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Général Paitier : « Nous nous trompons d’ennemi »

Les généraux (2S) de l’Armée Française, les anciens diplomates, les géopoliticiens, les anciens responsables de services de renseignement, dont l’analyse du conflit ukrainien s’oppose à celle des médias mainstream et à celle de l’actuelle équipe gouvernementale néoconservatrice, sont de plus en plus nombreux. Certains se sont déjà exprimés ouvertement, d’autres commencent à le faire pour tenter d’arrêter le désastre tant en Ukraine qu’à Gaza. Le général (2S) Marc Paitier est de ceux là et vient de produire un excellent texte que Stratpol vous propose en exclusivité:

https://stratpol.com/la-guerre-en-ukraine-ou-la-douloureuse-naissance-dun-monde-nouveau/

Nous vous en livrons un extrait (l’article complet est à lire ici : https://stratpol.com/la-guerre-en-ukraine-ou-la-douloureuse-naissance-dun-monde-nouveau/ )

Dans notre relation avec la Russie comme dans bien d’autres domaines, nous n’avons pas de vision à long terme. Nous n’inscrivons pas notre action dans le temps long avec un objectif final recherché. Nous ne faisons pas l’effort de chercher à « comprendre la carte mentale de celui auquel nous sommes confrontés. Nous ne sommes pas capables de rentrer dans son histoire, ses frustrations, ses souffrances35 ».

Plus grave encore, nous nous trompons d’ennemi. « Dans la hiérarchie des menaces auxquelles sont confrontés les Occidentaux – au premier rang d’entre eux les Européens – le totalitarisme islamique arrive en tête, loin devant la question russe, avec la compétition économique et politique avec la Chine. En effet, le totalitarisme islamique menace directement l’Europe en raison de notre proximité avec le Moyen-Orient, de nos liens avec l’Afrique et de l’écho qu’il rencontre dans une partie significative de nos populations36 ». Cette affirmation de François Fillon sonne juste même si on peut déplorer que nous ayons fait de la Russie une menace alors qu’elle aurait dû constituer face à l’islamisme, un allié naturel. On se souvient du soutien spontané de la Russie aux Américains lors des attentats du 11 septembre. La Russie apparaissait alors comme un partenaire de l’Occident dans la lutte contre le terrorisme islamique.

L’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN est porteuse d’un risque majeur en raison de l’article 5 qui stipule que si un pays appartenant à l’organisation est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué. Ainsi, le moindre problème sur la frontière entre la Russie et l’Ukraine pourrait dégénérer en guerre nucléaire. C’est la raison pour laquelle l’Ukraine doit rester neutre et constituer une zone tampon. Ce pays, avant 1991, n’a été indépendant que pendant cinq courtes années de 1917 à 1922. Auparavant, il était partagé entre l’Empire russe et l’empire d’Autriche. L’Ukraine a le droit et le devoir de défendre son indépendance et son originalité mais en tenant compte de son héritage historique. La négociation apparaît comme la seule voie raisonnable. Les conditions sont loin d’être réunies pour y parvenir dans un bref délai. En attendant, le peuple ukrainien continue de souffrir et l’Europe de danser au bord du gouffre.

La guerre en Ukraine est révélatrice du nouveau monde qui est en train de naître. Dans ce monde, l’Europe devra retisser le lien avec la Russie pour assurer sa survie et constituer une véritable force dans la compétition sans merci qui se jouera à l’échelle de la planète. La question est de savoir dans quelle mesure la France y contribuera au regard de ses positions actuelles en rupture avec la tradition d’amitié franco-russe. C’est pourtant une nécessité dictée par l’histoire et la géographie qui pourrait nous réconcilier avec le monde orthodoxe et amener l’Europe occidentale à redécouvrir son caractère chrétien pour faire face aux assauts de l’Islam. Dans les circonstances présentes, un tel objectif peut sembler totalement utopique. Il s’agit d’une espérance que nous pouvons confier dans nos prières à Notre-Dame de Fatima.

Général (2S) Marc Paitier

 

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