Le Général (2S) Antoine MARTINEZ dénonce les déclarations du président de la République sur le conflit entre l’Ukraine et la Russie comme étant un non-sens stratégique et militaire.
Général (2S) Antoine MARTINEZ :
Les déclarations successives du président de la République sur le conflit entre l’Ukraine et la Russie n’ont pas manqué et continuent de provoquer la confusion et l’inquiétude chez les Français mais également chez ses homologues européens ou otaniens du fait de la nature ouvertement belliciste mais contradictoire de ses propos.
En effet, comment peut-il concilier l’objectif fixé « que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre » en n’excluant aucune action, y compris un déploiement de forces militaires en Ukraine, tout en s’interdisant par avance, comme il l’a déclaré, toute initiative d’offensive ou d’escalade, de surcroît au moment où ce pays est en train de perdre pied ? Comprenne qui pourra, mais en matière de stratégie militaire n’est-ce pas un non-sens ? Tant de contradictions et d’inconséquence ont d’ailleurs entraîné une désapprobation d’une grande partie du clan otanien mettant ainsi en évidence la division de ses membres et révélant, de ce fait, les faiblesses de cette alliance avec le risque majeur d’un isolement de la France qui s’autodésigne comme une cible privilégiée. La seule certitude dans ce tumulte c’est que le message du président français a été reçu cinq sur cinq par la Russie qui n’en demandait pas tant. Alors, certes le moment est grave, mais la singularité et la détermination affichée du président de la République procèdent-elles d’un aveuglement ou d’un déni des causes et de l’évolution de cette guerre sur le terrain ou nous plongent-elles dans une pièce de théâtre surjouée à des fins inavouées ?
La France et l’Europe n’étaient pas menacées par la Russie
Dans le premier cas, ce serait dramatique pour la France et l’Europe qui n’étaient pas menacées par la Russie. Cette guerre par procuration provoquée par les Etats-Unis est existentielle pour la Russie et non pas pour la France ou pour l’Europe. Mourir pour l’Ukraine pour des soldats français et mourir pour la Russie dans ce conflit pour des soldats russes ne peut pas relever de la même foi et de la même détermination. Les seconds défendent leur patrie, pas les premiers. C’est une différence énorme.
C’est la raison pour laquelle il est déraisonnable et périlleux de croire que la Russie pourrait perdre cette guerre. De plus, la France n’a pas reçu un mandat de l’OTAN pour un déploiement de forces. Dans ces conditions, si le président de la République reste aujourd’hui dans le même état d’esprit va-t-en-guerre que les journalistes et les experts militaires des plateaux des chaînes d’information en continu qui s’ingénient à présenter des scénarii délirants sur un déploiement de nos forces armées, les Français doivent effectivement s’alarmer.
Les Français sont-ils prêts à accepter de devoir ramener du front des milliers de cercueils à cause d’une guerre qui n’est pas la leur ?
Penser que la France pourrait seule, ou avec d’autres, déployer des forces militaires le long de la frontière biélorusse, ou à l’ouest du Dniepr, ou à Odessa, dans le but de constituer un cordon sanitaire dont la vocation serait de matérialiser une ligne à ne pas franchir par les forces russes, sous peine d’escalade (nucléaire ?), relève de la mythomanie et de la mégalomanie et serait à n’en pas douter une pure folie criminelle pour nos soldats. En effet, l’Ukraine n’est membre ni de l’OTAN ni de l’UE et la Russie, engagée pour ses intérêts vitaux, n’hésitera pas à infliger de lourdes pertes à ce cordon sanitaire considéré inévitablement, par sa seule présence, comme cobelligérant. Les Français sont-ils prêts à accepter de devoir ramener du front des milliers de cercueils à cause d’une guerre qui n’est pas la leur et ce d’autant plus que l’accord qui avait été validé en mars/avril 2022 par la Russie et l’Ukraine a été finalement rejeté par cette dernière sous la pression des Etats-Unis et de l’OTAN ?
Comment réagira le président de la République ? Escalade ou retraite, car le statu quo ne sera pas tenable ? En tout cas, dans l’éventualité d’un déploiement de nos forces sur le front face aux Russes, la déclaration de guerre doit être autorisée par le Parlement (art. 35 de la Constitution). En effet, dans le cas présent – il ne s’agirait pas d’un engagement effectué dans le cadre d’opérations extérieures comme en Afrique, couvertes par des accords de défense, voire exécutées sous l’égide de l’ONU – le président ne peut pas invoquer l’accord de sécurité signé avec le président ukrainien, deux ans après le début du conflit, car il n’a pas été ratifié par les représentants de la nation. Dans le cas contraire la décision d’un tel déploiement serait inconstitutionnelle.
Dans le second cas, ce serait pitoyable et affligeant tant l’opération de diversion de politique intérieure de la part d’un pouvoir politique aux abois est palpable en raison d’une aggravation sans précédent de la situation du pays dans tous les domaines. Le discours guerrier du président, relayé par une crise d’hystérie des médias asservis à la macronie, procèderait ainsi d’une stratégie de la peur et de la menace – déjà exercée cyniquement et efficacement, il faut bien l’admettre, pendant le covid – entretenue en dramatisant les risques d’une extension de la guerre entre l’Ukraine et la Russie à l’Europe tout entière dans le but d’occulter son bilan catastrophique et maintenir le peuple dans la soumission et l’obéissance.
La macronie qui sévit depuis sept ans déjà conduit inéluctablement au déclassement et au délitement de la France qui se tiers-mondise tragiquement. Les trahisons ne se comptent plus. Dans le domaine de la vente du pays à la découpe, Alstom est probablement le cas le plus emblématique car qualifié par certains de scandale d’Etat en raison de l’existence potentielle d’un pacte de corruption. Le rythme s’est cependant accéléré avec 255 entreprises jugées stratégiques qui ont été vendues à des intérêts étrangers, souvent américains, en 2021/2022, ce qui entrave sérieusement notre indépendance et notre souveraineté en voie de transfert vers l’UE ! Un tiers de la dette publique de 3100 Mds € est le fruit du talent de nos Mozart de l’économie depuis 2017. L’accroissement continu du déficit public en 2023 (154 Mds €, soit 5,5 % du PIB) est le signe d’un dérapage incontrôlé des dépenses, sans oublier la balance commerciale en perpétuel déficit depuis 2003 (99,6 Mds € en 2023) et une croissance faible (0,9 %).
La guerre comme moyen de diversion pour Macron
La France se classe ainsi parmi les cancres de l’UE avec de graves conséquences pour les Français qui ne comprennent pas d’être ignorés, oubliés et abandonnés alors que des milliards d’euros sont accordés à l’Ukraine. La France s’effondre sur tous les plans avec des finances exsangues, la fermeture de plus de 57 000 entreprises en 2023, une école malade, un hôpital naufragé, des services publics dégradés, le monde paysan en révolte, un chômage qui remonte, une immigration massive de culture hostile et incompatible qui veut imposer ses mœurs, des femmes voilées qui envahissent l’espace public, une insécurité qui explose et s’impose partout par le couteau ou la kalachnikov, sans oublier les attentats islamistes et la menace qui pèse sur les jeux olympiques, le tout avec une instrumentalisation de nos institutions contre les intérêts des Français. La situation est explosive, la colère monte et le président de la République le sait pertinemment. La radicalisation de son discours à l’égard de la Russie (il y a quelques mois il ne fallait pas l’humilier et à présent il faut tout faire pour la battre) traduit, en réalité, non seulement l’ineptie du « en même temps » en matière de géostratégie et de sécurité au niveau européen mais sa volonté évidente d’utiliser cette guerre comme moyen de diversion sur le plan intérieur pour cacher l’échec terrible de sa politique et bâillonner les Français et pour tenter de fausser la campagne des élections européennes. Y parviendra-t-il ?
Dans les deux cas, que ce soit une fuite en avant dans le déni et l’aveuglement pour engager nos soldats dans ce conflit avec les conséquences dramatiques d’un engrenage incontrôlable ou que ce soit une posture théâtrale de dramatisation dans un but de diversion visant à prévenir tout mouvement de contestation qui pourrait conduire à des troubles graves et menacer le régime, le président et le pouvoir exécutif dans son ensemble ont une lourde responsabilité dans la situation évoquée. Que cette dernière bascule dans la concrétisation de l’une ou l’autre hypothèse avec des conséquences tragiques, le président sera contraint de manger son chapeau et il ne restera alors à nos dirigeants que la honte et au peuple français la souffrance et les larmes. Les Français sont-ils prêts à accepter ce destin funeste ?
Général (2S) Antoine MARTINEZ, le 02 avril 2024
Source : Place d’armes
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