signature du CETA programmée pour le 27 octobre par la Commission européenne et le gouvernement canadien, « de la même façon que tous les autres Etats-membres de l’UE la soutiendront[2] », dixit Selmeczi.
Mais pourquoi un député du Fidesz s’est-il abstenu ?
László Horváth: « J’ai décidé de m’abstenir car j’émets des réserves sur toute cette procédure. » Réserves sur le CETA[3] qu’il entendait exprimer par son abstention au Parlement. Horváth a en outre rappelé qu’aucune consigne contraignante n’avait été donnée et que, par conséquent, d’autres parmi ses collègues de parti auraient aussi pu rejeter les recommandations des « experts internationaux ». Une déclaration cryptée, mais parfaitement compréhensible pour des initiés politiques…
Sources
http://unser-mitteleuropa.com/2016/10/19/ungarn-warum-die-fidesz-abgeordneten-fuer-ceta-stimmten/ 19. 10. 2016
alfahir.hu/nem_volt_kotelezo_onkent_szavaztak_a_fideszesek_a_ceta_ra
[1] Dont la ratification entre l’UE et le Canada est prévue pour le 27 octobre 2016. Date qui pourrait être remise en question depuis que la Wallonie a maintenu son opposition à ce traité le 20 octobre : https://francais.rt.com/economie/27862-wallonie-maintien-son-veto-ceta
[2] Notamment la France, en dépit des nombreuses oppositions à ce traité, qui représente une étape de plus dans la destruction de notre économie nationale et nous enchaîne au système normatif nord-américain :
https://stoptafta.wordpress.com/2016/09/16/tafta-et-ceta-hollande-et-fekl-jouent-notre-souverainete-democratique-a-bratislava/
http://www.frontnational.com/2016/09/vers-la-signature-du-traite-ceta-entre-lue-et-le-canada-encore-un-mauvais-coup-porte-aux-nations-europeennes/
https://www.confederationpaysanne.fr/actu.php?id=5130&PHPSESSID=tcdj6qhpokjtu01q8r7an76gp6
[3] Il n’est pas le seul : une pétition de 3,4 millions d’Européens a été signée contre le TAFTA/CETA :
https://www.collectifstoptafta.org/actu/article/ceta-l-approbation-des-28-n-aura-pas-lieu
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