A la faveur d’une lecture – il en est de point sotte -, voici revenu le temps de méditer les fondamentaux du conditionnement humain. Ne point se méprendre sur l’injonction qui préside à cet article : « Laissez-vous être ! ». Il ne s’agit ni d’un laisser faire (de la volonté), ni d’un laisser-aller (de l’intelligence). Il s’agit plutôt d’une prescription d’ordre ontologique. Celle qui consiste à laisser, à chacun d’entre-nous, le soin de laisser son être devenir (en acte) ce qu’il est (en puissance).
Les carnets repérés, ici (1), sont d’une haute tenue intellectuelle. Ils ne sont point dictés par l’emphase mais sont tous à l’avantage d’un homme et d’une femme que la présence en ce monde rend on ne peut plus précieux à ce monde.
De quoi s’agit-il ? L’auteur, éminent dominicain né en 1902 et mort en 1984, nous indique la main du Divin Maître guidant, avant la faute originelle et dans une intimité toute surnaturelle, l’itinéraire de l’homme et de la femme placés ici-bas pour participer à son Etre d’Inépuisable Majesté. Or, après le cataclysme du péché, Dieu les rattrape pour les faire participer à Son acte « fou » de la Rédemption. L’auteur s’applique, dès lors, à nous montrer « la route amorcée par Dieu pour que l’homme et la femme se connaissent dignes du bonheur qui leur est propre, mais dont ils s’éloignent de plus en plus ».
Cette participation devient, chez l’homme, le travail qu’il doit accomplir pour s’amender de la faute première, la réparer, et, chez la femme, le soutien qu’elle lui apporte pour la réparer à ses côtés. Il y a, comme au temps d’avant la faute originelle, un ordre naturel à respecter, parce que respectable dans toute sa dimension initialement surnaturelle. Désormais, l’homme souffre et transpire dans son travail, et la femme le soulage, le désaltère, le nourrit – c’est-là son cœur à l’ouvrage -. Elle lui insuffle l’esprit nécessaire à la réparation. « C’est inscrit dans la nature de l’homme, dans la nature de la femme, le secret de l’homme et de la femme, (de) se tenir (ainsi) compagnie ». L’un est la force à l’ouvrage, l’autre l’esprit qui lui vient au secours par son concours. Comme deux miroirs qui, face à face et à distance respectable, projettent l’un envers l’autre la profondeur de leur lumière respective, l’homme et la femme doivent se tenir à la distance voulue, à la distance juste, pour rendre « l’intime du miroir, plus miroir ».
Or, c’est parce qu’aujourd’hui « les deux miroirs sont brisés », que « la puissance et l’esprit sont en conflit », et, « qu’au lieu de se refléter, ils se juxtaposent » ; c’est parce que la vie moderne les opposent jusqu’à tuer leur lien (divorce) ou usurper leur place (dans le travail), qu’il devient urgent à l’homme et à la femme, de se restaurer chacun dans son être ; qu’il convient, à tous deux, de se laisser être !
A lire ou relire de toute urgence…
Gilles Colroy.
(1) Carnet spirituels du R.P. Bernard Marie Michel de Chivré. n°1 juin 2004: le mariage
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !