Spécialiste de l’Afrique, Bernard Lugan a notamment été professeur à l’Ecole de Guerre et à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan. Editeur de L’Afrique réelle, il est l’auteur de très nombreux articles et livres sur l’histoire et la géopolitique du continent africain. En 2011, il fut le premier universitaire à annoncer les conséquences dramatiques qui allaient suivre l’intervention militaire franco-otanienne en Libye. Il signe aux éditions du Rocher une Histoire de la Libye précieuse pour comprendre les transformations successives de cette vieille terre berbère aujourd’hui arabisée et islamisée, après avoir été tour à tour colonisée par les Grecs, les Carthaginois, les Romains, les Byzantins, les Arabes et enfin par les Italiens.

Très complet, cet ouvrage traite à la fois l’histoire, la géographie et la géopolitique de cet ensemble de tribus rassemblées sous le nom de Libye, avec de nombreuses cartes à l’appui. La Libye fait à la fois partie du Maghreb et du Machreq. La Cyrénaïque, qui fut jadis imprégnée d’une puissante marque hellénistique, est culturellement rattachée au Machreq, alors que la Tripolitaine, qui a subi l’influence carthaginoise, fait partie du Maghreb. Lugan nous rappelle que, durant l’Antiquité, la limite entre les deux régions était matérialisée par « l’autel des Frères Philènes » édifié au fond du golfe de la Grande Syrie.

La Libye est un pays originellement berbère qui fut islamisé puis arabisé à partir du VIIème siècle. Pour les conquérants arabes, les habitants de la région étaient les « Roumis », les Romains, car pour eux l’empire byzantin était l’héritier de Rome. La romanisation y fut profonde sur le littoral et la christianisation y eut à peu près la même étendue que la romanisation. La Libye vit ensuite passer les conquérants arabes, puis les Turcs. Son évolution vers l’Etat-nation, entreprise par les Karamanli, fut stoppée par les retour des Ottomans en 1835.

Lugan souligne que la Libye est une société à deux dynamiques, celle du pouvoir et celle des tribus, la grande constante socio-politique y étant la faiblesse du pouvoir par rapport aux tribus, au nombre de plusieurs dizaines si toutefois on ne compte que les principales, mais de plusieurs centaines si on prend en compte toutes les subdivisions. Et l’allégeance des tribus au pouvoir central est contractuelle, fondée sur des négociations permanentes. Les événements qui ont suivi la fin du régime Kadhafi l’ont tragiquement montré.

Selon la conclusion de Bernard Lugan, en dehors d’une nouvelle guerre de tous contre tous, seules deux options sont possibles pour régler l’avenir de la Libye : soit la reconstruction d’un Etat fort, avec l’émergence d’un nouveau « colonel Kadhafi » qui pourrait refaire l’unité du pays, soit au contraire la reconnaissance officielle de l’éclatement de la Libye en deux pôles régionaux, avec d’un côté les tribus de la confédération de Cyrénaïque, et de l’autre, les tribus de la confédération de la Tripolitaine.

Histoire de la Libye, Bernard Lugan, éditions du Rocher, 212 pages, 20,90 euros

A commander en ligne sur le site de l’éditeur

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