En attendant l’opération terrestre annoncée à plusieurs reprises, les militaires israéliens ont mené hier soir une attaque sur Rafah dans le but de frapper les factions palestiniennes. Le bilan est de 22 victimes civiles, dont un nouveau-né.
La cible des raids sur Rafah
Le bilan des raids aériens israéliens sur Rafah la nuit dernière, dans le sud de la bande de Gaza, s’élève à 22 morts. Parmi les victimes se trouvaient cinq enfants, dont le plus jeune n’avait que cinq jours, selon les responsables palestiniens de la santé. Trois maisons auraient été touchées lors des attaques : dans la première, il y aurait eu onze victimes, selon les registres de l’hôpital Abu Yousef al-Najjar, où les corps ont été transportés. Dans la seconde, huit personnes ont été tuées, dont un père de 33 ans et son fils de cinq jours, selon les registres de l’hôpital. Lors de la troisième maison touchée, trois frères sont morts. La nouvelle a été confirmée par un journaliste d’Associated Press qui a vu les corps à l’hôpital après l’attaque.
Les raids aériens menés cette nuit par des militaires israéliens sur certaines maisons privées de Rafah visaient à toucher des cibles des factions palestiniennes en vue de l’offensive terrestre imminente dans la région. L’offensive, annoncée depuis un certain temps mais toujours reportée, serait de plus en plus proche, comme le démontrent les nouveaux plans de guerre approuvés hier par l’armée de Tel-Aviv pour la « poursuite de la guerre ».
Pour le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, l’attaque de Rafah n’est qu’une question de jours et c’est pour cette raison qu’il a exhorté les États-Unis à intervenir, les considérant comme les seuls capables d’empêcher l’opération. « Ils nous ont assuré qu’ils n’iront pas à Rafah tant que nous n’aurons pas eu l’occasion de réellement partager nos points de vue et nos préoccupations avec eux », a assuré le porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby.
Abu Mazen, le président palestinien, a déclaré : « Seuls les Américains peuvent les arrêter. »
Mais la poursuite des opérations dépend en partie des négociations menées par l’Egypte : même le ministre israélien de la Guerre, Benny Gantz, a évoqué la possibilité d’un accord Israël-Hamas, réitérant que la sécurité des otages israéliens est primordiale pour toute opération militaire sur le terrain. En fait, une délégation du groupe palestinien est attendue aujourd’hui au Caire pour discuter de la proposition israélienne et donner une réponse qui pourrait déterminer le sort du raid auquel l’État juif se prépare depuis des semaines.
Hier encore, nouveau contact téléphonique entre le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, « réitérant sa position claire » concernant la probable offensive des forces de défense israéliennes sur Rafah. Biden s’est également entretenu avec Netanyahu du sort des otages israéliens toujours détenus et de la possibilité d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Ces dernières semaines, Washington a averti à plusieurs reprises qu’il ne soutiendrait pas une opération militaire israélienne contre Rafah en l’absence de plans crédibles d’évacuation et d’assistance humanitaire aux civils palestiniens. Le porte-parole du Conseil de sécurité de la Maison Blanche, John Kirby, a déclaré qu’Israël avait accepté d’écouter les préoccupations et les opinions de Washington avant de procéder à l’invasion.
L’appel téléphonique Biden-Netanyahu : il n’y aura pas de soutien américain dans l’invasion de Rafah
Dans une note de Pennsylvania Avenue, Biden a également réaffirmé son ferme engagement envers la sécurité d’Israël après la défense ‘réussie’ contre l’attaque sans précédent de missiles et de drones de l’Iran au début du mois lancée en rétorsion pour la destruction du consulat iranien en Syrie advenu quelques jours auparavant. Joe Biden a également fait le point sur les pourparlers en cours pour obtenir la libération des otages et un cessez-le-feu immédiat à Gaza.
Biden a également « fait référence à sa déclaration, avec 17 autres dirigeants mondiaux, dans laquelle il a demandé au Hamas de libérer ses citoyens sans délai pour garantir un cessez-le-feu et un secours à la population de Gaza. Le président et le Premier ministre ont également discuté de l’augmentation de l’aide humanitaire ».
L’Egypte et la Jordanie contre l’offensive sur Rafah, et la visite de Blinken au Moyen-Orient
Alors que les négociations se poursuivent, l’Égypte et la Jordanie ont toutes deux demandé à Israël d’éviter absolument une attaque sur Rafah, qui provoquerait un désastre humanitaire. La chaleur approche et aggrave déjà considérablement les conditions sanitaires ici et dans la bande de Gaza. Ils en ont parlé devant le Forum économique mondial extraordinaire qui se tient à Riyad. « Nous devons faire de notre mieux pour l’éviter. Toute attaque contre Rafah provoquerait des catastrophes et des déplacements de Palestiniens », a déclaré le Premier ministre égyptien Mustafa Madbouly, soulevant la première préoccupation de l’Égypte selon laquelle des milliers de personnes déplacées pourraient entrer dans le pays.
Le Premier ministre jordanien Bashar al-Hasawneh a également ajouté qu’ « une opération à Rafah serait un désastre et que le monde doit s’unir pour parvenir à un cessez-le-feu et garantir que l’aide parvienne à Gaza ».
Le secrétaire d’État américain Anthony Blinken est attendu aujourd’hui dans la région, arrivé à Riyad au début d’une nouvelle tournée dans au Moyen-Orient. Le nouveau voyage dans la région vise à promouvoir une trêve entre Israël et le Hamas, un accord sur les otages et une augmentation de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.
Selon ce qui a été annoncé par le Département d’État américain, Blinken, qui se rendra ensuite en Jordanie et en Israël, rencontrera dans la capitale saoudienne les ministres des Affaires étrangères arabes et européens du Golfe en visite au « lendemain » des plans de reconstruction de Gaza d’après-guerre.
Pendant ce temps-là à Gaza, c’est la guerre, le massacre, sans fin… A tel point qu’il se dit que la Cour pénale internationale de La Haye (CPI) délivrera la semaine prochaine des mandats d’arrêt internationaux contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Yoav Galant et le chef d’état-major Herzi Halevi.
Francesca de Villasmundo
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