Il y a 150 ans, le 7 décembre 1868, Berryer réunissait pour ses funérailles à Augerville-la-Rivière plus de 3 000 personnes de tous bords. Des membres du barreau de Paris venus en train spécial, des barreaux de Province et des barreaux étrangers, des délégations des corps constitués, de l’Académie française, des correspondants de presse se mêlent à la population locale pour lui rendre un dernier hommage.
Non pas un « dernier » hommage puisque le 7 décembre 2018, M. Olivier Citron, maire d’Augerville et Maître Michel Pierchon, avocat, représentant le Comité Berryer 2018, rappellent aux générations présentes l’illustre avocat et le tribun, à l’éloquence brillante parce qu’elle vient du cœur (1), Pierre-Antoine Berryer qui aimait à se ressourcer dans sa demeure d’Augerville où l’académicien accueillait de nombreux amis et relations goûtant les arts tels son cousin Delacroix, Rossini et tant d’autres.
Avocat dans l’âme Berryer a toujours défendu ceux qui n’avaient pas les faveurs du pouvoir. Royaliste de conviction, il plaida pourtant pour les généraux bonapartistes et obtint l’acquittement du général Cambronne. Le Figaro du 5 décembre 1868 pouvait à juste titre écrire « Ce n’est pas un médiocre honneur d’avoir en sa vie, défendu le maréchal Ney, le comte de Chambord, le prince Louis Napoléon Bonaparte et les princes d’Orléans ».
Parmi ses dernières plaidoiries célèbres, citons la défense des ouvriers typographes en 1862 qui, près de vingt ans après les compagnons charpentiers, sont poursuivis pour délit de coalition. Les typographes offriront à leur célèbre avocat une édition unique des œuvres de Bossuet, tandis que les charpentiers lui avaient offert un chef d’œuvre, nommé « le berryer », qui se trouve encore au siège-musée des compagnons au 161 de la rue Jean-Jaurès à Paris. Et on a pu dire à juste titre que le buste de Berryer mériterait de figurer au fronton des bourses du travail.
Berryer, c’était aussi le tribun, député de la Haute-Loire puis à plusieurs reprises et jusqu’à sa mort député des Bouches-du-Rhône. A la tribune il défend les libertés et notamment la liberté d’association, la liberté religieuse et la liberté de la presse. Il s’intéresse vivement aux questions économiques. Il saisit notamment l’importance nationale et internationale du chemin de fer « ce puissant moteur (qui) rapproche les peuples et les lie entre eux ». disait-il à la tribune (Oeuvres parlementaires IV, p.228). Avec Thiers, Odilon Barrot et Arago, il participe à la Commission législative chargée d’examiner le tracé des réseaux et l’ordre d’exécution en fonction des besoins économiques de la France et de la concurrence étrangère.
De tout cela se sont souvenus les membres du Comité Berryer (https://berryer.wixsite.com/berryer) déposant le 25 novembre 2018, une gerbe au pied de la statue de Berryer (2) devant le Palais de justice place Monthyon à Marseille, puis le 7 décembre, jour anniversaire de ses funérailles, sur sa tombe à Augerville-la-Rivière (2), dans le Gâtinais.
1) L’épitaphe de sa plaque tombale souligne : «Pectus est quod facit dissertos » (l’éloquence vient du cœur)
2) La sculpture initiale était inaugurée dès 1875 et elle représentait le député de Marseille que sera Berryer jusqu’à sa mort, le 29 novembre 1868, en habit de ville. Fondue sous l’occupation, elle est remplacée en 1948, par une statue en marbre inaugurée le 29 février 1948 et due au ciseau du sculpteur marseillais Elie-Jean Vizien, qui représente Berryer en robe d’avocat.
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