Un peu par hasard, je viens de découvrir ce matin que le Japon a été choisi pour organiser à la fois, la Coupe du monde de rugby de 2019 et les Jeux Olympiques d’été de 2020. Je suis un peu effaré.

Etant donné l’état toujours non maîtrisé de la catastrophe de Fukushima, on peut se demander si c’est vraiment raisonnable de faire venir des sportifs et des spectateurs du monde entier dans un pays, le Japon, qui est en train de devenir une espèce de poubelle radioactive à ciel ouvert.

Dans un article précédent, nous avons mentionné la mort de plusieurs lions dans un zoo, pourtant situé loin de Fukushima, suite à des cancers de la thyroïde manifestement liés à la radioactivité, et aussi des problèmes de kystes et de tumeurs sur la thyroïde de plusieurs centaines d’enfants dans la province d’Ibaraki, située entre Tokyo et Fukushima, une zone qui a été contaminée par le nuage radioactif dégagé par les réacteurs explosés en mars 2011. Si le gouvernement japonais est dans le déni de la réalité, et si les dirigeants sont prêts à jouer avec la santé de leur population, à la limite, cela ne nous regarde pas directement, même si on peut s’en indigner. Mais qu’en est-il de manifestations internationales ? Va-t-on se rendre complice de ce déni, en prenant des risques avec la vie de nos sportifs ?

Nous avions indiqué que le niveau de contamination radioactive autour de Fukushima paraissait excessivement élevé, et largement au-delà des limites qui paraissaient acceptables pour des enfants. Sans surprise, de nouvelles enquêtes épidémiologiques montrent que le taux de *cancer* de la thyroïde commence à augmenter de façon considérable dans la zone autour de Fukushima. 370 000 enfants dans la province de Fukushima font l’objet d’un suivi médical depuis 2011. En date du mois d’août 2015, 137 cas de cancer de la thyroïde ont été détectés sur ces enfants, en augmentation de 25 cas par rapport à 2014. Cela représente donc 370 cas par million, alors que le taux « normal » de cancer de la thyroïde chez les enfants est de l’ordre de 1 à 2 cas par million. Par ailleurs, il faut noter qu’on parle ici carrément de cancer, c’est-à-dire de la pathologie la plus grave.

De façon assez lénifiante, l’article traduit en français suggère que ce serait 20 à 50 fois plus que la normale, mais les chiffres fournis indiquent que le taux est 370 fois supérieur à la normale : 137 divisé par 0,370 000 donne le taux par million. Il faudrait peut-être que les journalistes apprennent à faire des divisions. Le taux est 370 fois supérieur à la normale en août 2015, il était 303 fois supérieur en 2014. Quel sera le taux en 2019 et 2020 ? On sera proche de 700 ou 1000 fois le taux normal ?

Concernant la Coupe du monde de rugby, on peut noter que l’un des stades pressentis est situé à Kamaishi, à côté de la zone la plus contaminée de la province d’Iwate. Une pure aberration. Qui va oser cautionner ce genre de choses ? Le même problème se pose pour le stade de Kumagaya, qui jouxte la province contaminée d’Ibaraki.

D’autre part, il est tout à fait clair que la situation concrète autour de la centrale endommagée n’est toujours pas sous contrôle. Le plan plus ou moins « futuriste » envisagé par les Japonais envisage de créer autour de la centrale une sorte de barrière réfrigérante, enfoncée dans le sol sur une profondeur d’environ 30 mètres et encerclant un périmètre d’environ 1,5 km.

Le plan est présenté comme un moyen d’isoler ce périmètre à la fois de l’eau de mer et des eaux de ruissellement qui viennent des collines environnantes. Une fois en place, cette barrière réfrigérante maintiendra une température de -30°C dans la zone.

Si on lit le plan entre les lignes, il y a de bons et de mauvais côtés.

Concrètement, étant donné que le coeur des réacteurs a fondu et se trouve plus ou moins répandu de façon anarchique dans les sous-sols des bâtiments voire dans le sol lui-même, le périmètre réfrigéré servira à refroidir toute cette matière radioactive qui est hors de contrôle. En pratique, ce plan est le seul moyen d’essayer de reprendre en main la situation et de calmer la radioactivité, qui est sortie des enceintes de confinement. Ce plan revient à transformer la zone elle-même en une sorte d’immense piscine, servant à refroidir les matériaux radioactifs.

L’article nous apprend aussi que, chaque jour, environ 300 tonnes d’eau ruisselle des collines à travers la centrale, un chiffre très élevé. L’article essaye de nous faire croire que ces énormes volumes d’eau seraient stockés sur place. Cela paraît totalement farfelu et impossible.

Concrètement, cela oblige donc à conclure que, depuis l’accident en mars 2011, 300 tonnes d’eau plus ou moins contaminée traversent la zone contaminée et se déversent dans l’océan. Le moins qu’on puisse dire est que cette information n’est pas spécialement rassurante. 

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