Derrière la guerre sur le terrain au Dombass particulièrement qui oppose l’Ukraine et la Russie, la guerre économique et monétaire fait rage sur fond de crise énergétique entre le Kremlin et le camp occidental composé de l’Union Européenne et les Etats-Unis.

Pour répondre aux sanctions décidées par les Etats-Unis, peu touchés au demeurant par leur effet boomerang, et avalisées par une Union Européenne vassale de l’oncle Sam et prenant de plein fouet les répercussions économiques de ces embargos, la Russie a décidé que son gaz devra être payé en roubles par les pays inamicaux à partir d’aujourd’hui. Une décision qui fait grincer des dents les pays de l’Union Européenne qui pour l’instant disent ne pas vouloir céder au « chantage » russe.

 « Pour l’instant, rien ne change… » a cependant annoncé le Kremlin. 

« L’approvisionnement en gaz russe ne s’arrêtera pas si les paiements en roubles n’ont pas lieu aujourd’hui. » 

Cela a été précisé par le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, le jour où le décret du président russe Vladimir Poutine est entré en vigueur, qui oblige les pays hostiles à payer en roubles pour l’approvisionnement en gaz. « Le paiement des livraisons en attente ne devrait pas être effectué aujourd’hui, il devrait être effectué à la fin de la seconde moitié du mois, en avril ou même début mai », a expliqué Peskov. Puis il a ajouté que « la décision de facturer en roubles pourrait être annulée à l’avenir sous certaines conditions, mais pour le moment c’est l’option la plus fiable ».

Ce vendredi 1er avril, les flux gaziers circulaient normalement vers l’Europe. Il se trouve que l’Europe est fortement dépendante de la Russie pour ses besoins énergétiques, presque 40 % de son gaz provenant de ce pays. Donc, si Moscou fermait les robinets, cela pourrait déclencher des pénuries immédiates, des fermetures d’usines et des coûts énergétiques paralysants. L’arrêt du pétrole et du gaz russe « pourrait faire plonger l’Allemagne dans la pire crise depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale » a mis en garde le directeur général du groupe allemand BASF, l’un des plus grands consommateurs d’électricité du pays.

Les contrats de gaz sont fixés en euros ou en dollars, mais Poutine a déclaré qu’ils devraient être payés en roubles. Si les pays occidentaux ont qualifié la demande de Poutine de « chantage » et ont refusé, il semble maintenant qu’ils n’auront pas à changer grand-chose : le nouvel arrangement pourrait être globalement le même que l’ancien processus de paiement, avec seulement un léger coup de pouce pour la devise russe en difficulté, l’objectif de la Russie. Certains ‘experts’ commencent, enfin, à comprendre la manœuvre de Poutine. 

Selon les dernières indications, en fait, apparemment rien ne changera même pour les entreprises européennes et pour les Etats-Unis qui continueront à verser l’argent en euros ou en dollars mais c’est comme s’ils payaient en roubles car ils devront cependant ouvrir un compte bancaire chez Gazprombank appelé « K »: le paiement aura lieu conformément au contrat et il ne doit pas y avoir de change, comme Poutine l’avait initialement réclamé car Gazprombank elle-même aura un autre « compte K » plein de roubles afin de transformer en monnaie russe les euros et les dollars occidentaux. Ce mécanisme garantira que le rouble ne se dévaluera plus, au contraire, il acquerra une nouvelle vitalité grâce à ce jeu puisque il faudra acquérir sur le marché la somme équivalente à un milliard d’euros. Mais ce n’est pas tout, souligne le quotidien italien Il Messaggero, le coût élevé des frais de change sera facturés à l’Italie, à la France, aux Etats-Unis, etc.

Avec ce mécanisme, Poutine est trois fois gagnant : il aura le rouble stable sur les marchés financiers, il pourra contenir l’inflation et il récoltera au moins un milliard d’euros chaque jour auprès des Européens et des Américains. Le tout sans violer les contrats stipulés en temps de paix. C’est une « victoire à la Pyrrhus » en ce moment : il faudra comprendre si ce « petit jeu » fonctionnera comme ça à tous égards. 

À ce stade, la facturation et les prix du gaz resteront exactement ceux prévus dans les contrats. Et puis, ce mécanisme renforcerait ce qui se passe depuis un certain temps, à savoir que toutes les devises étrangères arrivant en Russie serviront à l’achat de roubles. Ainsi, avec le contrôle du gaz et l’offerte monétaire sur leur bourse, le rouble pourra se reprendre de la dévaluation choc des derniers jours advenue après les sanctions occidentales.

La réponse des entreprises européennes et de leurs gouvernements respectifs n’est pas encore connue, on ne sait pas s’il y aura de nouvelles sanctions et le rouble est toujours faible. 

Le journal économique Védomosti gage que les intérêts des grands groupes finiront par s’imposer face à la classe politique européenne :

« A court terme, les Européens n’ont pas la marge de manœuvre suffisante pour pouvoir se passer du gaz russe. Les alternatives proposées aux livraisons russes sont pour la plupart totalement inaptes, puisque insuffisantes en termes de quantité. Il faut donc s’attendre ces jours-ci à ce que le monde des affaires européens soumette plusieurs options aux responsables politiques afin de remplir les exigences russes. Les diplomates de l’UE traduiront ces demandes en solutions acceptables pour les deux camps et ne faisant pas perdre la face aux différentes parties prenantes. Ces solutions reviendront probablement à mettre en place une structure intermédiaire dont le rôle sera de convertir les euros et les dollars en roubles. »

En attendant, le prix du gaz s’envole à 125 euros le mégawatheure et les encaissements russes s’enrichissent.

Francesca de Villasmundo

  

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Bertrand
Bertrand
il y a 2 années

Pour le prix de l’énergie, il faut s adresser aux écolos et autres adeptes de la « transition énergétique », elle devait faire baisser les prix et créer des emplois par milliers.
Ça fait 20 ans qu’ils empêchent le renouvellement et le développement du parc nucléaire, aujourd’hui qu’ils paient la différence de prix de leur poche;et quant au pétrole et au gaz, les anti poutine fanatiques vont devoir nous rembourser aussi.évidemment un président ouvertement patriotique, ouvertement chrétien, et pas très ouvertement favorable à l’immigration clandestine ou aux mouvements lgbtqi2as+ n’a pas beaucoup de chance de leur plaire.

Haizkolari
Haizkolari
il y a 2 années
Répondre  Bertrand

1°) L’énergie nucléaire ne peut en aucun cas remplacer le gaz dans toutes ses applications, sauf à passer par une économie de guerre comme celle de l’Allemagne entre 1940 et 1944.
Il est vrai que l’énergie électrique permet de nombreuses synthèses et donc de fabriquer de l’hydrogène puis du méthane, mais avec un coût élevé et des installations qui pour le coup sont de véritable « usines à gaz » !

2°) l’utilisation de l’énergie nucléaire produit des déchets radio-actifs très toxiques dont certains ont une durée de vie de l’ordre de 100 000 ans.
Il n’y a pas de solution énergétiquement rentable, qui coûte moins d’énergie que ce que la centrale nucléaire à produite.
(Les surgénérateurs consomment du plutonium, qu’ils fissionnent, mais produisent eux aussi des déchets radio actifs en quantité)

Haizkolari
Haizkolari
il y a 2 années
Répondre  Bertrand

Le développement des énergies renouvelables, et la sobriété énergétique (aller au travail en vélo comme dans les années 1960) sont la seule voie réaliste pour se passer des énergies fossiles importées et assurer notre souveraineté énergétique.

François JACQUEL
François JACQUEL
il y a 2 années
Répondre  Haizkolari

Votre solution cycliste pour se rendre au travail est concevable dans les métropoles si on y habite et on y travaille.
Dans mes montagnes des Préalpes, je vis une retraite heureuse avec 350 mètres de dénivelée pour descendre au bourg. Opéré à cœur ouvert en 2019, expliquez-moi comment remplacer ma voiture par un vélo.
Vous avez une vision très « boboïsée » de la suppression des énergies fossiles.

François JACQUEL
François JACQUEL
il y a 2 années

En résumé, on ne pas dire que ça gaze entre Joe et Vladimir…

toto
toto
il y a 2 années

Poutine a tort de ne pas profiter de cette vague de froid pour couper ne serait-ce que 48 h, les livraisons de gaz, histoire de montrer aux occidentaux (surtout aux Allemands) ce qui pourrait arriver. Comme prétexte: une maintenance préventive de sécurité sur le gazoduc: ce n’est pas un accroc aux contrats, c’est pour éviter une fuite.

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