Le pape François a annoncé dimanche dernier la convocation pour octobre 2019 d’un futur synode spécial pour l’Amazonie :
« J’ai accueilli le désir de plusieurs conférences épiscopales de l’Amérique latine, ainsi que la parole de nombreux pasteurs et fidèles d’autres régions du monde, et j’ai décidé de convoquer une Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour la région de l’Amazonie. »
L’objectif sera
« de trouver de nouvelles voies pour l’évangélisation de cette portion du Peuple de Dieu, spécialement les indigènes, souvent oubliés et sans perspectives d’un avenir serein, aussi à cause de la crise de la forêt Amazonienne, poumon d’importance capitale pour notre planète ».
Le pape François en appelant à ce synode pan-amazonien compte-il ouvrir par ce biais la porte à la réforme du célibat sacerdotal ? C’est la question que se posent depuis dimanche de nombreux vaticanistes et de simples fidèles catholiques, conscients que ce pape a déjà fait de multiples gestes dans cette direction, l’un d’eux ayant été d’aller à la rencontre de prêtres mariés.
L’Amazonie par son manque criant de prêtres pourrait bien devenir la première région où expérimenter l’ordination d’hommes mariés. La région brésilienne amazonienne, par exemple, subi de plein fouet la crise universelle des vocations : elle a 27 prêtres pour 700 000 fidèles et 800 communautés. La solution selon le pontife argentin à laquelle il a déjà réfléchi pourrait être donc d’ouvrir la prêtrise à des hommes à la foi reconnue mais mariés, les viri probati. Déjà le 9 mars dernier il avait évoqué cette possibilité dans un entretien accordé à l’hebdomadaire allemand Die Zeit, daté du 9 mars 2017 : « Nous devons réfléchir, disait-il, pour savoir si les viri probati sont une possibilité. Ensuite, nous devons aussi déterminer quel rôle ils peuvent jouer, notamment dans les communautés éloignées. » Il avait ajouté sa phrase providentialiste habituelle sur l’Esprit qui souffle et qu’il faut savoir écouter, caution de ses innovations révolutionnaires : « L’Église doit savoir discerner quand le Saint-Esprit appelle à quelque chose. » Et ainsi il avait mis en parallèle « la crise des vocations sacerdotales [qui] représente un problème énorme… » et « le célibat [qui] n’est pas un dogme de foi, c’est une règle de vie, un don pour l’Église ». Et donc avait-t-il conclu : « Puisque ce n’est pas un dogme de foi, la porte est toujours ouverte ».
Or, si le célibat sacerdotal n’est pas un dogme il est une pratique « qui possède des liens profonds avec la Révélation elle-même » peut-on lire dans une remarquable étude sur le sujet parue dans La Lettre à nos frères prêtres, n°58-59. L’auteur fait une autre remarque pertinente :
« Lorsqu’on s’appuie sur la crise des vocations pour attaquer le célibat sacerdotal, on omet de souligner que les communautés ecclésiales qui admettent le mariage de leurs prêtres ou de leurs pasteurs connaissent les mêmes difficultés de recrutement que l’Église catholique de rite latin : tels l’orthodoxie, le protestantisme et l’anglicanisme. Le mariage des prêtres n’est donc pas une mesure spécialement efficace pour enrayer la chute des vocations. C’est plutôt l’affaiblissement de l’esprit de foi, la destruction de la famille chrétienne, le développement du matérialisme, les scandales énormes causés par certains prêtres, la ruine de la sainte messe par la réforme liturgique, etc., qui sont les causes réelles de la chute des vocations. Le don total à Dieu signifié par le célibat consacré est, au contraire, une lumière qui guide les âmes généreuses vers le ministère sacerdotal et l’une des principales sources de vocation. »
La preuve est ainsi faite qu’attaquer le célibat sacerdotal pour remédier à la crise des vocations est un leurre qui servira en revanche à abolir, selon le souhait des progressistes et modernistes romains, une règle disciplinaire traditionnelle, « archaïque » comme l’a défini un jour El papa argentin.
A cette crise universelle des vocations, Jorge Maria Bergoglio, en parfait adepte de la praxis pour faire avancer les changements, pourrait donc répondre en changeant dans la pratique la règle du célibat consacré et ainsi apporter une nouvelle pierre à sa révolution doctrinale ! Et cette nouvelle réforme révolutionnaire pourrait parvenir d’Amazonie, en 2019…
Francesca de Villasmundo
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