Général Eiland, conseiller du ministre de la Défense d’Israël, Yoav Gallant
Général Eiland, conseiller du ministre de la Défense d’Israël, Yoav Gallant

Tout avait déjà été écrit sur ce que devient Gaza, il y a un an, par le Général Eiland, désormais conseiller du ministre de la Défense d’Israël, Yoav Gallant. Il décrivait sa vision de l’avenir à Gaza dans un magazine britannique : « un immense camp de concentration » sans espoir ni vie.

Le quotidien britannique The Guardian, dans un article de Owen Jones, rappelle que si, à Gaza, « les structures de santé brûlent, la nourriture et l’eau sont bloquées et les drones tirent sur leurs cibles en fuite. Pourtant, nous ne pouvons pas dire que nous n’avons pas été prévenus ». Owen Jones a retrouvé un article d’un journal britannique dans lequel le Général israélien à la retraite, Giora Eiland, détaillait le sort futur de la bande de Gaza qu’il avait décrit en 2004 comme « un immense camp de concentration ».

La bande de Gaza : « un immense camp de concentration »

« Les champs de la mort du nord de Gaza, lit-on dans le Guardian, témoignent d’un crime avoué depuis longtemps. L’État israélien est en train de créer « un désert sans vie » et un « terrain vague inhabitable », affirme Médecins Sans Frontières, « vidant de fait tout le nord de la bande de Gaza de toute vie palestinienne ». Même à l’aune de l’assaut génocidaire mené par Israël depuis un an, les attaques de cet automne contre le nord ont été caractérisées par des niveaux de dépravation choquants. » « Pourtant, continue l’article, il y a près d’un an, ce même résultat était détaillé dans les pages d’un journal britannique apparemment obscur. »

Le journaliste expose ainsi la vision pour Gaza du Général israélien à la retraite, Giora Eiland, il y a un an. Une vision qui devient réalité aujourd’hui :

« Giora Eiland est un général israélien à la retraite qui, selon des câbles diplomatiques américains divulgués par WikiLeaks, a décrit Gaza en 2004 comme « un immense camp de concentration ». Il a été secrétaire du Conseil de sécurité nationale d’Israël et dit maintenant qu’il agit en tant que conseiller du ministre israélien de la Défense Yoav Gallant.

« En octobre dernier, [Eiland] a exposé sa vision de l’avenir de Gaza dans Fathom, le magazine trimestriel du Britain Israel Communications and Research Center, un important groupe de pression britannique pro-israélien. Soutenant le siège total de Gallant contre ce qu’il appelle les « animaux humains », Eiland a écrit qu’Israël doit « empêcher quiconque de fournir une aide réelle à Gaza » et que la population palestinienne doit partir « temporairement ou définitivement ».

Le Général Eiland a écrit qu’Israël doit « empêcher quiconque de fournir une aide réelle à Gaza »

« Aucune subtilité : « Il faut dire aux gens qu’ils ont deux choix », écrit-il : « rester et mourir de faim ou partir ». Et ceux qui n’accueillent pas favorablement ce nettoyage ethnique de masse « mourront de faim, et non à cause des bombes israéliennes, et de soif parce qu’il n’y aura pas d’eau à Gaza ».

« A la même époque, dans sa tribune publiée dans le journal israélien « centriste » Yedioth Ahronoth, il soulignait la nécessité d’interdire l’arrivée de carburant à Gaza, avertissant que cela aurait pour conséquence que les Palestiniens afficheraient au monde « des enfants morts dans les incubateurs en raison de pannes de courant dues au manque de carburant », mais que cela était « nécessaire » dans le cadre d’une « guerre existentielle, et nous sommes confrontés à une situation de nous ou eux ».

« Moins de trois semaines plus tard, des nouveau-nés ont commencé à mourir alors qu’Israël coupait le carburant à l’hôpital al-Shifa, aujourd’hui en grande partie détruit. En novembre 2023, Eiland a critiqué ceux qui déploraient les souffrances des « pauvres femmes de Gaza », affirmant qu’« elles sont toutes des mères, sœurs ou épouses de meurtriers du Hamas » et a exhorté Israël à encourager la propagation des épidémies car cela « rapprochera la victoire et réduira les pertes parmi les soldats de Tsahal ».

Le « plan des généraux » : les civils Palestiniens qui resteront au nord de Gaza seront considérés comme des cibles légitimes

« Plus récemment, Eiland a élaboré ce qu’on appelle le « plan des généraux », qui implique qu’Israël ordonne aux civils d’abandonner le nord de Gaza, qui sera assiégé et déclaré zone militaire fermée : les civils qui y resteront seront considérés comme des cibles légitimes. Eiland s’en est obstinément tenu à son plan, déclarant : « Cela ne signifie pas nécessairement que nous allons tuer tout le monde. Ce ne sera pas nécessaire. Personne ne pourra y vivre. Il n’y aura plus d’eau. » Publiquement, les autorités israéliennes nient que le plan soit mis en œuvre, ce qui était normal car cela reviendrait à admettre de graves crimes de guerre, mais l’un de ses responsables a révélé à l’Associated Press que certains aspects du plan étaient déjà en cours, alors que trois réservistes de l’armée ont déclaré à Haaretz qu’ils pensaient que [le plan] était déjà appliqué dans le nord de Gaza.

« En effet, Israël a empêché la nourriture et d’autres produits essentiels d’atteindre les 400 000 Palestiniens restés au nord de Wadi Gaza. Comme me l’explique Liz Allcock de Medical Aid for Palestiniens, qui est à Gaza depuis des mois, les ordres d’évacuation d’Israël donnent « l’impression que les gens peuvent compter sur un passage sûr, mais il n’y a pas de passage sûr ». Elle souligne que selon une analyse récente, seuls 150 Palestiniens environ se sont déplacés vers le sud ces dernières semaines.

« En effet, un responsable de l’ONU à Gaza m’a raconté que leurs convois ont été la cible de tirs répétés alors qu’ils croisaient sur le bord de la route des Palestiniens abattus, qui n’avaient aucune arme sur eux. En outre, de nombreuses personnes âgées, handicapées ou malades ne survivraient jamais à un tel voyage, quelles que soient les circonstances.

« D’autres sont désormais épuisés par de nombreux déplacements forcés, traumatisés par le meurtre de tant d’êtres chers par Israël. « Ils n’ont pas de vraie vie, ils survivent au jour le jour, et certains préfèrent mourir chez eux plutôt que de déménager à nouveau, car la sécurité n’est garantie nulle part », explique le responsable de l’ONU. « Je parle tous les jours aux gens qui vivent là-bas et ils sont terrifiés ou ont tout simplement renoncé à vivre. »

Les Gazaouis « n’ont pas de vraie vie, ils survivent au jour le jour, et certains préfèrent mourir chez eux plutôt que de déménager à nouveau, car la sécurité n’est garantie nulle part »

« Allcock garantit la véracité de ce qu’elle dit. Nulle part n’est sûr à Gaza et les Palestiniens brisés et désespérés décident de se faire tuer dans le nord « plutôt que d’aller au sud pour vivre dans une tente, creuser un trou pour aller aux toilettes et peut-être se faire tuer de toute façon ». Dans le camp assiégé de Jabalia, 18 000 Palestiniens sont privés d’eau, de nourriture et d’accès aux soins de santé.

« Et puis il y a les « quadricoptères », les drones armés israéliens. Le Dr Nizam Mamode est revenu en septembre après un mois de bénévolat à l’hôpital Nasser et estime qu’environ les deux tiers des victimes qu’il a vues étaient des femmes et des enfants. « C’était continu, jour après jour », dit-il. « Les drones tiraient des projectiles caractéristiques, certains pénétrant dans la poitrine, d’autres dans le dos, tandis que leurs cibles s’enfuyaient. »

« Des ordres de déplacement forcé sont actuellement en vigueur dans 86 % de Gaza et, comme le note le secrétaire général des Nations Unies : « Deux millions de Palestiniens sont désormais entassés dans un espace de la taille de l’aéroport international de Shanghai ». Mais voici le point clé : l’ensemble de Gaza devient inhabitable, comme le souligne un récent rapport des Nations Unies, qui révèle qu’Israël « a appliqué une politique conçue pour détruire le système de santé de Gaza ». L’attaque incessante et délibérée d’Israël contre les établissements de santé a été décrite par les Nations Unies comme « un crime contre l’humanité, un crime d’extermination ». À l’hôpital al-Aqsa, des patients ont été brûlés vifs dans leur lit cette semaine, certains encore attachés à des perfusions, lors d’une attaque à la roquette israélienne.

« Généralement, les États qui commettent des atrocités contre les civils font de grands efforts pour les cacher. L’attaque génocidaire d’Israël est une exception. Rarement une intention meurtrière n’a été déclarée publiquement avec autant d’audace et sans vergogne à autant d’occasions. Chaque jour, le groupe en diminution de journalistes palestiniens survivants documente d’horribles atrocités, tandis que les soldats israéliens les publient sur les réseaux sociaux pour que le public puisse en profiter. Parfois, vous vous êtes peut-être demandé avec inquiétude : comment les grandes horreurs du passé ont-elles été rendues possibles, que ce soit par une complicité active ou par le silence, même par ceux qui se considéraient comme humains, raisonnables, « modérés », alors que l’ampleur du crime semblait si évidente ? Ayant vécu un crime avoué haut et fort dès le premier jour, un crime plus documenté que presque tous les autres, eh bien, maintenant vous le savez. »

Et la mort du chef du Hamas Yahya Sinwar ne semble pas calmer les velléités d’en découdre de Benjamin Netanyahu et de certains de ses généraux. D’en découdre pour préparer la colonisation de Gaza… Gaza connaitra-t-elle le massacre sans fin jusqu’au dernier Palestinien ?

Francesca de Villasmundo

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