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Hollande : avant d’imposer le respect, il faudrait d’abord l’inspirer !

photo de l’AFP retirée le 3 septembre

On sait désormais le motif de la mise en garde-à-vue de quatre jeunes Orléanais qui collaient des affiches « Hollande démission » : outrage au président de la République. La loi d’offense au président de la République a été abrogée en août 2013 mais l’outrage continue de rester. Voilà qu’encore une fois Hollande emboîte le pas à Sarkozy.  Ce dernier avait réactivé le délit d’offense à la suite de l’affaire Hervé Éon, condamné à 30 euros d’amende avec sursis pour avoir brandi une affichette « Casse-toi pov’con! » lors de la visite de Sarkozy à Laval en juillet 2008. A défaut d’utiliser le délit d’offense, passons au délit d’outrage. C’est un bon moyen de faire taire ses opposants.

Mais il oublie un détail, on n’impose pas le respect par la force sinon c’est déjà un aveu d’échec. Le respect ne s’impose pas mais il faut l’inspirer. Cela me rappelle un article que j’avais lu après l’épisode de la photo peu flatteuse de Hollande lors de la rentrée scolaire, supprimée par l’AFP. Son auteur n’était autre que Bruno Roger-Petit. Il développe l’idée qu’un tel incident ne serait jamais arrivé sous Sarkozy parce que Sarkozy savait inspirer la crainte aux journalistes : « Ils auraient instantanément perçu que cette photo portait atteinte à la dignité de la personne du président, qu’elle ne pouvait être qu’utilisée à de mauvaises fins, ayant peu à voir avec la qualité du débat public, et ils l’auraient détruite sans attendre de peur qu’elle ne finisse par tomber en de mauvaises mains. Ils auraient anticipé, de la manière la plus naturelle qui soit, les foudres de l’Élysée sarkozien. » L’auteur continue en disant que le PS et la gauche en général n’ont jamais su incarner l’autorité et le respect qui l’accompagne.  Tout simplement la gauche ne sait pas créer un rapport de force politique avec les journalistes. Les blagues en conférence de presse ne sont pas la meilleure façon de créer une certaine barrière, sans compter les couacs à répétition. Hollande essaye de tisser un lien de confiance avec la presse mais en même temps il décrédibilise sa fonction. Si même des journalistes viennent à mettre en avant ce manque d’autorité et de respect, que dire alors du peuple ?

Sifflé le 14 juillet, c’est rebelote le 11 novembre. Mon propos n’est pas de dire si c’est opportun ou pas car cela mériterait un autre article.  On pourrait plutôt dire ce que cela reflète : un président en dessous de tout parce qu’il est incapable d’imposer un certain respect lors d’événements de dimension nationale. Il parle d’unité nationale et il se fait siffler, du coup tout tombe à l’eau et c’est sans parler de l’image renvoyée à la presse internationale.  Il semble s’enfermer, ne se risquant plus trop à des bains de foule de peur d’être mal accueilli. Que dire d’un président qui fait mettre à l’écart des manifestants pour ne pas les entendre ? Est-il donc là pour seule une certaine partie des Français ? Ce matin, une manifestante le déclarait sur BFMTV : « on est là pour essayer de se faire entendre car il continue et on a l’impression qu’il ne nous écoute pas ». Pas une seule fois, Hollande ne s’est exprimé de manière directe aux manifestants bretons et pour l’instant aucun déplacement en vue. Agrandir la dette de la France pour solder celle du Crédit Lyonnais, n’est-ce pas un manque de respect envers le peuple français qui lui a confié la gestion de l’argent de la France ? Pendant ce temps, on demande toujours plus d’efforts aux Français après leur avoir assuré que les classes moyennes ne seraient pas touchées. Annoncer de manière triomphante que les chiffres du chômage s’améliorent pour ensuite découvrir qu’il y a eu un énorme bug SFR qui a faussé les données, c’est donner l’impression de se moquer des gens. Lors de son passage à M6 pour l’émission Capital, Hollande a donné une image peu reluisante de la fonction présidentielle avec peu d’annonces et des problèmes gastriques que certains n’ont pas manqué de mettre en avant sans compter certaines phrases « copiées-collées » de Sarkozy.  Le pire dans l’histoire, c’est que l’audience de l’interview de Zahia a fait un bien meilleur score, tout un symbole !? Hollande ridiculisé, c’est la France qui est ridiculisée à travers lui. Les Français attendent une ligne claire et directrice, non une boîte à outils qui s’apparente à de l’amateurisme politique. Tout simplement Hollande n’attire pas un respect naturel car il n’arrive pas à avoir la stature d’homme d’Etat.

En conclusion, il serait bon de revenir sur le fait que, selon la police, coller des affiches « Hollande démission » serait un outrage à la personne du président de la République. Ça revient un dire qu’en démocratie, une fois élu, la personne est indétrônable même si le peuple lui demande des comptes. Une telle manière de faire s’apparente plus à une dictature qu’à autre chose et la police tout comme le pouvoir devraient comprendre que ça nuit gravement à leur image mais aussi que ça les met en danger. Bien sûr en Allemagne nazie, tout le monde semblait aduler Hitler alors que de fait ce n’était pas tout à fait la réalité. Alors heureusement, nous ne sommes pas dans le même contexte mais Hollande devrait faire attention à ne pas dépasser certains limites au point de basculer de l’autre côté. Après le prétexte de dégradation pour des tags sur la route, on en arrive à l’outrage. Quelle est l’étape suivante ? On n’impose pas l’autorité ou alors c’est qu’on a déjà échoué. Jusqu’à nouvel ordre, on est encore libre de coller des affiches au nom de la liberté d’expression. Quand il s’agit de critiquer les religions, personne ne nous parle d’outrage mais de liberté artistique. Tout aussi risible car ce motif d’outrage s’apparente au crime de lèse-majesté du temps de la monarchie ! Vous pouvez empêcher de coller mais vous n’attirerez pas pour autant le respect !

C’est une chose d’être élu à l’Elysée mais c’en est une autre d’incarner la fonction présidentielle au point d’imposer le respect dû à sa fonction par sa prestance, son sens de l’écoute et ses décisions justes. Il peut tenter de l’imposer par la force mais ce ne sera jamais du vrai respect et au fond de lui, il le saura. Il ne tient qu’à Hollande d’avoir enfin la stature que devrait avoir un président de la République et de donner des réponses aux Français. Le respect ça se gagne !

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