Au moins 11 078 Palestiniens ont été tués dans les attaques israéliennes sur Gaza depuis le 7 octobre. En Israël, le bilan s’élève à plus de 1 400 morts. Les pertes civiles en un mois à Gaza dépassent celles de la longue guerre en Ukraine de presque deux ans. Les bombardements israéliens incessants ont endommagé plus de 50 pour cent des logements à travers Gaza, selon les responsables.
Ce conflit est le plus meurtrier jamais vu pour les travailleurs de l’ONU
« La mort de dizaines de travailleurs humanitaires lors des frappes aériennes sur Gaza au cours du mois dernier a fait de ce conflit le plus meurtrier jamais vu pour les travailleurs de l’ONU. » « Au moins 88 personnes travaillant pour l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, ont été tuées depuis le 7 octobre. Quarante-sept de ses bâtiments ont été endommagés. » Toujours selon les Nations Unies, « au moins 150 agents de santé – dont 16 en service – et 18 agents des services d’urgence de la protection civile de Gaza ont été tués à Gaza. Plus de 100 établissements de santé ont été endommagés. »
En outre, « un tiers de tous les bâtiments du nord de Gaza ont été endommagés ou détruits, selon une analyse d’images satellite du New York Times, mais les bombes n’ont évidemment pas épargné le Sud, comme le révèlent les satellites susmentionnés.
Et si jusqu’à présent, les Occidentaux avaient tenté de réduire le bilan tragique, ils ne peuvent plus le sous-estimer : au moins 11 078 Palestiniens ont été tués dans les attaques israéliennes sur Gaza depuis le 7 octobre mais ce nombre croissant de victimes civiles sera bien plus élevé que celui rapporté publiquement.
Les bombes larguées par Israël sur Gaza dépassent en puissance la bombe nucléaire avec laquelle les États-Unis ont frappé Hiroshima pendant la Seconde Guerre mondiale
Le bureau humanitaire de l’ONU a publié une déclaration affirmant que s’il y a un enfer sur Terre, c’est bien le nord de Gaza.
« L’ampleur des bombardements israéliens, soulignait The Cradle le 6 novembre dernier, est similaire aux campagnes aériennes de Washington au Vietnam, en Corée et au Cambodge et aux premiers jours de l’invasion « Choc et crainte » de l’Irak. Ce niveau de bombardements destructeurs est historiquement sans précédent car ils sont concentrés dans une zone géographique de seulement 365 kilomètres carrés.
« Pour décrire la situation plus précisément, les bombes larguées par Israël sur la bande de Gaza dépassent en puissance la bombe nucléaire avec laquelle les États-Unis ont frappé la ville japonaise d’Hiroshima pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces dernières semaines, Gaza a subi le poids de 25 000 tonnes d’explosifs, contre 15 000 tonnes de la bombe d’Hiroshima, selon l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme. Plus de 10 000 civils – dont 4 000 enfants – ont été tués par les tirs aveugles d’Israël. 2 200 autres Palestiniens sont portés disparus sous les décombres, dont la moitié sont des enfants. ».
Le massacre en cours à Gaza, la catastrophique situation humanitaire et sanitaire qui en découle, inutile de dire que l’eau, le carburant et la nourriture manquent, même les boulangeries ont été bombardées, les hôpitaux au bord de l’effondrement, choquent le monde, et il devient de plus en plus difficile pour les dirigeants occidentaux de légitimer ce qui se passe avec le droit à la défense d’Israël. Même chez le plus puissant allié de l’Etat hébreu, les Etats-Unis, des voix dans l’administration Biden se font entendre pour condamner « cette réponse excessive, disproportionnée et aussi peu intelligente puisqu’elle a enterré la vague de solidarité mondiale suscitée par l’attaque du Hamas et son image internationale sous les décombres de Gaza » analyse en substance le Washington Post.
La riposte d’Israël menée sur la bande de Gaza depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier n’est « ni ciblée, ni proportionnée ». Un cessez-le-feu est urgent
Il est urgent de parvenir à un cessez-le-feu prolongé, qui puisse faciliter la libération des otages et jeter les bases d’une fin du conflit. Il y a des résistances sur ce point, notamment de la part de Nétanyahou (qui sait bien qu’à la fin de la guerre il risque sa peau). Mais « si Netanyahu continue de résister, d’autres membres de son cabinet de guerre ou de sa coalition au pouvoir pourraient être persuadés [de prendre une telle mesure], même si cela implique de le remplacer en faveur d’une direction nouvelle ou intérimaire avec l’approbation de la Knesset », lit-on dans un éditorial du 7 novembre du quotidien israélien Haaretz contre le Premier ministre, à qui il a conseillé : « Va-t’en ».
Du même ton est l’entretien sur Franceinfo de l’ancien Premier ministre et ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin. La riposte d’Israël menée sur la bande de Gaza depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier n’est « ni ciblée, ni proportionnée », juge Villepin.
« Il s’agit essentiellement d’une politique de revanche de la part du gouvernement Netanyahou. Israël a le droit de se défendre, mais la légitime défense ne lui donne pas le droit de tuer sans discernement des populations civiles. »
« Lorsque vous ciblez une ambulance, vous pouvez toujours imaginer qu’il y avait un terroriste dans l’une des ambulances, ou non. Mais le résultat, c’est qu’il y a des enfants, des femmes qui meurent. Chaque enfant, chaque femme tuée est un terroriste supplémentaire. En ce qui concerne l’objectif d’Israël, ce qu’Israël obtient est exactement le contraire de ce qu’il veut. Il est donc aujourd’hui indispensable de changer cette logique et de revenir à une stratégie solide. »
Washington et l’administration Biden pourraient en effet perdre la face si le massacre des Gazaouis continue
Même, le milliardaire Elon Musk, interrogé hier sur un podcast étatsunien, pense ainsi : plus il y aura de morts dans Gaza, plus le Hamas en sortira renforcer, plus les Palestiniens qui auront perdu des membres de leur famille vont détester Israël :
« Pour chaque membre du Hamas tué, combien en avez-vous créé ? Et si vous créez plus que vous n’en avez tué, vous n’avez pas réussi. C’est là la situation réelle là-bas. »
N’y aurait-il que les politiciens occidentaux pour être aveugles à ce point-là et ne pas comprendre qu’un cessez-le-feu et des négociations pour trouver une solution politique à un conflit meurtrier qui dure depuis plus d’un siècle sont la seule sortie possible ?
Tout doit être fait pour obtenir la libération des otages mais « l’armée israélienne a peu de temps pour achever ses opérations à Gaza avant que la colère des Arabes de la région et la frustration des Etats-Unis et d’autres pays face au nombre croissant de victimes civiles ne mettent une limite à l’objectif d’Israël d’éradiquer le Hamas », ont ainsi fini par admettre des responsables américains cette semaine, reprit par le New York Times.
Aussi tandis que Tsahal dit que la guerre durera des mois, des Etats-Unis arrivent des signaux que cela ne peut plus durer que quelques semaines. Washington et l’administration Biden pourraient en effet perdre la face si le massacre des Gazaouis continue, et Israël le soutien de l’opinion occidental qui s’amenuise proportionnellement à l’augmentation du nombre des morts, et d’enfants et femmes notemment, à Gaza.
Francesca de Villasmundo
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