Il y a en France un certain nombre d’hommes dangereux dits fichés S, portant un bracelet attestant de la menace qu’ils présentent. Certains d’entre eux ont déjà été condamnés de multiples fois et n’ont pas fait un jour de prison. Chose courante en matière de criminalité : un policier de mes relations m’explique avoir arrêté lors d’un cambriolage un individu qui en était à sa 29ème condamnation. Il n’avait pas fait un jour de détention ; il s’est moqué de ce policier lors de son arrestation, n’étant plus à une condamnation près.
Qu’attend-t-on donc pour mettre en rétention les individus classés comme djihadistes ? Le gouvernement ne le fait pas au nom de « l’État de Droit » dont il nous rebat les oreilles ; ce « droit » n’est même pas respecté ; en effet les délinquants courent les rues en toute impunité ; et le droit de vivre prévu par la Constitution (et même la loi Veil) est refusé à l’enfant dans le sein maternel.
Je vais prendre deux comparaisons pour aider les lecteurs à comprendre mon point de vue sur ce prétexte donné pour ne pas mettre les fichés S en détention.
En tant qu’expert près la cour d’Appel de Douai, j’avais été appelé par les pompiers rentrés par une fenêtre chez des particuliers parce qu’un chien sur un balcon hurlait à la mort. C’était par temps d’orage. J’eus alors une vision effroyable. Une femme était là en train de dormir à côté du cadavre de son mari littéralement couvert d’asticots. Hasard, ayant vu cet homme en expertise, je constatais qu’il était mort de plusieurs affections concomitantes. Mais la femme ? Manifestement le décès de son mari lui avait fait perdre la raison.
Il existe une loi très ancienne dite « placement d’office » permettant à tout médecin de faire interner administrativement des patients susceptibles d’être dangereux pour eux-mêmes ou pour les autres. Mais cette démarche n’est pas faite n’importe comment, afin d’éviter les internements psychiatriques à la soviétique. Certificat rédigé à la virgule près selon des termes préétablis ; examen à l’entrée de l’hôpital par deux praticiens dont un psychiatre ; confirmation du diagnostic dans le service par les psychiatres responsables. Signature du sous-préfet. Or cette pauvre femme devenue folle, a été internée trois mois jusqu’à sa guérison. Qu’avait-elle fait de mal ? Rien. Était-elle dangereuse pour elle-même et pour les autres, certainement pas. Alors ? Et les fous d’Allah qui eux ont souvent déjà effectués des actes délictueux, eux sont en liberté totale…
Autre exemple. Toujours dans le cadre de mes responsabilités d’expert, j’étais amené à suivre des « injonctions thérapeutiques » : des personnes obligées de se soigner, faute de quoi, elles allaient en prison. Il s’agissait pour moi le plus souvent de jeunes toxicomanes faisant du trafic par l’autoroute entre les Pays-Bas et les côtes de la Manche, après s’être approvisionnés dans les Coffee Shops. Je revois cette ravissante très jeune fille qui s’était fait coincer par les douanes volantes. Son frère était mort d’une overdose. Condamnation à la prison : internement a priori non envisageable par le juge d’exécution des peines. Elle était donc en liberté sous condition de se désintoxiquer : chose dont j’avais la responsabilité sur le plan thérapeutique. Son injonction lui faisait obligation de se présenter régulièrement pour ses soins. Un jour elle disparut. Mon devoir était de prévenir la direction médicale de la prison. Elle fut arrêtée quelques semaines plus tard et internée sans autre forme de procès. Or en dehors de sa toxicomanie vers laquelle elle était retournée, avait-elle nui à quiconque depuis son jugement. Non !
Alors ? Par comparaison avec la femme ayant perdu la raison et la toxicomane, qu’attend donc Hollande pour arrêter tous les délinquants connus et fichés comme potentiellement dangereux ? Ceux qui demain referont un attentat tuant des dizaines de personnes et sur lesquels le gouvernement versera des larmes de crocodile.
Dr Jean-Pierre Dickès
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