L’armée israélienne a libéré quatre otages mais au prix de plus de 250 Palestiniens tués. Le ministre israélien de la Guerre, Benny Gantz, a démissionné du cabinet. Gantz lui-même l’a annoncé dans une déclaration aux médias. Les négociations avec le Hamas dans un cadre américain stagnent.
Les derniers jours ont été cruciaux sur le front de la guerre contre Gaza. Trois jours parmi les massacres les plus meurtriers de la bande de Gaza, qui s’entremêlent aux événements internes du pouvoir israélien et résonnent à travers l’océan.
8 juin : le jour fatidique pour la libération de 4 otages et 1 000 Palestiniens tués ou blessés
Il y a quelques jours, Benny Gantz, chef du parti de l’Unité nationale, a annoncé qu’il démissionnerait du gouvernement le 8 juin si Netanyahu n’acceptait pas les suggestions américaines en faveur d’une trêve durable avec le Hamas en échange de la libération des otages et de la perspective d’une période d’après-guerre qui exclut l’occupation de la bande de Gaza par Tel Aviv. Des suggestions condensées dans le « plan Biden », identifié comme le « plan israélien », annoncé le 31 mai.
Mais le 8 juin, rebondissement : Israël parvient à remporter son plus grand succès depuis le début de la guerre, en parvenant même à libérer quatre otages, alors que jusqu’à présent, il n’avait malheureusement ramené que des cadavres dans son pays.
Un succès qui a contredit de manière sensationnelle les objections de Gantz et a relancé avec force Netanyahu, qui a su brandir devant le monde l’efficacité de sa ligne de guerre capable de rendre aux prisonniers la liberté jusqu’alors niée par les faits.
Mai pour libérer ces quatre otages, environ 1 000 Palestiniens ont été tués ou blessés : 274 morts et 698 blessés, dont beaucoup d’enfants, et plusieurs de ces blessés périront en raison du manque d’installations sanitaires dans la bande de Gaza. Des dommages collatéraux comme les appelle Netanyahu…
9 juin : Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, a démissionné en raison de différends avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu
L’opération de libération, dans laquelle cependant trois autres otages seraient mort, d’après les déclarations du Hamas reprises par le New York Times, a retardé d’un jour la démission de Benny Gantz et de certains membres de son parti.
Dans la soirée du 9 juin, Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, a donc démissionné en raison de différends avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu sur la conduite de la guerre dans la bande de Gaza.
Le Jerusalem Post écrit. « Je quitte le gouvernement national d’urgence le cœur lourd mais sans regrets. Nous ne gagnerons pas cette guerre comme nous l’avions prévu ». « Netanyahu nous empêche d’avancer vers une véritable victoire », a déclaré l’ancien général dans un discours télévisé a-t-il, « les décisions stratégiques se heurtent à des atermoiements et à des hésitations dues à des considérations politiques ». Le président américain Joe Biden a exprimé des préoccupations similaires, affirmant que beaucoup pensaient que Netanyahu prolongeait la guerre à Gaza pour sa propre survie politique.
« Après le 7 octobre, comme l’ont fait des centaines de milliers de patriotes israéliens, nous nous sommes rendus disponibles. Nous l’avons fait même si nous savions que le gouvernement était mauvais. Nous l’avons fait précisément parce que nous savions que c’était un mauvais gouvernement », a poursuivi Gantz. « Nous avons formé un gouvernement d’urgence pour un partenariat fatidique, pas pour un partenariat politique. Des mois après la catastrophe d’octobre, la situation dans le pays a changé », a déclaré Gantz, qui avait demandé à Netanyahu, sans l’obtenir, un plan pour la fin de la guerre à Gaza et l’avenir de la bande de Gaza ainsi que des négociations pour libérer les otages, lui lançant ainsi un ultimatum. Bien que Gantz ait appelé Netanyahu à convoquer des élections anticipées, il est peu probable que sa démission provoque un bouleversement politique majeur à court terme.
Des négociations avec le Hamas selon un plan américain au cœur des différends
L’ancien chef d’état-major de l’armée israélienne était considéré comme un modéré au sein du cabinet de guerre dirigé par Netanyahu. Immédiatement après l’annonce de la démission de Gantz, le ministre Itamar Ben-Gvir, du parti ultra-orthodoxe le plus extrémiste a demandé à rejoindre le cabinet de guerre, et a publié une déclaration dans laquelle il a réitéré que la seule manière de libérer les otages était la pression militaire. Il appartient aux alliés d’extrême droite de Netanyahu qui ont menacé de quitter le gouvernement si un accord était conclu avec le Hamas.
Pourtant, même les Etats-Unis, l’allié dont Israël ne peut se passer, demandent des négociations avec le Hamas pour libérer les otages. Un récent éditorial du Washington Post titre : « Quatre otages israéliens sont enfin libres. Il est désormais nécessaire que les pourparlers de paix s’enracinent. »
Dans ce contexte, la démission de Gantz pourrait marquer un tournant dans la politique israélienne, avec des répercussions potentielles tant au niveau national qu’international. En attendant la feuille de route pour un cessez-le-feu en trois phases présentée le 31 mai par les Etats-Unis n’a pas été formellement approuvée par le Premier ministre israélien même s’il a réaffirmé son engagement envers la proposition. Le Hamas, de son côté, a dit accueillir « favorablement » un certain nombre de points contenus dans cette résolution et a assuré de sa volonté de « coopérer avec les frères médiateurs pour entamer des négociations indirectes concernant la mise en œuvre de ces principes ».
Francesca de Villasmundo
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