L’Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) vient d’annoncer la suspension commerciale de huit médicaments génériques. Ce n’est pas une première puisqu’en décembre, une fournée (rien à voir avec la Shoah*) de même type avait frappé 25 autres génériques. En Europe 700 autres vont aussi disparaître de la pharmacopée dans les semaines qui viennent.

Beaucoup de patients se méfient instinctivement des génériques et demandent au médecin d’ajouter le fameux NS, « non substituable » afin que ceux-ci prescrivent le produit initial portant un nom commercial. Prenons un exemple ! Le produit le plus prescrit en France est le Doliprane, nom commercial. Mais la dénomination commune internationale concernant le produit de base est le « paracétamol ». Normalement le pharmacien doit substituer le Doliprane par un générique moins onéreux du paracétamol quand on lui apporte une ordonnance médicale. Or beaucoup de malades estiment que ce médicament ne fait pas effet. Il y a certes un important côté psychologique dans cette appréciation ; elle est estimée à 30 % des prescriptions. C’est l’effet placebo. Mais les autres ?

Le point de départ de cette nouvelle fournée (rien à voir avec la Shoah*) est la découverte par les inspecteurs de l’ANSM d’un électrocardiogramme falsifié. En pratique la découverte d’un produit qui ne faisait pas d’effet. Ces enquêteurs sont au nombre de huit. Ils ont fait l’an dernier 800 contrôles de génériques d’origine française et le même nombre concernant des produits de l’étranger. Objectivement compte-tenu du grand nombre de génériques qui sont sur le marché en Europe, le nombre de médicaments « moutons noirs » qui ont été débusqués apparaît comme infime. C’est du moins ce qui est affirmé par les autorités sanitaires. On voudrait bien les croire. Une question intéressante quand même se pose. Si les contrôles étaient doublés, ne trouveraient-on pas le double de ces faux médicaments ?

Cette affaire devrait théoriquement rassurer les consommateurs. « Dormez brave gens, nous veillons sur votre santé ! » Elle risque de les rendre encore plus suspicieux et inquiets.

Jean-Pierre Dickès

*PS : La référence à la Shoah est donnée dans la mesure où un personnage politique très connu avait été taxé d’antisémitisme par certains médias pour avoir utilisé ce mot. Par les temps qui courent, il faut prévoir.

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