L’africaniste Bernard Lugan, expert auprès du Tribunal Pénal International pour le Rwanda, fut professeur à l’Ecole de Guerre et aux Ecoles de Saint-Cyr-Coëtquidan. Il dirige la revue L’Afrique Réelle et a écrit plus d’une trentaine d’ouvrages consacrés à l’Afrique.

Cette fois, il délaisse le continent africain pour nous proposer un livre consacré à l’histoire militaire de la Louisiane. Car avant de devenir africaniste, Bernard Lugan était à l’origine spécialisé dans l’histoire militaire du XVIIIe siècle colonial.

La Louisiane française occupait l’espace compris entre le Canda au nord et le golfe du Mexique au sud, qui s’étend sur vingt et un des actuels Etats des Etats-Unis d’Amérique. L’histoire de la Louisiane française est celle d’une épopée sculptée par des missionnaires, des coureurs des bois et des officiers perdus et oubliés dans les immensités du Nouveau Monde.

Reconnue par Cavelier de La Salle à partir de 1669, la vallée du Mississippi fut l’axe de pénétration par lequel la France prit possession de tout le Centre-Ouest américain. C’est à partir du grand fleuve que s’opéra la première conquête de l’Ouest. Elle fut française et précéda de presque deux siècles la ruée américaine vers les Montagnes Rocheuses.

Au début du XVIIIe siècle, une fraction de la vallée du Saint-Laurent est colonisée par la France; à l’est, les Anglais ont achevé leur implantation sur la frange côtière comprise entre les Alleghanys et l’Atlantique, une contrée de 1200 kilomètres de long sur 200 kilomètres de large. La colonisation européenne laissait libre cependant, au centre du continent, un immense territoire allant des Alleghanys aux Rocheuses et des Grands Lacs au golfe du Mexique. Dépourvue d’implantations européennes – à l’exception de quelques missions françaises aux Illinois et espagnoles au Nouveau-Mexique – cette zone n’était plus inconnue depuis les expéditions de Cavelier de La Salle. A partir des années 1690-1695, Français et Anglais décident d’en entreprendre la colonisation. Le conflit est inévitable. L’initiative de la conquête du Centre-Ouest américain revient à la France, qui réussit durant soixante et un ans à empêcher le déferlement anglais. C’est presque sans aide, en ne comptant que sur leurs propres forces et sur l’aide des tribus indiennes alliées, que les pionniers de la Louisiane conservèrent et agrandirent cette colonie à laquelle le roi de France avait donné son nom.

L’histoire de la Louisiane française est caractérisée par la dispersion des moyens sur une superficie immense. A aucun moment le territoire ne bénéficia de l’apport démographique qui donna aux treize colonies anglaises cette formidable vitalité qui leur permit de triompher d’abord des Français, puis de leur propre métropole. Le principal atout de la Louisiane fut l’habileté de la politique indienne conduite par ses dirigeants. Elle fut presque toujours l’affaire des militaires qui connaissaient admirablement bien les tribus. Contrastant avec les pratiques anglaises fondées sur la « chasse à l’esclave » et la mainmise sur les terres, cette politique permit à la colonie française de disposer d’une véritable « armée indienne » constituée de Chactas, Cherokees, Alibamons, Ouatouais et bien d’autres encore.

Lugan nous fait revivre une épopée extraordinaire et trop méconnue des Français d’aujourd’hui. 

Histoire militaire de la Louisiane française et des guerres indiennes, Bernard Lugan, éditions Balland, 318 pages, 22 euros

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