Après le renoncement du Chili en proie à de graves mouvements sociaux, c’est finalement l’Espagne qui accueillera la COP 25 du 2 au 13 décembre prochain.
Le Bureau de la COP a finalement convenu que la COP25 aurait lieu à l’IFEMA – Feria de Madrid.
C’est là que notre égérie climatique s’est trouvée fort embarrassée.
Greta Thunberg était venue, bien sûr en bateau, en Amérique il y a plus de deux mois.
Arrivée à New York à bord d’un autre voilier pour le sommet de l’ONU sur le climat, fin septembre, Greta Thunberg a contribué à faire monter sur le continent nord-américain la mobilisation des « grèves de l’école » pour le climat, qu’elle avait lancée avec succès en Suède en août 2018. Elle s’est déplacée sur le continent en véhicule électrique, une Tesla mise à disposition par l’ancien acteur et gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger.
Elle n’a pas chômé dénonçant l’inaction des dirigeants mondiaux lors du sommet de l’ONU sur le climat, et participant chaque vendredi à des manifestations de New York à Vancouver, en passant par Washington, Montréal, l’Alberta, l’Iowa, le Dakota du Nord, Los Angeles et Charlotte.
Elle devait être évidemment présente à la COP 25 et elle ne parvenait pas à trouver le moyen de revenir en Europe pour rallier désormais Madrid : l’avion lui étant évidemment interdit pour cause d’empreinte carbone.
Or la géographie est malicieuse et très certainement COP 25ophobe: entre l’Europe et l’Amérique un (forcément mauvais) ange a placé un océan…(En plus les choses s’y aggravent tous les jours à cause de la dérive des continents qui ouvre de plus en plus l’Atlantique…)
Bref, quand on est un bon écolo et qu’on se doit d’oublier le vélo, le train, la marche à pied ou la trottinette, il faut absolument un bateau (parce que la trempette en maillot de bain, ou la pagaie sur un canot, semblent illusoires sur plus de trois mille miles)…
Hélas nous ne sommes plus au temps de Colomb et de Cortez et il n’y a plus de service régulier de galions Espagne – Amérique sur la mer océane…
Damoiselle Greta rongeait donc son frein abandonnée de tous…
Et là le miracle est arrivé !
Nous apprenons grâce au Nouvel Obs que :
« Greta Thunberg a embarqué avec son père, Svante, sur le voilier « La Vagabonde », qui appartient à un jeune couple australien qui y vit avec leur garçon de 11 mois.
La navigatrice britannique Nikki Henderson a rejoint l’équipage pour la traversée.
Le bateau de 14 mètres est parti de Hampton, en Virginie sur la côte Est des Etats-Unis, et prévoit de rejoindre le Portugal, à plus de 5.500 km de distance. La traversée devrait prendre au moins deux semaines, selon Nikki Henderson. »
Ouf on devrait donc pouvoir voir Greta arriver dans les temps!
Parce que Nikki Henderson n’est pas n’importe qui : de son vrai nom Nicola Henderson, née en 1993, c’est une navigatrice professionnelle d’exception. En 2018, à l’âge de 25 ans, elle est devenue le plus jeune skipper de l’histoire à diriger un équipage dans la prestigieuse course britannique de yachts « Clipper Round the World ». Bref c’est une pointure de la voile de renommée mondiale, capable donc effectivement de rallier l’Europe en moins de trois semaines…
Je vois d’ici de mauvais esprits s’écrier que faire venir par avion un skipper pour lui permettre de rallier d’Europe par bateau ne va pas arranger le bilan carbone de l’égérie…
Grave erreur ! Greta est flanquée, comme toujours, de son papa Svante, donc on économise au moins une dépense avion-carbone : une de dépensée skipper-aller pour deux d’économisées Thunberg-retour. Clair non ?
J’en vois d’autres poser des questions insidieuses sur la rémunération de ladite skippeuse ( ?) ou skipprice ( ?) [Pas terrible on prendra donc la responsabilité de garder skipper !]
Bref vous ne pouvez pas savoir comme les gens sont méchants…
Ah, j’allais oublier !…
Vous savez ce qu’est ce fameux bateau « La vagabonde » ?
C’est un catamaran, un yacht de loisir haut de gamme, de 15 m, le modèle « Outremer 45 », véritable ambassadeur de la marque, qui sillonne les mers avec un couple très médiatisé.
Les photos sont parlantes et les commentaires aussi :
« La Barbie Girl et son Ken sont de véritables stars d’Instagram. Des influenceurs professionnels, des voyageurs et de véritables marins dont nous avons fait le portrait dans le numéro de Voile Magazine du mois de décembre.
Il s’agit plus précisément du portrait d’Elayna aux côtés de ceux de dix autres femmes qui influencent le nautisme – skippeuse, architectes, cheffe d’entreprise, designer, etc.
Lisez-le car à y regarder de plus près, la plastique parfaite et l’apparente légèreté d’Elayna Carausu s’avèrent très utiles pour l’industrie nautique française ! »
(Sic !)
Et ce n’est certainement pas une histoire de pur altruisme écologiste militant de la part de Riley Withelum et d’Elayana Carausu, le soit disant « jeune couple australien », comme les appelle si joliment le Nouvel Obs dans son délire lyrique. C’est d’ailleurs ainsi qu’ils se présentent sur leur site:
« Nous sommes Riley et Elayna un couple d’Australiens qui racontons notre voyage, à travers le monde, à la voile, malgré notre manque d’expérience initiale de navigation. Nous avons été entièrement filmés sur Youtube depuis notre départ en 2014.
Nous avons sillonné la Méditerranée, l’Atlantique, la mer des Caraïbes, le Pacifique et nous élevons en même temps notre fils Lenny à bord. »
https://sailing-lavagabonde.com
Et on ne parle pas de tous les comptes Instagram etc. la liste en est impressionnante !
Bon, on a compris que tout cela c’est pour la galerie…
Parce qu’il est évident, ne serait-ce que pour des questions d’assurances et de réglementations qu’il est inimaginable qu’il n’y ait pas à bord quelqu’un ayant les qualifications requises de navigation…
Alors, ou bien au moins Riley Withelum, ou Ehayana Carausu, a effectivement toutes les qualifications nautiques requises, ou bien le navire a un skipper agréé dont on occulte soigneusement la présence aux gogos followers…
Ensuite, on peut se poser la question de savoir si le tandem Riley Withelum / Elayna Carausu est bien le propriétaire dudit yacht, ou si c’est seulement le faire valoir d’une énorme opération de pub de la part du constructeur… C’est évidemment la seconde hypothèse qui est la bonne !
C’est vrai que la photo ci-dessus, qui ouvre le site, presque pas ( !) posée d’ailleurs, n’a pas pu se prendre toute seule, même si le « couple » est assez photogénique…
Vous ne pouvez pas savoir comme les gens sont méchants (bis !)
Car l’affaire est des plus juteuses comme chacun peut le vérifier sur le site : « Sailing la vagabonde » revendique à ce jour 1,172 millions de followers et cela augmente tout le temps !
A 20 $ d’inscription comme c’est noté sur le site, en comptant tout le monde au prix rabais, ce qui n’a évidemment pas été le cas, cela représente déjà en 4 ans plus de 2,3 millions de dollars !
Sans parler des produits complémentaires proposés :
https://www.patreon.com/LaVagabonde
Alors voir aujourd’hui ce bateau remis aux mains d’un skipper d’exception pour faire ramener à travers l’Atlantique une figure médiatique de premier plan en un temps record, cela ne peut qu’accroître la publicité pour la marque (française apparemment d’ailleurs !) et améliorer le score des retombées financières… Tout sauf une coïncidence donc !…
Le donneur d’ordre a saisi l’opportunité… Le site sailing-lavagabonde.com propose d’ailleurs une carte où l’on peut suivre en temps réel la progression du bateau…
Merci Greta !
Nous ne sommes donc pas prêts d’en être débarrassés : c’est l’industrie nautique française de loisir qui nous l’impose maintenant !
Jacques Brel aurait pu le chanter :
« Mes amis ne me laissez pas
Ce soir je repars au combat
Maudite Greta, puisque te v’là »
Claude Timmerman
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !