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Haro sur les antidouleurs

anti-douleurs

La campagne en faveur de l’euthanasie a été justifiée au nom du soulagement nécessaire de la douleur. Mieux encore, une partie des contentieux aboutissant à 300 millions d’euros d’indemnisation au titre des assurances hospitalières est justifiée par une cause inattendue : des patients ont estimé ne pas avoir été soulagés convenablement de leur souffrance. Apparemment tous les médecins que nous sommes, c’est bien connu, sont des sadiques invétérés.

Or que voyons-nous ? Toute une série d’antalgiques ont disparu du marché car possiblement dangereux (Glifanan, Duperan, Phénylbutazone, Di-Antalvic etc.). Ayons donc recours à l’aspirine : danger en raison des risques hémorragiques. Tout a donc été reporté sur le paracétamol, médicament le plus prescrit au monde. Ennui : les chocs allergiques à ce produit sont mortels. On apprend que 22 comprimés à 500 mg pris sur un mois augmentent le risque cardio-vasculaire de 14 à 59 %. De plus ce produit donne de l’hypertension par insuffisance rénale apparaissant à partir d’un comprimé par jour. Sans compter les hémorragies digestives. Résultat : un taux de mortalité plus élevé et comme pour le tabac, effet de rémanence ; c’est-à-dire que les complications apparaissent même si on a arrêté depuis longtemps d’absorber ce traitement. Sans compter l’effet anxiolytique qui amène les parents à donner du paracétamol au gamin pleureur, les « sirops pour dormir » ayant été retirés de la pharmacopée. La situation est-elle pour autant désespérée et la douleur est-elle devenue fatalité ?

Veine ! Il nous reste l’Ibuprofène. Le Figaro du 14 avril nous enlève toute illusion en une demi-page. Il titre « Les dangers cachés de l’Ibuprofène : l’Agence européenne du médicament souligne les dangers cardio-vasculaires de cet anti-inflammatoire non stéroïdien pris à très haute dose. Mais la molécule n’est jamais anodine, même en automédication ». Sous Ibuprofène, nous avons 77 % de risques supplémentaires de mourir. Lequel existe « même à petites doses et pendant un temps très court ». Pour nous donner du courage est citée cette phrase d’un doyen de Faculté : « Vous en connaissez beaucoup de traitements mortels utilisés pour traiter des pathologies qui ne le sont pas ? ». Exit Ibuprofène.

Que nous reste-t-il donc ? Plus grand-chose. À part le Tramadol commercialisé sous divers noms pharmaceutiques. Ennui : cet antalgique est dérivé de l’opium et il peut transformer n’importe qui en toxicomane. Alors quelle est la solution ? Prendre le moins possible de ces médicaments et pendant le temps le plus court possible. Mais sans nul doute l’idéal serait de continuer à souffrir.

Dr Jean-Pierre Dickès

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