Ce dimanche 29 mai, pour rendre hommage à la Vierge de Lorraine, soixante dix personnes se sont retrouvées devant le Monument au Comte de Chambord, à Sainte Anne d’Auray, où se trouve une belle statue de la patronne secondaire de la France. Soixante dix personnes des quatre coins de la Province de Bretagne : pays de Cornouaille, pays du Trégor, pays de Saint Malo, pays nantais, et pays vannetais où la cérémonie s’est déroulée. Il y avait même un vendéen ! Mais surtout, ce sont trois mouvements patriotiques qui se sont réunis pour cette occasion : la section vannetaise de l’Action Française, à l’initiative de laquelle la cérémonie a été organisée, le Cercle d’Action Légitimiste (CAL) de Vannes et l’institut Civitas. Preuve concrète que la coopération est possible lorsque l’on agit pour la même cause. Afin de respecter la devise de Sainte Jeanne d’Arc, «Messire Dieu premier servi», l’hommage a débuté par la méditation d’un chapelet récité aux intentions de la France et de la Sainte Église.
Puis vinrent les allocutions des différents responsables présents : d’abord, celle du responsable de la Province de Bretagne pour Civitas, Louis de Blois. Prenant appui sur l’exemple de Sainte Jeanne d’Arc, il rappela le grand idéal des chevaliers et appela à le faire revivre :
«Dieu premier servi !»
Chers amis,
Cette profession de foi en même temps que cri de guerre de notre grande sainte patronne doit réveiller en nous l’idéal des chevaliers. Car sa mission extraordinaire dans toute l’histoire de France en fait un nouveau modèle de ces preux qui, à partir du IX° siècle, se proposaient pour but le tombeau du Christ et l’élargissement du Royaume de Dieu ici-bas. Et cet idéal n’a pas faibli au travers des siècles, sous des formes diverses qu’imposaient les conditions temporelles.
Car qu’est-ce qu’un chevalier ? La chevalerie, c’est la forme chrétienne de la condition militaire, dit-on. Or tout chrétien est ici-bas un combattant. Si vous l’aviez oublié, la lecture la plus simple des épitres de Saint Paul saura vous le rappeler. Si vous en doutiez, l’Apôtre des Gentils vous en convaincra.
La chevalerie, c’était aussi la force armée au service de la vérité désarmée. Relisons rapidement le Code de chevalerie pour nous en convaincre :
- Tu croiras à tout ce qu’enseigne l’Église et observeras tous ses commandements.
- Tu protégeras l’Église.
- Tu auras le respect de toutes les faiblesses et t’en constitueras le défenseur.
- Tu aimeras le pays où tu es né.
- Tu ne reculeras pas devant l’ennemi.
- Tu feras aux Infidèles une guerre sans trêve et sans merci.
- Tu t’acquitteras exactement de tes devoirs féodaux, s’ils ne sont pas contraires à la loi de Dieu.
- Tu ne mentiras point et seras fidèle à la parole donnée.
- Tu seras libéral et feras largesse à tous.
- Tu seras, partout et toujours, le champion du Droit et du Bien contre l’injustice et le Mal.
Cette force armée au service de la vérité désarmée, il nous faut la faire revivre, aujourd’hui, chers amis ! Jamais en effet la Vérité n’a été aussi attaquée : déformée, contrefaite, altérée, calomniée, travestie, caricaturée, dénaturée, tronquée, affaiblie, amenuisée, rapiécée, atrophiée. Jamais donc la Vérité n’a eu autant besoin d’un bras secourable pour la défendre.
Oh ! Certes, il ne s’agit pas tellement de fendre du sarasin à tour de bras, ni de bouter des anglais hors de France. En tout cas, au sens littéral. Mais la conclusion sera la même : libérer les terres de Chrétienté, rétablir l’ordre et la paix que seul Notre Seigneur peut rendre à notre pays, restaurer ici le gouvernement qui a fait ses preuves de stabilité pendant de longs siècles. Certes, nous n’irons pas guerroyer sur de beaux destriers, l’arme à la main, le casque au front et le bouclier au côté. Mais notre hardiesse doit être la même, et toutes les vertus qui font un chevalier aussi : la loyauté d’abord, la largesse, la modération, la courtoisie aussi, et enfin l’honneur qui les couronne toutes. Pour épée, je vous propose donc la Croix du Christ dont elle était un symbole pour rappeler au chevalier que son devoir est de se sacrifier pour tous ceux qu’il doit servir. Avec cette épée bien en main, vous serez un nouveau Christ, selon ce qu’Il a Lui-même dit dans l’Apocalypse : «Voici ce que dit Celui qui tient le glaive acéré à deux tranchants» (II,12). Que cette épée vous serve donc à reconnaître et à garder la vraie doctrine au milieu des erreurs. Que la vertu de discrétion distingue, sous les apparences dont s’enveloppent l’amour-propre et les passions, ce qui dans vos désirs, dans vos intentions, dans vos entreprises, est la part de l’homme animal, et ce qui est de l’homme spirituel. Cette épée, c’est aussi votre langue, afin que toujours et partout, vous défendiez l’Église du Christ, sur tous les fronts où elle est attaquée, et également les veuves et les orphelins, c’est-à-dire tous ceux qui sont faibles et sans forces dans le combat de géants que nous avons à mener. Et si votre langue doit servir un jour à pourfendre un opposant audacieux, que ce soit toujours avec modération et charité. Car les paroles blessent bien plus mortellement qu’un glaive. Faut-il continuer la déclinaison de toute cette symbolique propre à élever nos cœurs ?
Pour cheval, vous vous appuyerez sur la grâce du Christ, pétris de cette grande vérité : «Sans moi, vous ne pourrez rien faire». Vous n’oublierez pas non plus le bouclier de la foi, bien sûr, «par lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Malin» (Eph. VI, 16), «car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les princes, contre les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais répandus dans l’air.» (Eph. VI, 12) Les éperons, vous vous en servirez surtout pour exciter ou au contraire appaiser vos passions : soyez rigoureux pour vous-mêmes, mais miséricordieux pour le prochain.
Chers amis, je ne m’étendrai pas plus, mais méditez donc cette loi ; méditez ces attributs du chevalier, et voyez si cet idéal n’est pas un idéal grandiose et noble. Voyez s’il n’est pas à même de remplir le vide intersidéral que la Révolution intellectuelle, puis artistique, puis religieuse, puis politique, puis morale, puis sensuelle a creusé dans les âmes. C’est l’Ordre face au Chaos le plus complet. Or nos âmes sont faites pour l’Ordre, et ne peuvent s’établir en-dehors de l’équilibre de celui-ci.
Et de même que cet idéal n’a jamais été l’apanage de l’aristocratie, de même, ne croyez pas qu’il soit l’apanage des hommes. Je prends ici le terme dans son sens viril, car les femmes ont aussi à vivre de cet esprit chevaleresque. Sainte Thérèse ne demandait-elle pas à ces sœurs d’être des hommes ? Pour leur faire comprendre que la vertu de force n’est pas réservée à ceux-ci. Tous vous êtes donc appelés à pratiquer ces vertus, à œuvrer pour le Christ-Roi. Chacun selon des degrés divers, chacun à sa place. Une sainte Jeanne d’Arc n’est pas un du Guesclin ; un Bayard n’est pas une sainte Geneviève.
Chers amis, il ne faut pas moins de vertu et d’idéal, de nos jours, pour tenir dans le monde de fous que nous connaissons hélas, qu’il n’en fallait à tous ces saints et héros de notre Patrie pour remplir leur mission. Exemples : Pensez-vous qu’il soit plus difficile de subir à longueur de journée l’immoralité ambiante du siècle, que de combattre au milieu de soldats qui, aussi chrétiens étaient-ils, n’en restaient pas moins rudes ? Était-il moins facile de s’opposer aux clercs oublieux de leurs devoirs vis-à-vis de la vérité et de la plus élémentaire justice, au XV° siècle qu’au XX° et XXI° siècle ? Car hélas, si l’Église est sainte, les hommes, eux, manquent bien souvent de sainteté. Avez-vous des choix crucifiants à faire ? Pensez donc à cette jeune fille devant quitter sa famille pour aller demander à aller voir le Roi ; ne préférait-elle pas rester tranquillement dans sa Lorraine profonde plutôt que d’aller finir brûlée vive au loin ? Devez-vous affronter des administrations aussi tyranniques qu’inefficaces ? Remémorez-vous Jeanne humainement embarassée devant une Cour inconnue, et imitez son audace. Il vous manque ses voix, me direz-vous ? Mais nous aussi avons notre conseil, chers amis : dans la prière, Dieu nous donne toutes les lumières nécessaires. Oui, vivre chrétiennement est aujourd’hui héroïque, chers amis. Et c’est pourquoi il nous faut revivre de l’idéal de nos chevaliers.
«Dieu premier servi». A cette devise, nous ajouterons donc celle des chevaliers : «Plutôt la mort que la honte !», qui nous rappelle celle des bretons : «Plutôt la mort que la souillure !». Ces devises doivent finalement être comme la respiration de notre âme : dans le doute, dans l’hésitation, prendre la voie la plus droite, la plus pure, bien que la plus rude. Ce sera la couronne de nos vies, chers amis !
Je finirai juste en disant que pratiquer la vertu même dans des conditions difficiles, ce qui est l’honneur, nous est un devoir : pour nous, car c’est la seule voie pour parvenir à la bienheureuse Eternité ; vis-à-vis de notre prochain, car c’est l’exercice de la charité ; vis-à-vis de la société, car c’est l’ordre des choses, tout simplement ; vis-à-vis de Dieu surtout, car c’est justice.
Les Bretons, les Français vous attendent, chers amis ! Le Christ-Roi aussi : Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat !
Pour manifester le lien entre la vierge lorraine et la Bretagne, un militant de l’AF s’appuya ensuite sur une prière de l’abbé Perrot, ardant prêtre breton assassiné par les communistes en 1943 :
« Jeanne, le plus beau lis de la terre lorraine, Vierge d’Orléans, Martyre de Rouen, Gloire de la France, Vous qui aimiez tant les Bretons de votre siècle et qui leur étiez si chère.
Vous qui, les larmes aux yeux, avez embrassé les genoux du frère du Duc de Bretagne, Arthur de Richemont, pour le remercier d’être venu à votre secours avec une armée de douze cent Bretons. Vous qui avez demandé que soit déployé le drapeau breton, à côté du vôtre, sur la ligne de bataille, à Beaugency, le 18 juin 1429. Vous qui aimiez tellement les Bretons que vous n’avez jamais trouvé chez eux que des amis, Ô Jeanne, du haut du ciel, quand viendra le jour où toutes les cloches de Bretagne, à la suite de celles de Rome et de France, annonceront que l’Eglise vous a reconnue pour une de ses saintes, puissiez-vous être fière et heureuse de vos Bretons du XXe siècle, comme vous l’étiez des Bretons du XVe que vous avez rencontrés sur votre route.
Apprenez-nous nos devoirs envers Dieu et nos devoirs envers la Bretagne, et les liens nécessaires qui doivent joindre ce double amour dans nos cœurs.
Jeanne d’Arc, vous qui ne faisiez la guerre que parce que vous aimiez la paix, œuvrez pour rétablir la paix entre tous les peuples sur la pierre de la foi chrétienne.»(Prière à Sainte Jeanne d’Arc, rédigée par l’abbé Perrot et disponible dans le numéro de Mai 1920 du journal Feiz ha Breiz – La traduction française quant à elle est issue du numéro 9 de SKED, de 1957. Source : Kroaz ar Vretoned, numéro 12 – « Sainte Jeanne d’Arc et la Bretagne »)
Enfin, Xavier Musset, président du Cercle d’Action Légitimiste, prit la parole :
Il y a bien longtemps, lorsque la France vivait des heures sombre, Dieu murmura à l’oreille d’une simple jeune fille sa volonté. Il lui murmura qu’Il ne reconnaissait d’autre Roi de France que celui qui était l’héritier de la couronne par sa naissance, et que le peuple de France devrait le suivre car tel était Sa volonté. Jeanne d’Arc l’écrivait dans de très nombreux écrits. Par exemple, dans sa lettre aux anglais assiégeant Orléans : « ne vous obstinez pas en votre opinion ; vous ne tiendrez pas le Royaume de France [qui est] de Dieu, le Roi du Ciel, fils de sainte Marie ; mais le tiendra le Roi Charles, vrai héritier ; car Dieu, le Roi du Ciel, le veut ainsi, et cela lui est révélé par la Pucelle. » Les Français se sont aujourd’hui écartés de la voie que Dieu avait tracée pour la France exactement de la même manière que leurs ancêtres s’étaient détournés de la lignée des Rois de France doutant de leur légitimité à gouverner. Mais il y en a qui se souviennent ! En tout cas, en Bretagne nous nous souvenons ! Nous ne reconnaissons que l’autorité de Dieu et l’expression de cette dernière au travers de celle du Roi. Nous nous moquons bien que le Roi ait été guillotiné ou des règles que nous impose la République. Que nos ennemis tremblent devant nous, car notre foi est inébranlable et se traduira un jour prochain pars des actes.
Plus jeune, je n’avais pas cet idéal de foi. J’ai moi-même un jour préféré me battre seulement pour mes propres désirs, révérant le dieu du confort personnel et de l’accomplissement de ma volonté. J’avais ma propre idée de la pureté et je n’évoquais l’idée de me battre pour mon pays qu’à la condition que cela satisfasse un désir égoïste ou que je croyais altruiste. J’étais aveugle. Aujourd’hui, je vois. De nos terres bretonnes, dont nous connaissez tous ici l’attachement aux idées royalistes, mais aussi d’autres territoires de France, des synergies humaines se mettent régulièrement en mouvement pour la cause qui nous rassemble aujourd’hui. Mais ma conviction profonde est que nous n’aurons pas d’autre Jeanne d’Arc. Après tout, à quoi bon ? Nous en avons déjà eu une. Elle nous a déjà tracé le chemin il y a 500 ans. Il n’appartient qu’à nous de suivre ses pas dans notre propre siècle.
Pour finir, j’aimerais citer Arnaud le Guen président de l’association Bretonnes des Amis de Jeanne d’Arc, lors de son discours le 8 mai dernier : « En agissant comme elle l’a fait, elle ne répondait pas au caprice d’un Roi voulant retrouver sa couronne. Non ! Jeanne d’Arc se pliait non pas à la volonté des hommes, mais bel et bien a celle de Dieu. Cette volonté, c’était celle de se battre pour que soit restauré le pouvoir légitime en France, unis à la volonté Divine, et ainsi pérenniser l’existence de son pays. »
Accompagné de la musique d’une cornemuse sortie des tréfonds de la pointe de Crozon, on procéda alors au dépôt des gerbes, encadrés par une haie de drapeaux de nos provinces. L’hommage se conclut par le magnifique chant du poème que composa Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, une autre patronne secondaire de la France, en l’honneur de Sainte Jeanne d’Arc : légitime en France, unis à la volonté Divine, et ainsi pérenniser l’existence de son pays. »
Rappelle-toi Jeanne : Domrémy, Chinon,
Orléans Reims, et Rouen où ton cœur fut pure hostie.
Fille de Dieu, Sainte Pucelle, viens au secours
De la France au nom de Jésus et Marie !
France ô ma France, Il faut t’élever
Jusqu’aux Cieux, ta Patrie,
Si tu veux retrouver la vie,
Et que ton nom soit glorieux.
Le Dieu vainqueur et clément
A résolu de te sauver.
Mais c’est par moi, qu’il veut te racheter.
Viens à moi, je prie pour toi je t’appelle, reviens à moi.
Fille de Dieu, Sainte Pucelle, viens au secours
De la France au nom de Jésus et Marie !
France ô ma France, Il faut t’élever
Jusqu’aux Cieux, ta Patrie,
Si tu veux retrouver la vie,
Et que ton nom soit glorieux.
Le Dieu vainqueur et clément
A résolu de te sauver.
Merci aux organisateurs, aux bénévoles, et à tous les participants pour ce grand moment passé aux pieds de notre héroïne !
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